Les équipes de la société finistérienne Sabella ont mené à bien, la semaine dernière, le remplacement d’un connecteur sous-marin à l’extrémité du câble d’export conçu pour relier l’hydrolienne D10 à l’île d’Ouessant. Les travaux ont été menés depuis l’Olympic Taurus, navire de travaux offshore affrété pour le compte de Sabella par Mojo Maritime France, spécialisé dans l’installation et les travaux en mer pour les technologies d’énergies marines. « Le connecteur à l’extrémité de ce câble d’export avait été détérioré par des dommages occasionnés lors de la pose initiale de l’hydrolienne en juin 2015 suite à une opération en mer mal maîtrisée par un navire poseur allemand dans le passage du Fromveur, site de forts courants, sans impact pour le bon fonctionnement de la turbine pendant l’année d’exploitation initialement autorisée », expliquent Sabella et Mojo Maritime.
Un an après son immersion dans le Fromveur, l’hydrolienne a été remontée en juillet 2016 par le navire norvégien Aker Wayfarer, le connecteur endommagé étant à cette occasion récupéré. Quant au câble d’export, muni d’une protection d’extrémité étanche, il avait été reposé sur le fond marin. « Sabella, dont la turbine est en cours de travaux d’optimisation et de renforcement à Brest et sera réinstallée durant l’hiver sur son embase restée sur site, a profité des conditions météorologiques clémentes estivales pour effectuer l’opération sur le câble afin de minimiser la durée de la prochaine opération de repose de la turbine ».
Après l’embarquement sur son pont de travail des équipements de relevage et de manutention de câble, ainsi que les éléments du nouveau connecteur, l’Olympic Taurus a appareillé du port de Brest le lundi 28 août en fin de journée. Long de 93.8 mètres pour une largeur de 20 mètres, le puissant navire, sorti en 2012 des chantiers norvégiens Kleven, a utilisé son système de positionnement dynamique pour tenir sa position au-dessus de la zone d’opération pendant plus de deux jours. L’extrémité du câble d’export, gréée sur une ligne de relevage par un robot sous-marin télé-opéré (ROV), a été remontée sur le pont de l’Olympic Taurus, où le nouveau collecteur a été installé avec le concours d’une équipe du fournisseur de connectique Macartney. « Deux ingénieurs de Sabella réalisaient depuis Ouessant des tests électriques et optiques sur le câble de 2 km pour confirmer aux équipes embarquées la bonne mise en place de ce connecteur. Cette validation acquise, le câble a été reposé jeudi 31 août au petit matin sur le fond marin, au plus près de la zone d’immersion de l’hydrolienne ».
Concernant celle-ci, la prochaine campagne d’immersion doit durer trois ans, pendant lesquels la machine alimentera le réseau électrique ouessantin. « Après une démonstration réussie en 2015-2016, cette nouvelle exploitation doit déboucher sur une production continue et fiabilisée ».
L'hydrolienne Sabella D10, ici avant son immersion en 2015 (© : MICHEL FLOCH)
Dans cette perspective, Sabella a engagé sur la machine, entreposée sur le port de commerce de Brest, des travaux de renforcement et de redondance des équipements embarqués. « Le trou d’homme de la nacelle ne permettant pas l’insertion de nouveaux composants électriques, la turbine est en cours de démontage partiel (séparation des bulbes et du rotor) pour permettre la dépose au sol de la nacelle et son transport en atelier pour être ouverte. Ces travaux d’intégration terminés, la nacelle sera réassemblée et la turbine remontée sur son ber. Ces travaux sont planifiés sur les quatre à cinq prochains mois. Une série de tests sera ensuite réalisée pour s’assurer du parfait fonctionnement et de la maîtrise du pilotage de l’engin avant de l’immerger pour une période de trois ans. SABELLA, consciente des perspectives et enjeux suscités auprès des ouessantins, du gestionnaire du réseau et des acteurs régionaux impliqués dans les différents projets innovants pour décarboner la production électrique sur les îles non raccordées (TEPCV, BEL, ICE, SMILE, etc.), souligne que ces délais sont longs mais pleinement nécessaires à l’apprentissage et à la maturation de ces solutions énergétiques novatrices ».
Pour mémoire, l'hydrolienne D10, intégralement construite en France, est dotée d’un rotor de 10 mètres de diamètre, avec une hauteur totale de 17 mètres et une masse de 400 tonnes pour une puissance maximale de 1 MW. Après son immersion dans le passage du Fromveur en juin 2015, elle avait été raccordée au réseau électrique d'Ouessant en novembre de la même année.