La Cluster EMR du groupement d’entreprises Neopolia a annoncé hier soir, lors de son assemblée annuelle au Technocampus Océan de Nantes, la signature d’un partenariat avec le consortium chargé du développement du futur parc éolien offshore qui verra le jour entre les îles d’Yeu et Noirmoutier. Un accord extrêmement important, estiment les partenaires, pour accentuer le développement et la structuration de la filière des énergies marines renouvelables en Pays de la Loire. « C’est une base permettant de mettre en place une feuille de route gagnant-gagnant, dans la lignée de la stratégie qui a présidé au lancement des projets de parcs éoliens offshore, dont l’objectif est double : accroître la part des énergies renouvelables en France et développer une nouvelle filière industrielle », explique Dominique Follut, vice-président de Neopolia élu hier au poste de pilote du Cluster EMR. Alors que le parc des Deux Iles fait partie du second appel d’offres pour l’éolien posé en France, Neopolia est déjà positionné sur les projets du premier appel d’offres, en particulier celui de Guérande, porté par EDF EN. Retenu en 2012 par le gouvernement, il doit chronologiquement voir le jour avant son homologue vendéen, attribué en 2014 au consortium emmené par Engie, EDP Renewable et la Caisse des Dépôts (avec le turbinier Adwen ainsi que Neonen Marine). Toutefois, Guérande, comme d’autres projets, est confronté à une série de recours d’opposants, dont un suspensif actuellement, qui a entrainé un important retard dans le lancement de la phase de réalisation.
Du temps pour mieux se préparer
Contre mauvaise fortune bon cœur, les entreprises ayant choisi d’investir dans cette nouvelle filière ont décidé de mettre à profit le glissement calendaire pour mieux se préparer. « Cette période est intéressante car, finalement, elle donne du temps pour mieux se préparer et être encore plus pertinent. Il s’agit de projets considérables et complexes pour lesquels nos entreprises, notamment les PME, doivent prendre le temps de bien se préparer afin de constituer une force de frappe collective et de grande ampleur », estime Dominique Follut. Et pour plus d’efficacité, il faut du concret, ce qui passe par le renforcement des échanges avec les donneurs d’ordres.

Sous-station réalisée livrée en 2014 par STX France (© BERNARD BIGER)
115 entreprises
Plutôt que d’attendre le lancement de la phase industrielle du projet des Deux Iles, qui doit comprendre 62 éoliennes dotées de machines Adwen de 8 MW et dont les travaux devraient débuter en 2020, Neopolia va donc, dès maintenant, travailler étroitement avec le consortium des Deux Iles. Ingénierie, production, logistique… Les 115 entreprises ligériennes regroupées dans le Cluster EMR disposent de nombreuses compétences pour oeuvrer dans ce secteur, ce qu’elles font d’ailleurs déjà, par exemple au profit de STX France. Nombre d’adhérents de Neopolia font en effet partie des sous-traitants historiques du chantier de Saint-Nazaire et l’accompagnent dans sa diversification vers les énergies marines, en participant notamment aux projets de sous-stations électriques. Il en va de même avec la nouvelle usine General Electric de Montoir de Bretagne, qui produit des nacelles et turbines d’éoliennes offshore.
Structurer la filière
Une base solide à partir de laquelle Neopolia veut aller plus loin, en structurant une filière industrielle puissante reposant sur un tissu de compétences très pointues et, surtout, parfaitement adaptée aux besoins des donneurs d’ordres. « Il s’agit de leur apporter des solutions pertinentes, compétitives et innovantes grâce à nos expertises et tout le travail collaboratif que nous menons ensemble, y compris en matière de R&D. Or, pour être le plus pertinent possible, il est impératif de connaître parfaitement le sujet et d’anticiper les besoins ». Avec cette fois, en ligne de mire, les premiers parcs éoliens installés au large des côtes françaises. Des projets gigantesques qui vont nécessiter de nombreux savoir-faire, certains maîtrisés et d’autres à développer.

