Première vente de machines à l’export, partenariat pour une ferme pilote franco-britannique, projet du Raz Blanchard et fin de la seconde campagne d’essais en mer d’Arcouest… Les choses bougent pour DCNS, ces dernières semaines, dans le domaine des hydroliennes, qui ont résolument le vent en poupe, ou plutôt le courant dans le rotor.
Arcouest de retour à Brest
Après une nouvelle campagne d’essais de près de quatre mois sur le site de Paimpol-Bréhat, l’hydrolienne Arcouest est rentrée à Brest le 11 avril. L’engin a été relevé et ramené par la barge OpenHydro Triskell, chargée comme d’habitude de sa manutention et elle-même tractée par un remorqueur.

(© DCNS)
Immergée le 10 décembre dernier, la machine, d’un poids de 850 tonnes, avec un diamètre de 16 mètres et une puissance de 0.5 MW, a été remontée à la surface le 9 avril. Il s’agit de la seconde phase d’essais en mer (la première s’était déroulée d’octobre 2011 à janvier 2012) de ce prototype, sur lequel travaillent EDF EN et DCNS. « Ces essais concluants ont permis de démontrer les performances de l’hydrolienne en termes de rendement et de fonctionnement, validant le principe du prototype de 16 mètres, étape indispensable avant le développement de fermes pilotes », explique DCNS, dont les équipes analysent désormais toutes les données recueillies pendant ces quatre mois de tests. Tous les composant de l’hydrolienne vont, en outre, être minutieusement inspectés à Brest afin d’évaluer le comportement de l’engin pendant ses quatre mois d’immersion. « Ce retour d’expérience précieux va permettre aux équipes de DCNS et OpenHydro de finaliser le design de l’hydrolienne de deuxième génération, d’une puissance de 2 MW, qui pourrait équiper à quelques exemplaires (finalement moins de quatre) Paimpol-Bréhat, EDF n’ayant pas encore pris sa décision quant à l’avenir du site.

Retour à Brest de l'hydrolienne Arcouest (© MICHEL FLOCH)

Retour à Brest de l'hydrolienne Arcouest (© MICHEL FLOCH)

Retour à Brest de l'hydrolienne Arcouest (© MICHEL FLOCH)
Cette turbine équipera en tous cas la ferme pilote qu’OpenHydro va déployer dès 2015 en Baie de Fundy, au Canada. Elle devrait également être utilisée pour équiper, d’ici 2016, une autre ferme pilote, cette fois dans le Raz Blanchard, au large de Cherbourg, où plusieurs concessions vont être attribuées aux industriels souhaitant développer cette technologie.
Un projet de 150 machines dans les îles anglo-normandes
En attendant la décision de l’Etat français sur le Raz Blanchard, DCNS, via Openhydro, a signé le 10 avril un accord avec Alderney Renewable Energy (ARE) pour la création d’une société commune, Race Tidal Ltd. Les deux partenaires entendent unir leurs compétences et leurs ressources pour la création d’une ferme hydrolienne d’une capacité de 300 MW à proximité d’Aurigny, une des îles Anglo-Normandes. Selon DCNS et ARE (dont OpenHydro est actionnaire à 31%), les eaux de ce secteur disposent d’un des plus gros potentiels au monde en matière d’énergie hydrolienne. Un potentiel qui pourrait permettre à terme l’alimentation en énergie de 1.5 million de foyers. Première étape dans l’exploitation de cette ressource exceptionnelle, la ferme hydrolienne développée par OpenHydro et ARE comptera 150 turbines de 2 MW chacune, prévues pour être réalisées à Cherbourg et qui produiront de l’électricité pour plus de 150.000 foyers. L’accord entre ARE et OpenHydro s’inscrit en cohérence avec le projet FAB Link Limited, joint-venture entre ARE et Transmission Investment LLP qui doit permettre de réaliser une interconnexion électrique entre la France, Aurigny et la Grande-Bretagne. Cette interconnexion permettra l’exportation de l’électricité produite par la ferme hydrolienne d’Aurigny vers les réseaux européens et pourra servir aux échanges d’énergie entre la France et la Grande-Bretagne. Le projet FAB Link se déroule en association avec l’opérateur de réseau français RTE. Côté administratif, ARE a reçu en 2008 l’accord des Etats d’Aurigny pour réaliser pendant 65 ans des projets d’énergies marines renouvelables dans les eaux territoriales de l’île. Au cours des trois prochaines années, OpenHydro et ARE travailleront en étroite collaboration avec les autorités locales et les différents acteurs concernés par ce projet, pour mener à bien les études d’impact environnemental préalables au déploiement de la ferme hydrolienne. Celle-ci devrait être pleinement opérationnelle dès 2020, date qui coïncidera avec la mise en service de l’interconnexion FAB Link.
Premier contrat à l’export au Canada
Enfin, OpenHydro a annoncé le 28 mars qu’elle avait été sélectionnée à l’issue d’un appel d’offres par le ministère de l’Energie de Nouvelle-Ecosse, au Canada. Elle va, ainsi, réaliser une ferme pilote hydrolienne d’une puissance de 4 MW sur le site expérimental du Centre de recherche FORCE (Fundy Ocean Research Centre for Energy). La filiale de DCNS va procéder en baie de Fundy au déploiement de deux turbines de 2 MW qui seront réalisées sur place et intégralement raccordées au réseau électrique en 2015. Il devrait s’agir du premier système au monde d’hydroliennes interconnectées d’une capacité de plusieurs mégawatts. Il permettra de fournir de l’électricité à plus de 1000 habitants de la Nouvelle-Ecosse. Ce projet, qui devrait générer 950 emplois localement, sera géré par un consortium dirigé par OpenHydro conjointement avec la société d’énergie Emera basée en Nouvelle-Ecosse. Les principaux partenaires industriels régionaux qui prendront part au projet sont Irving Shipbuilding, Irving Equipment et Atlantic Towing. Le consortium souhaite développer une filière industrielle d’hydroliennes dans la région, avec pour ambition que cette première phase de tests conduise à la réalisation d’une ferme commerciale d’une capacité de 300 MW.