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François Hollande est monté en première ligne, lundi, pour piloter depuis l'Elysée les discussions avec les prétendants au rachat de la branche énergie d'Alstom, General Electric et Siemens, dont les patrons devaient se succéder dans son bureau tout au long de la journée.
 
Premier reçu dans la matinée, le PDG du groupe américain General Electric, Jeffrey Immelt, est ressorti après une heure d'entretien sans faire la moindre déclaration. General Electric a apporté les premières réponses mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir, a cependant indiqué une source proche du dossier. Au cours de cet entretien, le chef de l'Etat s'est félicité du délai de deux jours que s'est accordé Alstom avant de répondre aux offres de GE et Siemens, rappelant les lignes rouges fixées par le gouvernement français: la préservation de l'emploi, la localisation des activités (énergie et transports essentiellement) et l'indépendance énergétique de la France.
 
 
"Les entreprises françaises ne sont pas des proies"
 
 
Les grandes manoeuvres autour du sort du groupe français se poursuivront en début de soirée ce lundi, toujours à l'Elysée, avec deux nouvelles entrevues autour de François Hollande qui recevra à 18H00 Joe Kaeser, le patron du groupe allemand Siemens, puis, à 19H15, Martin Bouygues, actionnaire de référence d'Alstom avec près de 30% du capital. Alstom s'est donné dimanche deux jours pour poursuivre sa "réflexion stratégique", lors d'un conseil d'administration extraordinaire du groupe qui entend informer les marchés d'ici à mercredi matin de son choix. En attendant, la cotation du titre reste suspendue à la Bourse de Paris.
Le gouvernement, a martelé Arnaud Montebourg lundi, "refuse le fait accompli", à savoir "qu'Alstom, en trois jours, décide de vendre 75% d'un fleuron national dans le dos de ses salariés, dans le dos du gouvernement, dans le dos de la plupart de ses administrateurs et de ses cadres dirigeants". "Les entreprises françaises ne sont pas des proies, en revanche nous sommes disponibles pour nouer des alliances qui nous permettent de nous armer dans la mondialisation", a-t-il fait valoir, laissant entendre qu'il était favorable à un rapprochement d'Alstom avec Siemens auquel le PDG du groupe industriel français, Patrick Kron, est en revanche viscéralement opposé. 
 
 
Sauvegarder "tous les emplois"
 
 
L'Etat français n'est plus actionnaire d'Alstom depuis 2006 mais l'exécutif qui a placé la lutte contre le chômage et la réindustrialisation de la France parmi ses toutes premières priorités entend peser de tout son poids dans cette affaire. Pour preuve: un courrier adressé à Jeffrey Immelt par Arnaud Montebourg avertissant que l'acquisition d'actifs par un investisseur étranger dans l'énergie, et en particulier le nucléaire, exigeait une autorisation préalable des autorités françaises, similaire à celles délivrées par le Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS).
Quant au ministre du Travail, François Rebsamen, il a souhaité "que tous les emplois soient sauvegardés" et que "l'indépendance énergétique soit maintenue". "C'est aussi la position du président de la République", a-t-il fait savoir. Selon le commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, Michel Barnier, le gouvernement français peut certes se montrer "pro-actif" dans ce dossier mais sans s'ériger en arbitre. GE, qui compte 305.000 salariés dans le monde et affiche 146 milliards de dollars de chiffre d'affaires, souhaite racheter les actifs d'Alstom dans l'énergie (équipements pour centrales thermiques, énergies renouvelables...) qui représentent plus de 70% de l'activité du groupe et 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Les négociations secrètes étaient déjà bien avancées avec le groupe français, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros, qui ne concernerait pas l'emblématique branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV). Mais Siemens est venu jouer les trouble-fêtes, annonçant dimanche matin avoir proposé à Alstom de reprendre son activité énergie contre une somme en cash et "la moitié de sa branche transports".
 
 
Deux géants
 
 
Dans cette hypothèse, deux nouveaux géants verraient le jour : l'un, autour de Siemens, spécialisé dans l'énergie, l'autre, autour d'Alstom, dans les transports. Siemens assure vouloir "maintenir les emplois en France pendant au moins trois ans". Le groupe allemand craint visiblement d'affronter GE sur ses terres européennes s'il venait à se rapprocher d'Alstom dans l'énergie.
 
 
Un article de la rédaction du Télégramme

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