Modélisation du futur parc vendéen (© DIKDAK - ADWEN)
Un partenariat très concret
D’où l’intérêt de l’accord conclu avec le consortium Eoliennes en Mer Iles d’Yeu et Noirmoutier (EMYN). « Grâce à ce partenariat, nous allons mieux connaître les exigences du porteur de projet, nous allons pouvoir trouver les compétences qui nous manquent afin d’être le plus en phase possible et apporter des réponses aux défis qui sont posés. Ce qui est vraiment crucial, c’est que l’on parle là d’actions concrètes. Il ne s’agit pas de simples réunions générales, on va rentrer dans le vif du sujet et nous avons les uns et les autres, au travers de cet accord de partenariat, des objectifs et des engagements de moyens ».
Concrètement, le porteur de projet du parc des Deux Iles et Neopolia vont commencer par plancher sur l’identification précise des compétences industrielles nécessaires au développement du champ. Des groupes de travail thématiques vont, également, être mis en place et doublés de différentes actions afin de permettre la montée en compétence des PME sur tous le spectre des métiers inhérents à cette activité. Il s’agira, aussi, de déterminer les collaborations à mettre autour des coréalisateurs de premier rang dans le cadre des futurs appels d’offres liés au projet.
Chez les partenaires, on souligne que cet accord ne constitue en rien une présélection dans le cadre des contrats qui seront amenés à être signés. Il y aura évidemment des appels d’offres et, comme on le rappelle chez Neopolia, les meilleurs l’emporteront. « Il s’agit là de nous préparer au mieux à la compétition et, encore une fois, de matérialiser concrètement la volonté politique de voir émerger une nouvelle filière industrielle française porteuse de développement économique et d’emplois dans nos territoires ».

Dominique Follut et Lucile Forget, responsable Développement Local d'EMYN (© COUTEAU SUISSE PRODUCTIONS - SYLVIE CORDONNER)
L’export et des solutions clés en main
Au-delà des parcs français, Neopolia, qui mise également sur les projets d'éoliennes flottantes, vise bien entendu l’export, que ses membres ont commencé à toucher avec les sous-stations vendues par STX France. Pour se développer dans le domaine des énergies marines, les entreprises ligériennes suivent une double stratégie : par domaines d’activités stratégiques (DAS), avec le regroupement de compétences et de métier, et désormais en développant directement des offres pouvant aller jusqu’au niveau EPCI (engineering, procurement, construction and installation), c’est-à-dire clé en main. Et cela sur une très grande partie de la chaîne de valeur. Les domaines visés vont ainsi des études techniques et environnementales à la logistique portuaire, en passant par le support à l’installation en mer, les opérations de maintenance des câbles, fondations et machines une fois les champs opérationnels, ou encore les systèmes SHM (structural health monitoring) permettant d’optimiser le fonctionnement et le rendement.
Développement d’un panel d’offres
Dans la droite ligne de la philosophie qui préside chez Neopolia depuis des années, avec des entreprises sous-traitantes de grands groupes qui veulent développer par elles-mêmes leur business sans attendre systématiquement leurs donneurs d’ordres, l’objectif est ici d’accroître le potentiel de marchés susceptibles d’être décrochés. « Nous avons organisé un séminaire stratégique pour développer et structurer des offres. Nous voyons désormais clairement que nous sommes capables de fédérer des entreprises afin de constituer une force de frappe et nous positionner comme un panel de sociétés expertes dans tous les domaines. Certaines offres ont déjà été testées sur le terrain et les signaux sont très positifs », se félicite Florent Violain, développeur EMR de Neopolia.
Fort de sa montée en puissance et de ses succès, le groupement commence même, en s’appuyant sur les compétences de ses membres, à travailler sur le développement de solutions qui ne dépendent pas des donneurs d’ordres. Des réflexions sont par exemple en cours sur des objets autoportants, comme des systèmes flottants, par exemple des bouées de mesure, alors que des projets sont également en cours sur l’hydrolien fluvial, qui présente de belles perspectives d’avenir, en France comme à l’export.