Euromaritime ouvre ses portes demain, à Paris, au parc des expositions de la porte de Versailles. Pour sa deuxième édition, ce salon professionnel dédié à l’économie maritime et complété cette année par la secteur fluvial avec Eurowaterways attend des milliers de visiteurs. Pendant trois jours, ils iront à la rencontre de centaines d’exposants et assisteront à de nombreux workshops, conférences et rendez-vous d’affaires.
A la veille de l’ouverture d'Euromaritime et Eurowaterways, nous faisons le point avec Philippe Fourrier, commissaire général su salon.
MER ET MARINE : Euromaritime, qui a vu le jour en 2013, en est donc à sa deuxième édition. Cet évènement, organisé par le GICAN et Le Marin, en partenariat avec le Cluster Maritime Français et l’European Network of Maritime Clusters, connait manifestement un beau succès ?
PHILIPPE FOURRIER : Les chiffres parlent d’eux-mêmes puisque nous sommes passés de 180 à plus de 300 exposants. C’est une augmentation très importante avec une belle progression des entreprises étrangères et de leurs filiales françaises, qui constituaient 20% des exposants en 2013 et 33% cette année. Le salon prend donc une nouvelle dimension, ce qui est de bon augure.
Pourquoi avoir créé Euromaritime ?
Avant Euromaritime, seuls le nautisme et le naval de défense avaient leurs rendez-vous, le Salon nautique et Euronaval. Il manquait un salon professionnel pour les autres filières maritimes. C’est pourquoi nous avons créé ce salon, qui se développe alors que l’industrie et le business maritimes en France sont forts. C’est un secteur très dynamique, plein de promesses et d’avenir. Mais nous avons dès le début eu comme parti pris d’organiser un salon qui ne se limite pas à la France. Euromaritime est un salon européen et nous souhaitons voir la part des exposants étrangers se renforcer à chaque édition.
L’une des grandes nouveautés, cette année, est la présence en parallèle d’Euromaritime d’Eurowaterways, premier rendez-vous européen de l’économie fluviomaritime…
C’est en effet une dimension nouvelle qui intéresse très fortement les entreprises du maritime. Nous avons par exemple constaté que plus de 80 exposants d’Euromaritime proposent des activités fluviales, dans les ports, la construction ou les équipements. Il y aura un vrai parcours Eurowaterways au sein du salon.
En quoi le salon est attractif pour les exposants ?
Il y a plusieurs raisons. Nous pensons tout d’abord que notre concept fonctionne. C’est un salon transversal, dans l’esprit du Cluster Maritime Français et des Assises de l’Economie maritime. Les exposants viennent présenter leurs savoir-faire, leurs produits et leurs services, alors que nous mettons en place un important programme de conférences et de workshops qui permet aussi d’attirer des intervenants et des visiteurs de qualité. Parmi les nouveaux outils proposés cette année, il y a des rendez-vous B to B organisés avec la CCI de Paris et l’European Network of Maritime Clusters. Ces rendez-vous bénéficieront notamment aux PME et PMI.
Un salon comme celui-ci a également une dimension politique. C’est un outil d’influence grâce auquel des messages peuvent être passés, d’autant qu’on observe une prise de conscience et un intérêt de plus en plus marqué des politiques pour le secteur maritime. Constatez-vous cet attrait ?
Oui et, par conséquent, des personnalités politiques de premier plan, ainsi que de nombreux élus locaux, viendront à Euromaritime et Eurowaterways. Il faut notamment souligner la présence de Karmenu Vella, le commissaire européen aux Affaires maritimes, ainsi que de Gesine Meissner, présidente de l’Intergroupe Mer au parlement européen. C’est la reconnaissance de la dimension européenne du salon. Le gouvernement français sera, lui-aussi, bien représenté puisque nous attendons Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, ainsi qu’Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat aux Transports.
L’un des intérêts majeurs d’un salon parisien n’est-il finalement pas, pour les professionnels, de défendre leurs intérêts auprès des politiques nationaux, ou encore de chercher ou mettre en valeur le soutien des élus locaux ?
Je doute que l’on passe de 180 à plus de 300 exposants simplement pour des raisons politiques. C’est peut être un élément déclenchant pour de grandes entreprises, qui y voient un outil d’influence, mais pour les petites sociétés, l’intérêt est avant tout de faire du business. Elles viennent à Euromaritime pour rencontrer leurs clients. D’ailleurs, l’existence même de tout salon professionnel dépend avant tout de sa capacité à mettre en relation exposants et visiteurs.
Il existe depuis longtemps, dans d’autres pays d’Europe, de très grands salons maritimes généralistes ou spécialisés, comme le SMM à Hambourg, Nor-shipping à Oslo, ou Europort à Rotterdam. Face à ces mastodontes, que peut apporter Euromaritime ?
Notre salon est encore très jeune et en construction, et nous y mettons beaucoup de cœur et d’énergie pour maintenir la belle courbe de progression que nous connaissons. On ne peut évidemment pas se comparer aux salons que vous citez. Nous avons voulu faire quelque chose de différent. Le SMM est un évènement international qui propose une vitrine du maritime mondial. Euromaritime ambitionne de devenir une vitrine européenne du secteur, avec une recette différente et complémentaire. Nous n’avons pas de démarche commerciale en dehors de l’Europe, qui est notre cœur d’activité, même si nous avons quelques exposants extra-européens.
Ne doit-on quand même pas redouter qu’un tel salon serve surtout de tremplin à des entreprises étrangères pour percer sur le marché français ?
S’il y a des entreprises étrangères qui proposent des services à même de satisfaire des clients français en leur permettant d’être plus compétitifs et performants, nous aurons fait le job ! Mais je ne peux pas croire que ce soit à sens unique. En Allemagne ou aux Pays Bas, on ne se pose pas ces questions de protectionnisme. Au contraire, ils font tout pour avoir des exposants étrangers et organisent à l’arrivée des évènements considérables.
L’ouverture internationale du salon est donc primordiale…
Oui car cela engendre plus d’échanges et une offre plus importante, c’est plus stimulant et tout le monde y gagne. Si nous restions entre Français, ça ne durerait qu’un moment. L’industrie française doit, et sait, se confronter à la concurrence internationale. J’ai aussi la conviction qu’un salon international puissant dans un pays, c’est bon pour l’industrie nationale. Cela permet de faire venir des acteurs professionnels étrangers et, si le salon est bien organisé, cela donne aussi une image de qualité du pays où l’évènement est organisé.
Interview réalisée par Vincent Groizeleau © Mer et Marine, février 2015