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Un espace de plus de 12.000 m², dont la moitié couvert, avec deux nouveaux ateliers et une aire de pré-montage. Connu chez STX France sous le nom de code « Anemos », le nouveau pôle dédié aux énergies marines renouvelables (EMR) sera opérationnel au printemps prochain. Les travaux, confiés au groupe de construction SNC Lavalin, débuteront à la fin de l’été. Ces nouvelles capacités industrielles vont permettre au chantier nazairien de disposer d’un site de construction spécialisé et adapté aux projets visés. « C’est la première fois depuis 10 ans que nous allons construire ici un nouvel atelier. Cela signifie que nous croyons dans notre industrie et, notamment, que nous pouvons être présents et efficace sur le marché des EMR », souligne Laurent Castaing, directeur général de STX France.

 

 

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© STX FRANCE

Le futur pôle EMR (© STX FRANCE)

 

 

En attente de réponse sur une dizaine d’appels d’offres

 

 

Dans le cadre de sa stratégie de diversification, l’entreprise s’intéresse depuis plusieurs années aux énergies marines, pour lesquelles elle a remporté ses premiers contrats. D’abord, une fondation métallique de type jacket pour le prototype de l’Haliade 150, l’éolienne offshore de forte puissance développée par Alstom. Après la livraison de cette imposante structure, fin 2012, Saint-Nazaire s’est vu confier par l’énergéticien danois Dong la réalisation d’un équipement encore plus impressionnant, en l’occurrence une sous-station électrique de champ éolien offshore. Celle-ci a été livrée le mois dernier et est aujourd’hui installée et opérationnelle au large des côtes britanniques. Ces premières réalisations, menées à bien avec succès, sont considérées comme très encourageantes par la direction de STX France. Forte de ces références, l’entreprise française commence à se faire connaître sur le marché et a répondu à de nombreux appel d’offres. Ayant aujourd’hui une bonne dizaine de fers au feu, elle compte bien engranger de nouveaux contrats d’ici la fin de l’année et a décidé d’anticiper les bonnes nouvelles.

 

 

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© STX FRANCE

Sous-station électrique dans un champ éolien offshore (© STX FRANCE)

 

 

« Le risque c’est surtout d’être toujours en retard » 

 

 

« C’est une décision d’entrepreneur qui parie sur le développement d’un secteur. Elle témoigne de notre conviction que les énergies marines renouvelables constituent un marché à fort potentiel en Europe et sur lequel STX France sera un acteur un acteur industriel de référence. On constate aujourd’hui, dans le domaine des EMR, un flux important d’appels d’offres et de commandes. Nos premières réalisations nous prouvent que nous ne sommes pas mauvais et que l’on peut gagner des commandes. C’est donc le moment d’y aller », assurent Laurent Castaing et Frédéric Grizaud, directeur de la Business Unit Energies Marines de STX France. Tous deux expliquent que, même si lancer un tel investissement avant de prendre des commandes constitue un risque, celui-ci est calculé et participe d’une logique industrielle : « Si nous n’avons pas attendu de signer des contrats pour lancer cet investissement, c’est que le délai entre la prise de commande et la réalisation est inférieur au temps qu’il faut pour construire un atelier. Nous avons donc décidé de prendre le risque car, si nous ne le faisons pas, le risque c’est surtout d’être toujours en retard ».

 

 

20 millions d’investissements et la région en soutien

 

 

En tout, le nouveau pôle représente un investissement de 20 millions d’euros. STX France, qui a déjà lourdement investi dans la modernisation de son outil industriel (nouveau portique, nouveaux outils de conception numériques…), ne pouvait financer seul cet équipement. La région des Pays de la Loire, qui appuie le développement des EMR sur son territoire, lui a donc apporté son soutien. Elle a aidé le chantier à trouver les fonds nécessaires, grâce notamment à l’appui de son service financier, tout en servant de garantie auprès des banques et en entrant au capital d’Usimer Immo. Il s’agit de la société qui porte le projet. STX France en est l’actionnaire majoritaire mais sont également présents dans le capital la SEM régionale des Pays de la Loire et Sonadev. Au final, la région a mis sur la table 1.5 million d’euros en prise de capital, 1.2 million d’euros en avance de compte courant et 500.000 euros en garantie de prêts bancaires.

