La compagnie bretonne et le chantier de Saint-Nazaire ont signé le 13 janvier le contrat portant sur la construction d’un nouveau ferry doté d’une propulsion au gaz naturel liquéfié. Livrable à l’automne 2016, ce navire mesurera 210 mètres de long pour 32 mètres de large et présentera une jauge de 53.000 GT. Doté de 675 cabines, il pourra transporter 2474 passagers, ainsi que 800 véhicules, par exemple 325 voitures et 80 camions. D’un coût de 270 millions d’euros, cette commande est issue du projet Pegasis de ferry au GNL, qui va bénéficier d’une aide d’une trentaine de millions d’euros dans la cadre du programme des Investissements d’avenir lancé par l’Etat. On notera que, contrairement à l’habitude chez Brittany Ferries, les collectivités locales ne participent pas, au travers d’une société d’économie mixte, au financement du navire. Celui-ci sera assuré par une société de droit privé portée par les actionnaires historiques de la compagnie.

Le futur navire de Brittany Ferries (© STX FRANCE)
Remotorisation et ajout de scrubbers pour les unités en service
En plus de cette construction neuve, qui permettra d’assurer le remplacement du Bretagne, Brittany Ferries a également confirmé la refonte de ses trois navires les plus récents, les Pont Aven, Armorique et Mont St Michel, qui recevront une propulsion au GNL en 2015 et 2016. Plus anciens, les Barfleur, Normandie et Cap Finistère seront, pour leur part, dotés de scrubbers (systèmes de lavage des fumées destinées à empêcher les rejets d’oxydes de soufre). Ces évolutions, qui vont avec le nouveau navire représenter un investissement global de 400 millions d’euros, vont permettre à l’armement de Roscoff d’adapter sa flotte à la mise en œuvre, à partir du 1er janvier 2015, de l’annexe VI de la convention Marpol. Celle-ci vise à réduire les émissions de soufre des navires exploités en Manche, mer du Nord et Baltique. La solution GNL permet en outre de diminuer les rejets d’oxyde d’azote, de CO2 et de particules fines au-delà de la règlementation actuelle, qui sera probablement amenée à se renforcer dans les années qui viennent.
Des projets pour l’avitaillement en GNL
Concernant la partie exploitation, le nouveau navire sera opéré sur les lignes longues de la compagnie. L’avitaillement en GNL sera réalisé depuis Plymouth et Roscoff, où un projet de développement d’un site de distribution est à l’étude. STX France travaille, par ailleurs, sur un design de barge d’approvisionnement en GNL. Le soutage pourra, en effet, être mené soit via une installation terrestre, soit en transbordement.
Le lancement de cet ambitieux plan par Brittany Ferries intervient au moment où la compagnie, après plusieurs années très difficiles, a renoué avec les bénéficies en 2013. C’est ce qu’a annoncé ce mardi Jean-Marc Roué, précisant que ce retour à un exercice positif était lié à la mise en œuvre du plan de retour à la compétitivité.
Un secteur porteur
Concernant STX France, le contrat Brittany Ferries, qui va assurer 500 emplois durant deux ans, est évidemment une excellente nouvelle, alors que le chantier doit regarnir son carnet de commandes. Avec Pegasis, il va également pouvoir rattraper son retard sur le marché des ferries au GNL, sur lequel l’Europe du nord avait pris une certaine avance. Proposant une solution innovante, comprenant l’intégration des cuves de GNL dans les soutes du navire, STX France espère enregistrer d’autres commandes de ce type. On pense par exemple au projet de quatre navires au GNL de la SNCM, l’aboutissement de ce contrat dépendant bien évidemment de la remise à flot de la compagnie.
La commande de MSC sur le feu
Reste que, si important soit-il, le nouveau navire de Brittany Ferries ne saurait se substituer à la commande de la nouvelle série de paquebots de MSC Cruises. Un contrat vital pour Saint-Nazaire, qui porte sur deux à quatre géants de 150.000 GT et 2000 cabines livrables à partir de 2017. STX France, qui doit impérativement réduire le prix proposé, est en compétition avec l’Italien Fincantieri qui, pour la première fois, peut espérer séduire le principal client de son concurrent français.
Enfin, STX France est toujours en discussion avec l’armement américain Royal Caribbean International pour offrir au paquebot géant Oasis 3 (227.000 GT, 2700 cabines), livrable au printemps 2016, un sistership, qui sortirait de l’estuaire de la Loire en 2018.
Brittany Ferries. Roué : "Commander un navire... par Letelegramme