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La Touline, qui œuvre depuis 1989 à l’accompagnement professionnel des gens de mer et du milieu maritime tenait son assemblée générale annuelle le vendredi 5 juin. L’occasion de revenir, avec sa directrice Anne Le Page, sur les sujets de préoccupation de l’association, parmi lesquels la nouvelle obligation, pour tous les navigants, de revalider l’intégralité des brevets et certificats STCW avant le 31 décembre 2016. Une échéance qui risque de pénaliser un grand nombre de demandeurs d’emplois ou de personnes en reconversion.

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MER ET MARINE : Pourquoi, au 31 décembre 2016 prochain, l’ensemble des marins doivent-ils renouveler tous leurs certificats et brevets STCW ?

ANNE LE PAGE : Il s’agit d’une des conséquences de l’entrée en vigueur des amendements de Manille de 2010 à la convention STCW. Ceux-ci prévoient l’obligation de revalidation de l’ensemble des certificats STCW, y compris ceux qui auparavant été acquis à vie, comme par exemple le BAEERS (Brevet d'Aptitude à l'Exploitation des Embarcations et Radeaux de Sauvetage) devenu depuis le CAEERS, ainsi que de nouvelles formations liées aux obligations de sûreté.

Comment cela va-t-il se traduire pour les gens de mer ?

Pour ceux qui sont en CDI dans un armement, cela se traduira par un certain nombre de stages à repasser avant l’échéance du 31 décembre 2016. Les compagnies se sont déjà lancés dans le processus et les agendas des centres de formation agrées se remplissent très vite. Ce qui pose déjà des problèmes d’embouteillage, d’autant que s’y ajoutent les élèves de l’ENSM et des lycées maritimes qui passent ces formations dans le cadre de leur cursus.

Pour les marins en recherche d’emploi ou en reconversion, c’est beaucoup plus compliqué. L’ensemble du processus coûte environ 2000 euros. Le financement de ces formations peu, dans le cadre d’une reconversion, être pris en compte au titre du compte personnel de formation, ce qui n’est pas encore suffisamment su par les marins.

Et pour les demandeurs d’emploi ?

C’est le gros problème. Malgré un accord de branche signé en 2015 par les syndicats et Armateurs de France, l’accès au financement des formations STCW n’est pas accessible de manière uniforme aux demandeurs d’emploi. On constate notamment des différences entre les différentes régions où nous avons à intervenir : les marins au chômage ne peuvent, bien souvent, pas accéder du tout à ces formations pourtant désormais indispensables pour embarquer. Les marins pêcheurs qui souhaitent embarquer au commerce peuvent ainsi se retrouver bloqués faute de financement de ces stages, alors même, et nous avons des exemples concrets, qu’ils ont obtenu une promesse de recrutement.

Nous avons alerté les syndicats, Armateurs de France, les Affaires Maritimes ainsi que l’OPCA Transport sur cette situation qui peut devenir très critique pour certaines carrières. Il risque d’y avoir de la casse parce que les marins sont las et n’ont tout simplement pas les moyens de poursuivre leur métier, en raison de ces contraintes règlementaires.

La Touline accompagne depuis plus de 25 ans les marins. Comment cela se traduit-il au quotidien ?

Nous consacrons de plus en plus de temps à l’accompagnement personnel de nos adhérents, navigants ou travaillant dans le secteur maritime au sens large (avec notamment les chantiers navals ou la poissonnerie). Cette année, nous avons suivi, dans le cadre partenariat avec Pole Emploi, quatorze personnes en accompagnement renforcé. Nous continuons également à beaucoup travailler sur les dossiers de Validations de l’Acquis de l’Expérience (143 accompagnements en cours). Nous venons également de formaliser nos rapports avec l’AGEFOS-PME, via une convention, qui va nous permettre de faciliter nos démarches d’accompagnement professionnel, et ce à un niveau national. Et bien sûr, nous continuons nos missions de promotion et d’orientation vers les métiers de la mer à travers de nombreuses manifestations de type rencontre entre élèves de lycée et armateurs, découverte du milieu de la réparation navale à Marseille ou encore des marées découvertes à bord de bateaux de pêche et de commerce pour des jeunes ou des demandeurs d’emploi.

Propos recueillis par Caroline BRITZ © Mer et Marine, juin 2015

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