Aucun candidat ne s’étant manifesté pour prendre la présidence de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, Xavier de la Gorce, à la barre depuis septembre 2013 suite à la démission fracassante de son prédécesseur, Olivier Lajous, reste à la tête de l’association. L’assemblée générale de la SNSM, qui s’est tenue vendredi dernier à Paris, a néanmoins, à sa demande, légitimé sa présidence jusqu’en 2019 en adoptant, à l’issue d’un votant de confiance, le rapport moral qu’il a présenté.
Priorité au capital humain
Xavier de la Gorce veut donner la priorité au capital humain : « Bénévolat, disponibilité et qualification sont les trois piliers sur lesquels s'appuie la SNSM. Si la SNSM ne veut pas voir se tarir son vivier de bénévoles à qui elle demande un engagement important, la qualification et la reconnaissance des bénévoles sont une priorité », explique l’association, qui souligne que la formation des sauveteurs est un des enjeux majeurs des années à venir. En 2013, le Pôle National de Formation (PNF) de Saint Nazaire a coordonné 39 stages pour 505 stagiaires, mis en place 12 groupes de travail et créé 13 référentiels de formation. « Les qualifications des sauveteurs étant par nature très hétérogène le PNF souhaite intensifier les formations proposées aux bénévoles et répondre ainsi à leurs attentes ».

Le PNF, à Saint-Nazaire (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Adaptation des moyens matériels et logistiques
Le second grand chantier du président sera le renouvellement de la flotte de la SNSM, qui doit être adaptée à l’évolution des missions. Un dossier particulièrement sensible, notamment quant à la pertinence du maintien dans certaines stations de gros canots tout temps, des bateaux coûteux et dont la présence n’est plus forcément justifiée partout où on les trouve. Pour opérer les choix nécessaires, la SNSM va s’appuyer sur le développement de sa base de données, qui permet d’évaluer les interventions et l'adéquation du dispositif opérationnel. « Afin de mieux répondre à l'évolution du secours en mer, j'ai chargé la commission de la Flotte et des Infrastructures de nous proposer dans l'année les grandes orientations à respecter à l'avenir sur le déploiement de la flotte et des infrastructures tout en tenant compte l'évolution des interventions de secours et donc des besoins en moyens nautiques mais aussi de la nature et des ressources disponibles », explique Xavier de la Gorce.
Le programme des canots tout temps remis sur les rails
Le président de la SNSM a, par ailleurs, annoncé vendredi que la situation était en train de se débloquer au sujet du programme de canot tout temps de nouvelle génération, lancé début 2012 et qui était depuis en attente. Sibiril va pouvoir entreprendre la réalisation du prototype, le chantier de Carantec (Finistère) allant signer dans les prochaines semaines un nouveau contrat avec la SNSM. Celle-ci espère que le premier CTT sera livré début 2015 à la station de l’île de Sein, dont l’actuel canot a été lancé en 1980. Les deux unités suivantes produites par Sibiril seront destinées aux stations des Sables d’Olonne et de Sète, dont les moyens, datant de de 1986 et 1987, sont en fin de vie.

Le nouveau canot tout temps dévoilé début 2012 (© : SNSM)
Un nouveau chantier à Saint-Malo
Xavier de La Gorce a également annoncé qu'un nouveau chantier d'entretien des bateaux de sauvetage va voir le jour à Saint-Malo. Il se substituera au Centre d’Entretien de la région Ouest (CERO), dont la mission sera recentrée sur l'entretien et la réparation de la flotte. La SNSM entend, de plus, renforcer le soutien logistique sur la façade méditerranéenne, en premier lieu à Palavas.
La problématique du sauvetage des biens
L’assemblée générale de vendredi dernier est, par ailleurs, largement revenue sur l’assistance aux biens. On s’en souvient, cette problématique avait suscité une crise au sein de l’association l’an dernier, lorsqu’Olivier Lajous avait souhaité rouvrir le débat. Estimant que certaines stations étaient trop dépendantes financièrement de cette activité et redoutant que la SNSM soit un jour fragilisée par des attaques en concurrence déloyale d’opérateurs privés, il s’était interrogé sur un recentrage des missions de l’association sur le sauvetage de la vie humaine. Celle-ci est pour mémoire gratuite, alors que le sauvetage de biens est payant, la SNSM proposant des tarifs mécaniquement plus bas que ceux des sociétés privées compte tenu de son statut (il n’y a par exemple pas de masse salariale à amortir puisque les équipiers des embarcations sont bénévoles). Dépendant plus ou moins, pour leur budget de fonctionnement, de la facturation des assistances aux biens, de nombreuses stations étaient montées au créneau contre l’ancien président, avec les conséquences que l’on connait. Contraint de jeter l’éponge et de renoncer à son poste, Olivier Lajous avait laissé ce dossier brulant à son successeur, qui avait dès sa prise de fonction annoncé la réalisation d’un audit sur le sujet. L’étude a été confiée au commissaire général de la marine (2S) Olivier Laurens, dont les conclusions sont « très claires » selon la SNSM : « Il faut rappeler que ce type d'interventions pour le sauvetage des biens s'inscrit dans la mission statutaire de la SNSM de sauvegarde de la vie humaine et de prévention de la sécurité générale en mer. La SNSM intervient sur ordre des CROSS et a alors la pleine capacité juridique à exercer ce type de mission assortie d'une rémunération forfaitaire à niveau prix coûtant. L'assistance aux biens est et doit rester une activité annexe à son activité principale et la SNSM ne peut bien sûr en tirer profit ».
Pour ce qui est de la grille de tarifs, la Cour des Comptes, à l’issue de son dernier contrôle l’an dernier, a demandé à la SNSM de la revoir afin de « l’actualiser » et de la rendre « plus transparente ». Selon l’association, qui attend en parallèle les conclusions de l'étude lancée sur ce dossier par le ministère chargé de la mer, la nouvelle grille tarifaire est en cours de finalisation : « Elle correspond au remboursement réel des frais engagés par les sauveteurs (gasoil/amortissement du bateau utilisé) pour sauver le bien et sera diffusée prochainement aux stations ».