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Deux commandes fermes : les 71 éoliennes de 7 MW pour le champ de Fécamp, commandées hier par le consortium mené par EDF Renouvelables et les 62 machines de 8 MW pour le champ de Saint-Brieuc, confirmées vendredi dernier par Ailes Marines. « C’est ce que nous attendions pour lancer notre investissement dans nos futures usines du Havre : de la visibilité et de la solidité dans les projets », souligne Filippo Cimitan, président de Siemens Gamesa Renewables Energy France, lors d’une visio-conférence tenue hier et à laquelle Mer et Marine a assisté.

Le projet havrais a connu des hauts et des bas, suivant la trajectoire et, parfois le chemin de croix, des différents projets des champs éoliens offshore. Pour mémoire, les trois champs dont les décisions d’investissement ont été annoncées il y a quelques mois – Saint-Nazaire -, ou ces derniers jours – Fécamp et Saint-Brieuc -, font partie du premier appel d’offres lancé en 2011 et attribué l'année suivante par le gouvernement français. 

Au Havre, les collectivités et le port ont voulu y croire depuis. « Le projet a démarré dès 2012, quand nous avons recensé les 94 occupants de l’emprise portuaire destinée au projet des usines éoliennes », rappelle Emmanuel Ludot d’Haropa. « Nous les avons accompagnés pour trouver une relocalisation et cela a été fait dans les années qui ont suivi ». En 2018, alors que les projets éoliens, suspendus aux recours, peinent encore à dérouler un agenda industriel, Haropa et les collectivités lancent une nouvelle phase de travaux sur le site du quai Joannès Couvert. « Il y a deux types de travaux : le terrestre, où nous avons effectué du remembrement en déplaçant des routes, en réaménageant des réseaux, et le maritime où nous allons équiper le site avec une plateforme ro-ro et un quai en rempiètement pour pouvoir accueillir les charges ». En tout 123 millions d’euros qui permettent à Siemens Gamesa de prendre désormais le relais pour la construction des usines en tant que telles.

« Le site havrais c’est un peu un projet iconique pour nous », dit Filippo Cimitan, « Siemens Gamesa a déjà plusieurs usines en Europe mais ce site sera le premier à produire à la fois les pales et la nacelle. Nous innovons dans ce nouveau format d’usine, ce qui montre aussi notre confiance dans la pérennité de notre investissement et de sa compétitivité ».

Siemens Gamesa a attribué la construction de ses usines à un consortium d’une vingtaine d’entreprises du BTP et mené par GTM Normandie Centre, une filiale du groupe Vinci Constructions. « Les travaux ont démarré aujourd’hui », disait hier Christophe Quardel, dirigeant de GTM Normandie Centre et coordinateur du projet. 18 mois de travaux, soit 600.000 heures, seront nécessaires à la construction des 80.000 m2 de bâtiments, avec notamment une problématique spécifique liée aux fondations : « le site est sur un quai entouré d’eau, il va nous falloir creuser profondément, jusqu’à 35 mètres, pour pouvoir ancrer les fondations sur un sol satisfaisant ». Les travaux devraient mobiliser 350 à 400 personnes. Filippo Cimitan n’a pas souhaité donner le montant de l’investissement de Siemens Gamesa.

C’est en tous cas un calendrier très serré qui s’annonce pour le futur site havrais : attendre les décisions finales d’investissement implique en effet de s’aligner désormais sur les agendas de l’installation des champs eux-mêmes. « Nous devrions pouvoir commencer à produire fin 2021, début 2022, il y aura une phase de montée en puissance mais nous devrions atteindre la vitesse de croisière au bout de 18 à 24 mois », assure Filippo Cimitan. Près de 750 personnes devront être recrutées et formées dans l’intervalle. « Le timing est serré mais maîtrisé, nous avons l’expérience des autres sites du groupe qui nous permettent d’anticiper les difficultés ».

En plus des machines pour Saint-Brieuc et Fécamp, Le Havre devrait également construire les futures éoliennes pour les autres parcs pour lesquels Siemens-Gamesa a été retenu, à savoir Courseulles, dont la décision d’investissement devrait intervenir à la fin 2020, ainsi que Le Tréport et Noirmoutier-Yeu. « Nous ne sommes pas une usine nationale mais il est évident que le marché domestique sera notre priorité, d’autant que les trajectoires dessinées par la récente PPE donnent des perspectives très favorables. Mais il est aussi évident que nous pouvons bénéficier de la situation géographique du Havre, pertinente pour d’autres marchés notamment nord-européens ». Et si ce sont des machines de 7 à 8 MW qui seront produites dans un premier temps, bientôt ce seront sans doute des éoliennes bien plus puissantes qui sortiront des usines du Havre. « Le marché évolue très vite, il y a désormais un nouveau produit qui sort tous les deux ans. A l’image de la machine de 14 MW que Siemens Gamesa a présenté il y a quelques jours. Nous devons pouvoir nous adapter industriellement à ces évolutions rapides ».

En attendant, Le Havre va déjà fournir les champs voisins avec un schéma logistique complexe. La simultanéité de la fourniture des machines de Fécamp, Saint-Brieuc et sans doute rapidement Courseulles interdit un montage simultané sur le site, d’autant que ce ne sont pas les mêmes fondations qui sont utilisées pour ces différentes commandes. Saint-Brieuc, qui utilise la technologie des jackets, qui prend beaucoup de place sur les quais, sera entièrement traité au Havre. Pour Courseulles et Fécamp, tous deux opérés par EDF, l’assemblage se fera à Cherbourg.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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