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Non seulement le chantier de Saint-Nazaire se modernise, mais en plus il se diversifie. Hier, la première pierre de la nouvelle usine de STX France dédiée aux énergies marines a été posée. C’est la première fois, depuis une décennie, que l’entreprise se dote de nouveaux ateliers. Et la future structure sera imposante, avec son bâtiment d’assemblage de 90 mètres de long, 35 mètres de large et 16 mètres de haut. Equipée de deux moyens de levage de 60 tonnes, cette unité sera complétée par une aire de pré-montage de 6000 m² et une alvéole de peinture de 50 mètres de long, 35 mètres de large et 25 mètres de haut.

 

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© STX FRANCE

(© : STX FRANCE)

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© STX FRANCE

(© : STX FRANCE)

 

Baptisée Anemos, la nouvelle usine, implantée au bord du bassin C et prévue pour entrer en service en 2015, sera chargée de réaliser des fondations métalliques de type jacket destinées aux éoliennes offshore, des sous-stations électriques mais aussi les pièces de transition faisant la jonction entre le mât et la fondation de l’éolienne.  « Grâce à ces ateliers ultramodernes qui déploieront des moyens et des méthodes de production de pointe alliant numérique, automatisation et standardisation, c’est une véritable usine du futur qui s’apprête à voir le jour. Cet équipement s’appuie sur notre savoir-faire en matière de grandes structures métalliques marines, coeur de métier du chantier de Saint-Nazaire, pour servir les exigences de ses nouveaux clients dans l’Energie. Son efficacité sera l’un des leviers qui permettra à STX France de contribuer à la réduction des coûts des Energies Marines », a déclaré Laurent Castaing, directeur général de STX France.

 

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© STX FRANCE

(© : STX FRANCE)

 

Un outil dédié pour percer sur un marché en plein développement

 

Représentant un investissement de 20 millions d’euros, ce projet d’envergure marque la volonté du chantier de passer à la vitesse supérieure sur ce nouveau segment de marché, où il estime avoir fait ses preuves. Ainsi, après la réalisation fin 2011 d’un premier jacket pour le prototype de l’Haliade 150, l’éolienne offshore de forte puissance d’Alstom, STX France a mené à bien, cette année, son premier projet majeur. Il s’agit de l’imposante sous-station électrique commandée par l’Energéticien Danois Dong pour équiper le champ britannique Westermost Rough. Une superbe réalisation (voir notre article sur le sujet) qui a fini de convaincre le chantier qu’il avait toutes ses chances pour se développer sur ce secteur en plein développement.

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

Le jacket et le Topside de la sous-station réalisée pour Dong (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER)

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© STX FRANCE

Sous-station électrique (© : STX FRANCE)

 

Pour cela, il a donc été décidé d’édifier un pôle consacré aux énergies marines, avec son propre outil industriel. Une décision qui permettra à la nouvelle activité de s’appuyer sur une structure dédiée et non plus sur les moyens du chantier, qui vont par ailleurs être très sollicités avec les deux séries de paquebots géants que STX France doit livrer à partir de 2016.

Capable de réaliser chaque année plusieurs sous-stations électriques, ainsi qu’un nombre significatif de jackets et de pièces de transition, Anemos va permettre à STX France d’optimiser son processus de fabrication et donc de réduire ses coûts. Un avantage supplémentaire pour s’imposer dans la rude compétition internationale engagée  autour des parcs éoliens en mer. Mais, pour faire sa place, le chantier compte également sur l’innovation et, à ce titre, participe avec ses partenaires locaux à plusieurs programmes de R&D, qui bénéficient d’un fort soutien financier de la région des Pays de la Loire.

