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Le premier ministre s’est exprimé hier devant les acteurs du monde maritime, réunis à Nantes dans le cadre des 10ème Assises de l’Economie de la Mer. Une venue qui visait, selon Manuel Valls, à «  réaffirmer l’ambition maritime de la France » afin que celle-ci soit « présente au grand rendez-vous de la croissance bleue ». Pour le chef du gouvernement, « l’ambition maritime de la France est notre avenir. La France doit non seulement conserver son rang, mais aussi affermir ses positions ». Et de souligner la « force économique » que représente le secteur, souvent méconnu ou sous-estimé dans un pays encore très terrien malgré la présence, en son sein, d’un écosystème maritime majeur comprenant notamment des pépites technologiques et des fleurons à dimension mondiale. Pour s’en convaincre,  Francis Vallat, président du Cluster Maritime Français, avait juste avant l’intervention de Manuel Valls rappelé quelques chiffres : 300.000 emplois directs hors industries portuaires et tourisme, soit plus que la filière automobile, et des exportations à hauteur de 69 milliards d’euros, ce qui représente le double de l’industrie spatiale.

 

« Il n’y a pas de grande nation maritime sans marine marchande »

 

Manuel Valls aurait pu, comme le font souvent les politiques, commercer son intervention avec l’industrie, d’autant qu’il avait quelques heures plus tôt inauguré la nouvelle usine d’éoliennes construite par Alstom près de Saint-Nazaire. Mais non, il a d’abord, et longuement, choisi de mettre en avant le commerce maritime, rappelant qu’ « il n’y a pas de grande nation maritime sans marine marchande ». Indiquant qu’il fallait conforter le secteur en levant « les blocages qui entravent (son) développement », le premier ministre a rappelé qu’il venait de signer les décrets d’application de la loi autorisant les armateurs à embarquer sur les navires sous pavillon français des équipes de protection privées afin de se prémunir contre la piraterie. Il a, de plus, annoncé que la réforme de la loi de 92, qui réserve une partie du transport de pétrole brut au pavillon national et va être étendue au transport de produits raffinés, « entrera en vigueur à l’été 2015 ».

Alors que les travaux se poursuivent pour solutionner la problématique de la taxe au tonnage et que le premier ministre a assuré que la simplification des démarches administratives allait se poursuivre, par exemple sur le rôle d’équipage, le gouvernement devrait accéder à la demande des armateurs de revenir à la non-taxation des plus-values sur la cession des navires. Manuel Valls a, en outre, rappelé que l’Etat soutient la transition énergétique afin de réduire l’impact environnemental de la flotte. A ce titre, l’ADEME a notamment lancé, en mars dernier, un appel à projet permettant de développer des ferries propres, avec à la clé une aide à l’investissement de 80 millions d’euros.

Evoquant brièvement la situation « critique » de la SNCM et son dépôt de bilan, « aboutissement malheureux mais inéluctable » selon lui, le premier ministre a souhaité que soient préservés « un maximum d’emplois ». Une partie de son discours perturbée par l’intervention d’un participant à l’accent du sud, probablement un syndicaliste de la compagnie marseillaise, manifestement très remonté contre la position de l’Etat dans ce dossier.

 

Ports : investissements et fiscalité

 

Concernant les places portuaires, alors que les Grands Ports Maritimes vont bénéficier, dans le cadre des nouveaux contrats de plans, d’1 milliard d’euros d’investissements (dont un tiers à la charge de l’Etat), Manuel Valls est revenu sur la fiscalité des ports. Et plus particulièrement sur la taxe foncière, dont les établissements étaient exonérés depuis une loi de 1942, récemment remise en cause par le Conseil d’Etat. « Le gouvernement fera des propositions pour ne pas pénaliser l’activité économique des ports », promet le premier ministre, qui confirme, également, qu’une stratégie portuaire pour l’Outre-mer « sera finalisée à la fin de l’année ». Il s’est, par ailleurs, dit mobilisé sur la question des autoroutes maritimes « pour pérenniser ces services et en lancer de nouveaux ».

 

Annonces dans le domaine des énergies marines

 

Bien entendu, Manuel Valls a également insisté sur le développement des énergies marines. Rappelant l’aventure de l’usine marémotrice de la Rance, le premier ministre, qui veut que « la France retrouve l’ambition et l’audace », a cité en exemple le projet NEMO (DCNS et Akuo Energy) de centrale utilisant l’énergie thermique des mers en Martinique, celui visant à assurer un système de climatisation à l’eau de mer porté par GDF Suez ainsi que l’émergence d’une filière française consacrée à l’hydrolien. A ce titre, Manuel Valls a annoncé que le dossier d’Alstom et GDF Suez avait été retenu pour le site pilote du Fromveur (Finistère) et celui d’EDF EN et DCNS pour celui du raz-Blanchard (Cotentin). Quant aux candidats malheureux de l’appel à manifestation d’intérêt, il a été demandé au Commissariat général à l’investissement d’identifier les technologies les plus intéressantes « pour les soutenir autrement ».

Autre annonce, cette fois dans le domaine de l’éolien  flottant : un AMI sera lancé en juin 2015 et doté d’une enveloppe de 150 millions d’euros.

Pour ce qui est de l’éolien posé, après les deux premiers appels d’offres, qui représenteront une puissance cumulée de 3 GW, soit l’équivalent de deux EPR, un troisième marché devrait être lancé en 2015, sachant que des projets d’éoliennes flottantes pourraient y être intégrés.

 

Attribuer rapidement un permis minier à Wallis et Futuna

 

Les travaux sont en cours concernant l’exploration et l’exploitation des grands fonds marins. « L’Etat prépare une exploitation de notre plateau continental à Wallis et Futuna, un permis minier devrait pouvoir être attribué rapidement », a dit le premier ministre, qui n’a toutefois pas évoqué un éventuel engagement financier public, demandé par les industriels.

 

« La France est une grande puissance maritime »

 

La puissance navale française n’a pas été oubliée par Manuel Valls, qui a souligné à plusieurs reprises l’importance de la Marine nationale. « La France est une grande puissance maritime, sa marine rayonne sur toutes les mers du globe », a-t-il déclaré, estimant que l’action de la flotte française répondait à « un enjeu majeur en termes de souveraineté, de protection de nos espaces maritimes et de nos approvisionnements ». Pas d’annonce malheureusement quant au renforcement, nécessaire, des moyens navals, notamment outre-mer, si ce n’est la confirmation que la commande des deux patrouilleurs légers guyanais serait bien notifiée avant la fin de l’année.

 

Débat parlementaire et CIMER en 2015

 

Enfin, le chef du gouvernement a entériné la tenue, en 2015, d’un débat parlementaire sur la politique maritime de la France, qui sera suivi d’un Comité interministériel de la Mer. 

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