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Pressées par une météo changeante, les équipes techniques mobilisées ont accéléré la cadence dans la nuit de dimanche à lundi. Profitant d'une mer calme et de faibles coefficients de marée, les marins de l'Argonaute ont relevé une première fois les câbles au milieu de la nuit, afin de les aligner. L'étal de marée ne permettant pas de travailler plus de deux heures trente d'affilée. Le courant devenant trop fort, il était décidé de reposer les câbles sur le fond, à plus de cinquante mètres de profondeur. À la marée suivante, les équipes hissaient à nouveau les deux extrémités de câbles à connecter. Et en une heure de temps, les câbles électriques et optiques étaient tour à tour raboutés avant d'être délicatement reposés. Quelques minutes plus tard, les ingénieurs entraient en contact avec la machine et récupéraient l'ensemble de ses paramètres de fonctionnement. Ils n'étaient plus en contact avec elle depuis son installation, le 25 juin dernier.

 

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En service en fin de semaine

Parfaitement raccordée à la terre, l'hydrolienne va entrer dans une dernière phase de tests avant de commencer la production d'électricité. « Les deux freins sont encore serrés sur le rotor », expliquait Jean-Christophe Allo, chef de projet à Sabella. « Mais on espère le libérer dès ce lundi soir. » La série de tests va se poursuivre jusqu'à jeudi où la machine sera reliée au réseau électrique au-dessus du petit port d'Arlan, dans le sud d'Ouessant. L'hydrolienne devrait commencer à produire sur le réseau en fin de semaine.

 

15 % des besoins électriques

Ce démonstrateur de 10 m de diamètre doit couvrir 15 % de la consommation électrique annuelle de l'île. À terme, deux à trois autres machines de 15 m de diamètre devraient réussir à fournir entre 50 et 70 % des besoins en électricité de l'île (850 habitants à l'année, jusqu'à 5.000 l'été). Cette première machine pourrait produire jusqu'à un mégawatt les jours de plus grandes marées. Et les concepteurs quimpérois tablent sur 800 mégawatts sur l'ensemble de l'année. C'est aussi une immense satisfaction pour le maire d'Ouessant, Denis Palluel. « Sabella vient de franchir une étape importante pour la mise en service de ce démonstrateur industriel. Nous mesurons à quel point le défi technologique est compliqué à cet endroit, en plein Fromveur. » Dans le petit port d'Arlan, quelques curieux se pressent sur la jetée pour observer l'Argonaute au travail sur zone. Surtout des promeneurs à la journée.Peu de locaux, en tout cas bien moins qu'à l'occasion de l'immersion de la machine fin juin. « On aura toujours besoin du gazole pour faire de l'électricité sur l'île ! » lance un ancien venu jeter un oeil à Arlan, sans descendre de son antique automobile. « Eolien, solaire, hydrolien... Il faudra composer un bouquet énergétique pour tendre vers une certaine autonomie », résume le maire d'Ouessant.

 

Du côté de l'équipe Sabella, le plus dur est fait. La machine est parfaitement positionnée sur le fond et la connexion avec la terre est enfin établie. Une opération de vérification des points clés du câble, à l'aide d'un sous-marin télé-opéré, a été effectuée hier après-midi, à partir de l'Argonaute. On ne démarre pas à l'aveugle une machine qui a demandé tant d'efforts et une telle débauche d'énergie depuis plus de quinze ans. Le moment est très attendu sur une île qui produit toujours son électricité, à l'aide de quatre groupes électrogènes alimentés au gazole.

 

Un article de la rédaction du Télégramme

 

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