« Vouloir transporter du courant alternatif sur des longues distances, c’est comme souffler dans une très longue paille en espérant que l’air sorte de l’autre côté ». La comparaison de Michiel Cadenau, responsable pour l’opérateur de réseau néerlandais TenneT du projet Dolwin 3, est explicite. Dolwin 3, qui verra le jour en 2017, est un raccordement sur lequel les champs éoliens offshore d’Allemagne du Nord pourront venir se brancher. Il permettra le transfert de 900 MW vers la côte.
La plupart des champs allemands, construits ou en projet, sont éloignés des côtes. Un choix des autorités germaniques au moment de l’attribution des premières concessions, au début des années 2000, pour ménager l’aspect visuel depuis la côte. A cette condition s’ajoutent beaucoup d’autres : fonds plongeant rapidement, espaces ultra-protégés comme la mer de Wadden, classée à l’UNESCO, ou encore routes maritimes très fréquentées. Les champs éoliens se trouvent donc à des distances de 70 à 80 km de la côte, plantés sur des hauts fonds se trouvant dans la continuité géologique des îles de la mer du Nord.

Les champs éoliens allemands, construits et en projet (TENNET)
Dans le cas de Dolwin3, la station de connexion au réseau terrestre allemand se trouve précisément à Dorpen, en Allemagne du Nord. 162 kilomètres de câbles, produits par Prysmian, vont devoir être tirés pour l’ensemble du raccordement : 83 km dans le sous-sol marin et 79 km dans un tunnel terrestre.
Et pour transporter ce courant sur cette distance, l’opérateur a retenu la technologie du HVDC (High Voltage Direct Current - Courant continu à haute tension). Passer en courant continu permet en effet d’éviter la résistance liée à l’effet de peau du courant alternatif. Ce qui devient nécessaire, avec ce type de puissance et de contrainte de câblage, à partir d’une distance de 70-80 km. Les 900 MW produits en courant alternatif par les éoliennes seront donc passés en courant continu en mer grâce à un convertisseur, le Dolwin Gamma. Ils seront ensuite transportés à une tension de 320 kV vers le convertisseur à terre, situé à côté de la jonction avec le réseau allemand. Une fois arrivée dans le convertisseur, l’électricité sera repassée en courant alternatif puis transformée pour rejoindre les lignes haute tension terrestres.

Le raccordement Dolwin 3 (ALSTOM)
Pour effectuer cette installation électrique complexe, TenneT a choisi, pour la première fois, de travailler avec Alstom. Le groupe français supervise l’ingénierie et la construction des deux convertisseurs, celui en mer et celui à terre, ainsi que le câblage entre les deux.
Le convertisseur en mer est, à lui tout seul, un défi technique. « Il faut imaginer ses rangées d’armoires électriques traitant des énormes puissances dans une structure soumise à l’effet de la mer et de la météo, souvent difficiles en mer du Nord», détaille Michiel Cadenau. La station de plus de 25.000 tonnes et de 84 mètres de haut est actuellement en construction dans les chantiers Nordic Yards de Warnemünde. Ces derniers ont déjà réalisés trois structures similaires pour d’autres raccordements. Avec ce nouveau raccordement, TenneT, qui en possèdera une dizaine d’ici 2017, pourra fournir une puissance totale de 6.2 GW au réseau allemand.

Les dimensions de la station Dolwin Gamma en rapport avec la porte de Brandebourg (OVERDICK)

Premiers éléments de la Dolwin Gamma aux chantiers Nordic Yards (ALSTOM)
Premiers éléments de Dolwin Gamma (ALSTOM)
Site de la station de Dorpen (ALSTOM)
Chantier de la station de Dorpen (MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)