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Beaucoup d’émotion et de monde le long de la Charente pour saluer le passage, dans l’après-midi du dimanche 7 septembre, de l’Hermione. A terre et sur l’eau, la foule s’est pressée pour admirer la fierté locale tout juste sortie des écluses de Rochefort où elle a été construite. Le navire, réplique de la frégate avec laquelle le marquis de Lafayette a rejoint les insurgés américains menés par George Washington en 1780, va entamer ses premiers essais en mer. Ceux-ci dureront deux mois et se dérouleront le long de la façade atlantique, de Bordeaux à Brest. La frégate sera ensuite prête à effectuer sa première transatlantique, prévue à l’été 2015.

 

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L’Hermione, c’est une histoire de passion qui naît en 1992 avec notamment l’écrivain Erik Orsenna, Benedict Donnelly et Jean-Louis Frot, le maire de Rochefort. L’idée est de reconstruire le bateau, devenu mythique, et, par la même occasion, raviver le savoir-faire du port charentais qui a été le point de départ de nombreuses expéditions scientifiques au 18ème et 19ème siècles et le siège d’un arsenal créé par Colbert. La renaissance de ce dernier a été engagée à la fin des années 80 avec la rénovation de la grande corderie royale et son ouverture au public en 1987. Le projet Hermione, lui, est officiellement –et symboliquement- lancé le 4 juillet 1997 avec l’ouverture du chantier de construction du navire. La mobilisation locale et internationale est importante : la ville de Rochefort, le département Charente-Maritime, la région Poitou-Charentes, l’association Hermione La Fayette (qui compte plus de 7000 adhérents), la fondation Hermione qui mobilise le mécénat pour le voyage inaugural et son alter ego américaine Friends of Hermione in America qui va organiser toutes les escales outre-atlantique.

 

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L’Hermione, c’est un trois mâts de 65 mètres de long et 47 mètres de haut. La frégate originale faisait partie d’une série de quatre navires (la Courageuse, La Concorde, La Fée), tous construits à Rochefort sur les plans de l’ingénieur Chevillard Aîné. 400.000 pièces de bois et de métal ont été nécessaires à sa construction, ainsi que 2000 chênes sélectionnés dans les forêts françaises. 2200 m2 de voilure, répartie en 17 voiles en toiles de lin réalisées avec des finitions faites mains, un gréement en manille et en chanvre de près de 25 km de cordage et 26 canons, reproductions exactes de l’époque, tirant des boulets de 12 livres.

 

 

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Le défi de la construction à l’identique a mobilisé de nombreux professionnels et spécialistes, souvent picto-charentais. L’essentiel des travaux de charpente et une partie des travaux de mâture ont ainsi été confiés à l’entreprise Asselin, de Thouars, spécialisée dans la restauration de monuments historiques. L’ingénierie et la direction de la construction ont été menées par CRAIN et Yacht Concept, de la Rochelle. Les travaux de forge ont été réalisés par les ateliers AMI, Métalnéo de Rochefort, Fer de Terre de Saint-Savinien et les forges de l’arsenal de Rochefort. De nombreux chantiers et spécialistes du bois ont été mobilisés pour les aménagements, la sculpture et le pouliage (Alexandre Genoud Bateaux Bois de Fouras, Chantier Naval des Minimes, Chantier nautique du Vieux Port de la Rochelle, Imagibois de Saint-Just-Luzac, Dominique Chaussat ébéniste à Thouré d’Aunis, Ateliers Blu de Lagord, Jean-Michel Drugeon ébéniste à Allas-Champagne, Frédéric Nobili sculpteur à Breuil-Magné). Enfin pour tous les équipements contemporains, ce ont les ateliers mécaniques des pertuis de la Rochelle, la Chaudronnerie générale surgérienne, Joyet et Fils de Surgères, Missenard de Perigny et Pochon Pro qui sont intervenus. Des lycées professionnels et des CFA de la région ont également pu participer au projet.

 

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En tout, la construction aura duré 17 ans entre la pose de la quille en juillet 1997 et le départ pour les essais en mer dimanche dernier. 17 ans durant lesquels plus de 4 millions de visiteurs sont venus découvrir le chantier. Le projet aura coûté 25 millions d’euros, pris en charge par les collectivités locales, l’Etat, l’Europe et le mécénat.

Après les essais en mer de l’automne, la frégate reprendra ses entraînements en mars puis effectuera le grand départ vers l’Amérique en avril 2015. 7500 milles au départ de Rochefort, avec une escale aux Canaries puis une route directe sur Yorktown, où Lafayette, commandant le régiment La Virginie, a remporté une victoire décisive contre le général anglais Cornwallis en 1781. Puis ce sera Alexandria, Annapolis, Baltimore, Fort Mifflin, Philadelphie, New-York, Greenport, Newport, Boston, Castine et Halifax d’où le navire repartira vers Brest le 20 juillet.

 

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L’équipage de 78 personnes est désormais placé sous le commandement de Yann Cariou, qui a notamment commandé le Belem et les goélettes Belle Poule et Etoile de la Marine nationale. Les marins ont été recrutés selon deux circuits parallèles. Des marins professionnels, dont quatre militaires mis à disposition,  et des spécialistes des voiles et de la charpente constitueront la colonne vertébrale du bord. Pour le reste, les équipiers sont volontaires et ont été recrutés après sélection sur CV et lettre de motivation. Sur 800 candidatures reçues, 150 ont été retenues. Les stagiaires ont déjà reçu une formation pratique, puis sont venus régulièrement sur le chantier pour se familiariser avec le navire. A bord, les volontaires seront regroupés par tiers de 18 et enchaîneront des quarts de 4 heures suivis de 8 heures de repos. Les deux mois à venir seront donc l’occasion de tester le mode de navigation rustique de l’époque. 

 

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