C’est un pari suffisamment rare pour être souligné : le groupe familial britannique Bibby Line vient de commander en spéculation (c’est-à-dire sans avoir signé un contrat avec un client défini) un navire de belle taille – 90 mètres - destiné à la servitude pour les champs éoliens offshore.
Il a choisi pour cela de contracter avec les Néerlandais de Damen, qui, il y a deux ans, sont « partis d’une feuille blanche » pour construire un navire sur mesure, qui sera baptisé Bibby Wavemaster. Equipé d’un système de positionnement dynamique DP2, il pourra recevoir 45 techniciens en plus des 15 membres d’équipage. Les transits vers les éoliennes s’effectueront par une passerelle à mouvements compensés et deux workboats. Prévu pour de longues stations, jusqu’à 30 jours, il est donc destiné aux champs éloignés des côtes, tels ceux en projet au large des îles britanniques. Le Bibby Wavemaster sera construit par le chantier Damen de Galati en vue d'une livraison mi-2017.
Une ambition affichée sur le marché de l'éolien offshore
Dans un marché offshore en berne, le groupe britannique affiche un bel optimisme sur l’avenir de l’éolien offshore, que Stephen Blaikie, patron de la filiale Bibby Marine Services, qui a commandé le navire, voit en « croissance significative dans les années à venir ». Il annonce déjà que le Bibby Wawemaster portera le numéro 1, « la première étape sur notre chemin pour devenir un acteur majeur sur le marché de l’hôtellerie et de l’accès aux champs éoliens offshore ».
Un groupe de 6500 personnes
Une orientation finalement très logique pour le groupe Bibby, fondé à Liverpool en 1807 et dirigé par Michael Bibby, descendant direct du fondateur. « Nous sommes dans l’industrie maritime depuis 200 ans. Notre succès a toujours été lié au fait d’avoir une longueur d’avance, en distinguant les opportunités nouvelles et les solutions innovantes », détaille Stephen Blaikie.
Créée au moment de la guerre contre Napoléon par John Bibby, la société familiale a commencé par l’exploitation d’une flotte de cabotage. En moins de 30 ans, l’entrepreneur était à la tête d’une flotte océanique qui croise sur toutes les grandes lignes de commerce. Les six générations suivantes vont continuer sur cette lancée, Bibby Line se tournant vers le vrac liquide et solide. Pionnier du transport de GPL, Bibby Line ne compte désormais plus dans sa flotte que trois vraquiers supramax (Cheshire, Stropshire et Hertfordshire) et un chimiquier (Mumbai). En revanche, les différentes générations ont largement diversifié les activités. Ainsi, le groupe, qui emploie 6500 personnes pour un chiffre d’affaires d’1.5 milliard d’euros, est en particulier présent dans la logistique, la distribution ou encore les services financiers.

L'Olympic Bibby, livré par les chantiers Kleven en avril 2015 (KLEVEN)
Côté maritime, Bibby a pris le virage de l’offshore dès le début des années 2000, avec notamment une présence en Ecosse et en Norvège. Bibby Offshore exploite aujourd'hui cinq unités de travaux subsea et support de plongée : les Bobby Topaz, Sapphire, Polaris et les Olympic Ares et Bibby.
La filiale Bibby Shipmanagement gère, de son côté, une soixantaine de navires dans des secteurs très divers allant de l’offshore au conteneur (dont le management de la flotte d’Atlantic Container Line).
Toujours dans l’offshore, Bibby Marine possède actuellement une flotte de cinq navires d'hébergement (Flotel) : les Bibby Stockholm, Bergen, Renaissance, Challenge et Progress. Et enfin, la branche Bibby Hydromap (issue du rachat d’Osiris Project) est spécialisée dans le survey et exploite cinq bateaux dont les deux semi-SWATH livrés récemment par Socarenam, les Bibby Athena et Tethra, ainsi que les Chatwell, Lia et Proteus.

Le Bibby Tethra (SOCARENAM)