 

Les programmes de Recherche & Développement

 

Jusqu’à présent, ces recherches se sont concentrées sur des fondations (programme Fondéole), les sous-stations électriques (Wattéole) et les navires de pose d’éoliennes (Poséole). De ces travaux sont déjà sortis le concept AG4, portant sur une fondation de type jacket très compétitive (les fondations représentent 40% du coût des champs éoliens) et certifiée par le DNV en décembre 2012. La R&D a également permis de réaliser un certain nombre d’avancées techniques et économiques, comme des procédés de fabrication permettant d'atteindre une résistance de 20 ans en milieu marin, ou encore une automatisation du soudage afin de baisser le coût du kWh en réduisant les coûts de production.

 

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© STX FRANCE

La fondation AG4 (© : STX FRANCE)

 

STX France rappelle par ailleurs que ces programmes de R&D ont favorisé l’embauche, dans sa filiale d’ingénierie STX France Solutions, de cinq ingénieurs et de deux doctorants de l’Université de Nantes dont les thèses sont en cours. « STX France Solutions a ainsi développé un savoir-faire de haut niveau en France dans le domaine de l’ingénierie pour l’éolien offshore, se hissant ainsi dans le groupe très fermé des ingénieries d’Europe du Nord spécialisées dans ce domaine. Les travaux issus de ces axes de recherche font l’objet de publications internationales (3 communications à L’EWEA Offshore – Francfort, Novembre 2013, 1 communication à l’EWEA 2012 - Vienne). Deux brevets ont été déposés à ce jour ».

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

Le module destiné au FPSO Girassol (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER)

 

L’hydrolien, le houlomoteur, l’Oil & Gas…

 

Alors qu’Anemos pourrait s’étendre si le marché s’y prête (STX France ambitionne de réaliser 15 à 20% de son chiffre d’affaires dans les énergies marines en 2020), le chantier nazairien ne vise pas que l’éolien offshore. L’industriel cherche également à se positionner sur d’autres types d’énergies marines renouvelables, comme l’hydrolien et le houlomoteur. Et entend, par ailleurs, renforcer son activité sur le secteur offshore pétrolier et gazier (Oil & Gas). A ce titre, il a notamment achevé, cette année, un module destiné à l’unité flottante de production et de stockage (FPSO) Girassol, exploité par Total au large de l’Angola.

Les perspectives sont donc encourageantes et STX France compte bien enregistrer prochainement de nouvelles commandes dans les énergies marines. Une diversification qui permettra d’élargir l’activité de l’industriel, jusqu’ici trop dépendant du seul marché cyclique des paquebots.

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

Christophe Clergeau, Laurent Castaing et David Samzun (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER)

 

Un fort soutien des collectivités territoriales

 

Voir un tel projet devenir réalité constitue en tous cas un réel motif d’optimisme, ce qui est plutôt rare en cette période économiquement difficile. Hier, lors de la pose de la première pierre d’Anemos, l’heure était donc à l’enthousiasme. Non seulement au sein du chantier, mais également chez les élus locaux, à l’image du maire de Saint-Nazaire, David Samzun, mais aussi du 1er vice-président de la région, Christophe Clergeau, très actif dans le soutien au développement de l’économie maritime : « Qui aurait pu imaginer il y a seulement quelques années la construction chez STX d’une nouvelle usine dédiée aux énergies marines? Bien peu de gens en vérité… La Région encourage depuis le début cette stratégie de diversification portée par la direction des chantiers et concrétisée par les ingénieurs, techniciens et ouvriers des chantiers navals. Nous avons décidé d’investir massivement dans l’innovation, l’outil de production et la formation des salariés. Nous avons travaillé d’arrache-pied avec STX pour convaincre les banques de financer cette nouvelle usine. C’est donc un vrai motif de satisfaction ». Actionnaire d’Usimer Immo, société portant Anemos, la Région a, via son service financier, aidé le chantier à financer le projet et a mis sur la table 1.5 million d’euros en prise de capital, 1.2 million d’euros en avance de compte courant et 500.000 euros en garantie de prêts bancaires. La nouvelle usine a également pu voir le jour grâce au soutien de la Caisse des Dépôts et de la Communauté d’agglomération de la région nazairienne. 

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