 

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

Le jacket et le top side de la sous-station livrée à Dong (© STX FRANCE - B. BIGER)

 

 

Les moyens d’assurer une diversification pérenne

 

 

Il est clair qu’avec son nouveau pôle EMR, Saint-Nazaire va voir cette activité prendre une nouvelle dimension. Terminée l’utilisation de la grande forme de construction ou de l’alvéole de peinture des grands blocs de navires pour caser, entre deux bateaux, un jacket ou le top side d’une sous-station électrique. Car ces moyens existants ont certes rendu de grands services pour mener à bien les premiers projets, mais la construction de nouveaux paquebots géants va rapidement saturer les capacités historiques du site. C’était d’ailleurs, jusqu’à présent, la grande problématique de la diversification de STX France, le chantier passant très rapidement d’une situation de sous-charge à une période de surcharge. Malgré une volonté très forte affichée lors des périodes de faible activité,  la diversification était, faute de place, mise en sommeil sitôt les paquebots de retour. Ce ne sera donc plus le cas, grâce à l’édification d’une usine dédiée, que le chantier a décidé de lancer alors même qu’il entre dans une période de très forte activité sur la croisière. La direction démontre donc que ses ambitions dans ce domaine n’étaient pas des paroles en l’air, destinées à rassurer les salariés lorsque l’entreprise était au creux de la vague.

 

 

Les éoliennes flottantes, l’hydrolien, le houlomoteur…

 

 

« Cet investissement est très important car, jusqu’à présent, nous avons essentiellement mobilisé des moyens humains pour nos premiers contrats dans le domaine des EMR. Là, nous nous dotons d’outils spécifiques ». Des outils qui vont permettre de réaliser des éléments d’éoliennes offshore, fondations et pièces de transition par exemple, des sous-stations électriques mais aussi, car l’entreprise vise également ces technologies à l’avenir, des sous-ensembles pour l’éolien flottant, le houlomoteur et l’hydrolien. Dans ce dernier cas, on pense notamment aux supports d’hydroliennes constitués de structures tubulaires mécano-soudées.

 

 

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© DCNS

Hydroliennes (© DCNS)

 

 

Le futur pôle dans le détail

 

 

Le site retenu se situe au bord du bassin C, côté Saint-Nazaire. Il se trouvera donc à proximité du hub logistique qu’EDF Energies Nouvelles développera aux abords de la forme Joubert pour répondre aux besoins de la construction du futur parc éolien implanté au large de Guérande. Les structures réalisées par le pôle EMR ne seront pas expédiées par le bassin C, qui conservera sa fonction de cale sèche pour les grands paquebots, à commencer par l’Oasis 3 (le « A34 » y prendra place à l’été 2015). Elles seront en fait roulées vers le quai de la prise d’eau, dans le bassin de Penhoët, afin d’être chargées sur des barges ou des navires.   

 

 

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© STX FRANCE

(© STX FRANCE)

 

 

Trois espaces vont donc être aménagés sur le pôle EMR de STX France. Le premier est un bâtiment d’assemblage de sous-ensembles « plan » long de 90 mètres, large de 35 mètres et haut de 16 mètres. Cet atelier sera équipé de deux moyens de levage d’une capacité de 60 tonnes. Une aire de pré-montage, dans son prolongement, s’étalera sur 6000 m² (150 mètres de long pour 40 mètres de large). A l’autre extrémité de l’aire de pré-montage, côté Loire, on trouvera une  alvéole de peinture de 50 mètres de long, 35 mètres de large et 25 mètres de haut.

