La Nébuleuse. Majestueuse. Et très belle restauration d'un bateau de pêche dans l'Hexagone. À son bord, on peut effectuer des sorties en mer, dans l'archipel de Bréhat, comme dans toute la Bretagne, que l'on soit particulier pour un événement familial ou responsable d'un comité d'entreprise. Dans la baie, tout le monde connaît le bateau de Cédric Lagrifoul, mais ce que l'on sait moins, c'est que le vieux gréement va renouer avec une belle tradition maritime, méconnue du grand public, car la cité des Islandais n'a aucun passé de ce genre. La Nébuleuse, ancien thonier de Camaret, va en effet se transformer en pinardier pour transporter du vin de Bordeaux et des passagers.
Un doux roulis
« C'est une histoire qui remonte au XIXe siècle », raconte Cédric. « Des négociants bordelais utilisaient des grands voiliers pour bonifier le vin, à condition que celui-ci soit bon au départ ! On ne va pas transformer une piquette en grand cru, mais les mouvements doux des voiliers conféraient au vin une belle qualité. Ce sont les Bordelais les premiers qui s'en sont rendu compte, en revenant des Indes. Cela donnait une plus-value ». Sauf qu'avec le temps et les évolutions techniques, les grands voiliers ont disparu. Et les mouvements lents avec eux.
10.000 bouteilles et quatre barriques
« On aurait pu continuer cette belle histoire avec des bateaux à moteur si ce n'est que c'est juste une catastrophe que de faire vibrer le vin ! », assure Cédric. « Il est ainsi fortement déconseillé d'avoir une cave, au-dessus du métro. Il faut même oublier ! », ironise-t-il. S'il est aujourd'hui lancé dans cette nouvelle aventure, c'est grâce au partenariat qu'il entretient avec la Transocéanic Wind Transport (TOWT), société de transport à la voile basée à Brest. Et avec le concours de vignerons qui ont pris l'initiative de livrer leur vin, sans empreinte carbone. 10.000 bouteilles et quatre barriques vont ainsi être embarquées du 25 avril au 11 mai. Et la traversée de Paimpol à Bordeaux et retour, sur 17 jours, est aussi ouverte au grand public. « On va se limiter à douze personnes, même si on peut en prendre dix-huit car je veux pouvoir prendre le temps pour le partage des manoeuvres. On va être longtemps ensemble ; il faudra barrer le bateau de nuit ; cela favorise les échanges et je sais que ça va être super. »
Un litre de vin par jour
« Entre 1948 et 1987, par marin, paysan et ouvrier, on buvait un litre de vin par jour ! Il fallait bien aller le chercher... Sur un bateau comme La Nébuleuse, ancien thonier, les marins avaient droit à un verre de vin pour 100 thons pêchés. La moyenne était de 500 thons dans une journée et le record est de 740. Je vous laisse calculer le gain en vin ! ». En revanche, à bord, le temps de la croisière, pas question de toucher à la cargaison. Il faudra apporter ses propres bouteilles...
Un article de la rédaction du Télégramme