Dans la tempête de la crise pétrolière, Bourbon a choisi d’ajuster ses voiles et de changer de cap, comme il l’a déjà fait par le passé. Le groupe français, coté à la bourse de Paris et actuel leader des services à l’offshore pétrolier, a annoncé hier sa diversification vers le transport de gaz, via le rachat de Greenship Gas (17 navires de transport d’éthane, éthylène et gaz naturel liquéfié), Evergas (spécialisé dans les services liés au transport de gaz) et de 80% de JHW Engineering & Contracting (ingéniérie de projets et navires gaziers).
Jacques de Chateauvieux revient aux commandes
La transaction s’élève à 320 millions de dollars, mais Bourbon ne rachète pas à n’importe qui. Ces trois sociétés sont actuellement dans le giron de Jaccar, la holding de Jacques de Chateauvieux, qui détient plus de 53% de Bourbon. Ce dernier pourrait d’ailleurs reprendre les commandes de Bourbon, qu’il avait dirigé jusqu’en 2011, date à laquelle il avait choisi de prendre le poste de président du conseil d’administration et de laisser la fonction exécutive à Christian Lefèvre.
Diversifier pour contre-balancer l’offshore
Que comprendre derrière cette transaction ? D’abord que les rumeurs prêtant à Jacques de Chateauvieux l’intention de sortir Bourbon du marché boursier étaient fausses. L’intégration de cette activité gazière, sans doute en prévision du prometteur marché export américain, semble plutôt viser à rassurer les investisseurs, après des résultats 2015 en berne. Le retour d’une activité de transport – l’ancienne Setaf-Saget, devenue Greenships - différente va permettre à Bourbon d’équilibrer ses comptes, quand son marché principal, l’offshore pétrolier, ne dispose actuellement que de très peu de visibilité.
Une flotte qui sera affrétée coque nue
Financièrement, l’opération est annoncée comme quasi-neutre. « Bourbon bénéficiera d’un crédit vendeur de 100 millions de dollars sans intérêt pour une durée maximum de trois ans », rapporte la compagnie. Le crédit-relais de 220 millions de dollars, venant en complément de financement, sera remboursé par la revente de 80% de la flotte acquise, qui sera ensuite affrétée coque-nue pour 10 ans. Cette technique, déjà appliquée pour la flotte offshore, devrait permettre le remboursement du crédit-relais.