C’est en mars prochain que le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire va lancer les travaux d’aménagement d’un grand hub logistique dédié aux énergies marines renouvelables. Ce nouveau pôle, qui s’étalera sur une quinzaine d’hectares, sera aménagé aux abords de la forme-écluse Joubert, qui donne accès aux bassins de Saint-Nazaire. Prévu pour s’achever fin 2016, ce chantier, qui représente un investissement de 10 millions d’euros, permettra de soutenir la construction du futur parc éolien offshore du banc de Guérande, mais aussi de celui des « Deux Iles », entre Noirmoutier et Yeu, un protocole d’accord en ce sens ayant été signé entre le port et GDF Suez.
Guérande, porté par EDF EN, sera construit entre 2018 et 2020 et comprendra 80 éoliennes de 6 MW produites à quelques kilomètres de Saint-Nazaire par la nouvelle usine d’Alstom inaugurée début décembre à Montoir-de-Bretagne. Le second projet a été attribué en mai dernier, dans le cadre du second appel d’offres sur l’éolien offshore, au consortium emmené par GDF Suez. Ce dernier prévoit de lancer la phase de réalisation fin 2018 en vue d’une mise en service en 2021. Le champ vendéen devrait comprendre 62 machines de 8 MW produites par Areva dans sa future usine du Havre.

L'implantation du futur hub logistique (© NSNP)
Une zone de transit pour des pièces gigantesques
Pendant la phase de construction, le hub EMR nazairien sera une zone névralgique puisque c’est là que se concentreront l’ensemble des pièces nécessaires à l’édification des champs. On y trouvera notamment les turbines, les mâts, les pales ou encore les fondations. Des pièces gigantesques, avec des pales de 75 à 80 mètres de long, des fondations métalliques (mono-pieux) de 7 mètres de diamètre ou encore des nacelles de plus de 400 tonnes. L’essentiel des gros éléments seront acheminés à Saint-Nazaire par voie maritime. Ainsi, les pales et mâts des Haliade 150 viendront de Cherbourg (le choix d’EDF concernant le prestataire chargé des fondations devant intervenir en 2015). Une fois stockés sur le hub logistique, les différents éléments seront embarqués sur des navires spécialisés qui viendront chercher les pièces avant de rejoindre les sites de construction, où ils assembleront les éoliennes. La manutention sera réalisée dans la forme Joubert qui, avec ses 350 mètres de long pour 50 mètres de large, sera suffisamment grande pour accueillir les imposants navires de construction, notamment les unités de type jack up, dotées de pieds télescopiques. « La construction d’un parc éolien offshore représente un chantier considérable pour lequel la logistique est cruciale. Le choix de Saint-Nazaire pour implanter un hub logistique est lié à la proximité géographique du port avec le futur parc du banc de Guérande, mais aussi aux qualité des infrastructures portuaires et au réseau d’entreprises locales », explique Gaëtan Duchesne, chef de projet chez EDF EN.

Navire de construction dans un parc éolien offshore (© DR)
D’autres utilisateurs intéressés
L’aménagement de la zone nécessite le départ du poste sablier vers un nouveau terminal, qui sera opérationnel à Montoir d'ici février 2015. Mais, surtout, il est nécessaire de traiter une vaste friche industrielle et même de faire disparaitre quelques vestiges de la seconde guerre mondiale. « Il va notamment falloir casser une vingtaine de blockhaus », précise Philippe Léon, du GPMNSN. Et puis il faudra aussi adapter l’infrastructure portuaire à cette nouvelle activité. « Il faut bien voir que les pièces d’éoliennes sont des colis très lourds, de plusieurs centaines de tonnes. Cela signifie que nous allons devoir renforcer les quais ».
Même s’il y aura encore des besoins logistiques après la réalisation des deux champs, il est évident qu’une fois ces parcs achevés, l’activité sera bien moindre sur le hub. D’où la nécessité de trouver d’autres débouchés. Ce qui, en fait, est déjà prévu. « L’usine MAN, qui fabrique 50 à 70 moteurs par an, est intéressée car elle souffre d’un manque de surface de stockage. Le nouveau hub logistique pourra également servir à la nouvelle usine Anemos que STX France construit à proximité pour se développer sur le marché des énergies marines ».

Eolienne flottante dotée d'un flotteur Ideol (© IDEOL)
Une éolienne flottante dans les bassins à l’été 2015
Des opportunités pourraient aussi se dessiner dans le domaine de l’éolien flottant, d’autant qu’il n’est pas à exclure que cette technologie soit incluse dans le prochain appel d’offres sur l’éolien en mer. Alors que différents industriels français, comme Alstom et DCNS, ou encore Areva via sa nouvelle alliance avec le groupe espagnol Gamesa, travaillent au développement d’éoliennes flottantes, c’est d’ailleurs un engin de ce type qui sera le premier à fréquenter les bassins nazairiens. Ceux-ci serviront en effet, à l’été 2015, au pré-assemblage d’un démonstrateur développé par Gamesa et équipé flotteur conçu par la société française Ideol. Baptisé Floatgen, ce prototype d’éolienne flottante, doté d’une turbine de 2 MW, sera testé sur le site d’essais SEM-REV de l’Ecole Centrale de Nantes, implanté au large du Croisic.