Avec la nymphe Calypso, le temps coule beaucoup plus lentement. Ulysse, en route pour Ithaque, restera sept années auprès de la nymphe aux belles boucles sur l'île d'Ogygie. Refusant la jeunesse éternelle, Ulysse reprit la mer pour retrouver Pénélope, laissant Calypso sur son île.
Mais la Calypso, le navire, semble plutôt suivre les pas d'Ulysse, naviguant pendant des années avant de revenir à bon port. Depuis son accident en 1996 - une collision avec une barge à Singapour -, le navire attend toujours d'être réparé. « Je veux que Calypso reste au service de la science et de l'éducation », avait lancé le commandant Cousteau après le naufrage.
Une idée de musée qui tombe à l'eau
Dès 1996, le navire renfloué revient en France et mouille à Marseille. Un premier projet de Futuroscope de la mer est lancé, avant de tomber à l'eau.
En 1998, la Calypso rallie La Rochelle et son musée maritime. Un musée dans lequel certains voient déjà le navire devenir le clou de la visite. Las, le bateau pourrira dans le port et sera pillé.
Le bout du tunnel devait être visible en 2007. Contre toute attente, le bateau est capable de naviguer et de rejoindre Concarneau. Dans la ville bleue, le navire doit se refaire une santé et être remis à neuf. Dans l'édition du 17 février 2009 du Télégramme, Francine Cousteau, veuve du commandant, n'hésite pas à évoquer « une exposition itinérante qui accompagnerait le navire sur ses différentes escales ».
« Aucun commentaire à faire »
La même année, les travaux sont arrêtés et la bataille judiciaire commence. Elle s'arrête pour l'instant (le pouvoir en cassation est encore possible), avec la décision de la cour d'appel de Rennes : le bateau devait quitter les chantiers Piriou avant le 9 février 2015. Pour prendre un nouveau départ ?
Jointe par la rédaction, l'équipe Cousteau n'a pas donné suite. « Aucun commentaire à faire », ajoute-t-on du côté des chantiers Piriou. En 2004, une rumeur circulait à propos d'un rachat et la transformation du bateau en musée, au Bahamas. Un retour à Marseille, une fois le bateau réparé, est envisagé.
À moins qu'une phrase lâchée en interview pour France Inter, en 1984, par le commandant en personne ne se révèle finalement prophétique : « La Calypso ? Je préfère la voir couler avec les honneurs, que transformée en musée. Je ne veux pas que ce bateau se prostitue et que les gens viennent pique-niquer à son bord ».
Un article de la rédaction du Télégramme