Initié en 2007, le projet Winflo, visant à réaliser la première éolienne flottante française, entre dans sa phase industrielle. L'assemblage du démonstrateur doit débuter en août prochain en vue de commencer les essais en mer début 2013. Pour mener à bien ce programme, les groupes français Nass&Wind Industrie et DCNS vont créer très prochainement une société commune, qui sera chargée du développement industriel et de la commercialisation des éoliennes flottantes. Le mois dernier à Bordeaux, lors du salon Thétis, consacré aux énergies marines renouvelables, Stéphane Jedrec, directeur de la stratégie du groupe Nass&Wind, qui pilote le programme, a présenté cette nouvelle aventure. Winflo a été initié en partant du principe que le développement des parcs offshores avec des éoliennes posées serait limité. Dans cette perspective, l'éolienne flottante présente selon ses promoteurs une solution d'avenir. Ne nécessitant pas de fondation mais seulement un système d'ancrage caténaire souple pour résister aux éléments, l'éolienne flottante présente une emprunte limitée sur le fond marin. Les fermes peuvent, de plus, être éloignées de la côte puisque moins contraintes par les profondeurs d'eau, ce qui permet d'imaginer des parcs plus grands et donc plus de puissance installée. L'un des postulats de base de Winflo est la compétitivité économique. En clair, il s'agit de développer des machines dont le coût global est sensiblement équivalent à celui d'éoliennes posées. Pour cela, les industriels misent sur la taille plus importante des champs qui, en produisant plus d'énergie, permettraient de compenser la hausse des coûts de raccordement liés à l'éloignement des côtes. Dans le même temps, la formule de l'éolienne flottante doit permettre de faciliter la maintenance. Ainsi, en cas de grosse avarie, il suffirait de remorquer la structure jusqu'à un port pour effectuer à l'abri les gros travaux de réparation. (© : WINFLO) Du démonstrateur au parc pilote Pour mener à bien ce programme et réaliser le démonstrateur, Nass&Wind et DCNS se sont entourés de plusieurs partenaires. Le turbinier français Vergnet, spécialiste de l'installation d'éoliennes terrestres en zones difficiles, va fournir une machine d'une puissance de 1 MW. L'école d'ingénieurs ENSTA Bretagne, ainsi que l'IFREMER, sont également partie prenante. L'IFREMER a, ainsi, réalisé deux campagnes d'essais en bassin, notamment sur les effets combinés de la houle et du vent sur l'ensemble de la structure, du flotteur à la nacelle. Des tests considérés comme « très concluants » et qui autorisent le lancement prochain de la réalisation du démonstrateur. Ce dernier, d'une hauteur d'environ 70 mètres, serait assemblé sur le site DCNS de Brest et testé sur le site expérimental SEM-REV situé au large du Croisic, en Loire-Atlantique, indique-t-on chez le groupe naval, chargé notamment de l'intégration des différents systèmes ainsi que la fabrication et l'assemblage du flotteur. Si les essais en mer sont concluants, Nass&Wind et DCNS passeront à l'étape suivante : la mise à l'eau d'un parc pilote comprenant plusieurs machines. Cette ferme sera vraisemblablement installée sur le site d'essais projeté au large de l'île de Groix, dans le Morbihan. L'objectif est de proposer, sur ce concept d'éoliennes flottantes, une turbine de forte puissance, de l'ordre de 5 MW. Si tout va bien, le premier parc serait opérationnel vers 2020. On notera que le projet a été labellisé en 2008 par le Pôle Mer Bretagne et a reçu, fin 2010, le soutien de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui a octroyé une aide de 13.4 millions d'euros, les investissements prévus pour la seule phase de démonstration étant évalués à 40 millions. (© : WINFLO)
Nass&Wind et DCNS préparent l'assemblage d'une éolienne flottante
Par
Vincent Groizeleau
-
15/02/2012

© WINFLO