 

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

Jacket en alvéole de peinture (© STX FRANCE - BERNARD BIGER)

 

 

Elle sera capable de traiter des structures de grandes dimensions, comme les jackets et top sides, et permettra de répondre aux normes très exigeantes du secteur offshore, tout en évitant les rejets de solvants dans l’air (l’alvéole sera équipée d’un système de traitement de ces produits). « Grâce à ces ateliers ultramodernes qui déploieront des moyens et des méthodes de production de pointe alliant numérique, automatisation et standardisation, c’est une usine du futur qui voit le jour. Cet équipement s’appuie sur notre savoir-faire en matière de grandes structures métalliques marines, cœur de métier du chantier de Saint-Nazaire, pour servir les exigences de ses nouveaux clients dans l’énergie. Son efficacité sera l’un des leviers qui permettra à STX France de contribuer à la réduction des coûts des énergies marines », assure l’entreprise.  

Côté capacités, le nouveau pôle pourra travailler à la chaîne : « C’est un outil polyvalent, qui nous permettra par exemple de réaliser plusieurs sous-stations par an, un nombre raisonnable de fondations, mais aussi d’autres types de modules », précise Frédéric Grizaud. Par autres types de modules, le patron de la BU Energies Marines de STX entend des projets dans  l’offshore pétrolier et gazier, à l’image du module que le chantier livrera le mois prochain à Saïpem. Cette structure très dense, comprenant des systèmes électriques et de climatisation, est destinée à l’unité flottante de production et de stockage (FPSO) Girassol, que Total exploite au large des côtes africaines.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le module fabriqué pour le FPSO Girassol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Un agrandissement déjà prévu

 

 

Comme on l’a vu, la direction de STX France mise beaucoup sur les énergies marines, se fixant toujours, comme objectif, que cette activité représente 15 à 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise à l’horizon 2020. Peut-être même plus ensuite, pourquoi pas 30% s’avance Laurent Castaing,  qui souligne que le projet de nouveau pôle n’en est aujourd’hui qu’à sa première phase de développement. Si les commandes sont au rendez-vous, il  est en effet d’ores et déjà prévu d’étendre le site. Côté force de travail, le pôle est, en théorie, conçu pour pouvoir accueillir plus de 200 personnes mais, dans les faits, les effectifs devraient être moindres. Le chantier compte d’abord s’appuyer sur un noyau de base au sein de ses propres équipes, par exemple les soudeurs qui ont bénéficié de formations pour réaliser les structures déjà livrées. Pour le reste, comme la direction anticipe une activité analogue à celle des navires, c'est-à-dire cyclique, il est plutôt prévu, actuellement, de recourir à des intérimaires et des sous-traitants lors des pics de charge.

 

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

(© STX FRANCE - BERNARD BIGER)

  

 

Cap sur l’export en attendant les décisions françaises

 

 

Pour l’heure, STX France se concentre sur le marché export, au moment où les projets de parcs éoliens offshore fleurissent en Europe. Certes, il y a des projets en France, mais cela n’avance pas bien vite : « Les délais concernant les projets EMR en France sont très long du fait de la complexité administrative et de la problématique des recours, qui peuvent être formulés à n’importe quel moment. Heureusement, la loi de transition énergétique devrait fixer des délais pour encadrer les recours », note le directeur général de STX France, qui rappelle que « toute l’industrie réclame un raccourcissement des délais ». Et de prendre l’exemple du premier appel d’offres français sur l’éolien offshore. Bien que les lauréats soient connus depuis avril 2012 et que la période de levée de risques s’est  achevée à l’automne 2013, aucune grosse commande n’a encore été signée.  « Pour le parc de Guérande, par exemple, le débat public à eu lieu mais l’enquête publique n’a même pas encore commencé… » Il y a pourtant urgence car les premiers champs français, dont la construction représente un chantier colossal, doivent être opérationnels en 2018. Et, dans le même temps, il est évident que les retards pris ne facilitent pas le lancement dans l’Hexagone d’une nouvelle filière capable de rivaliser avec une concurrence européenne déjà installée. Or, si  la France va dépenser des milliards d’euros dans des parcs éoliens en mer, c’est non seulement pour contribuer à l’augmentation de la part des énergies vertes dans son mix énergétique, mais aussi pour voir émerger une  nouvelle industrie à forte valeur ajoutée et pourvoyeuse d’emplois…  

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