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Quatre ans de ralentissement économique et de marché chahuté sur le transmanche ont laissé des séquelles. La direction de Brittany Ferries, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire qui s'est tenu en fin de semaine dernière, a exposé aux représentants du personnel les difficultés économiques auxquelles l'armement breton fait face. Après une année 2011 qui s'est finie dans le rouge, avec une perte de 18 millions d'euros, la compagnie annonce devoir adapter « son modèle économique face à une conjoncture fortement dégradée et une concurrence qui n'est pas soumise aux mêmes contraintes de pavillon ni exposée aux variations de la parité Livre sterling/euro ». Le difficile marché du transmanche La compagnie estime que la parité entre les monnaies européenne et britannique lui coûte environ 15 millions d'euros par an. Pour mémoire, sur les 2.6 millions de passagers transportés par Brittany Ferries, les trois quarts sont britanniques. Ils paient donc leur traversée en livre alors que les charges et frais de la compagnie sont, eux, payés en euros. Autre sujet de tension : la concurrence. Non seulement il y a les autres armements transmanches mais, en plus, le développement des liaisons aériennes low-cost a attiré une partie des touristes anglais vers de nouvelles destinations. Et même si le développement des lignes vers les ports espagnols de Bilbao et Santander rencontre un grand succès, celles-ci ne représentent que 250.000 passagers par an et ne permettent pas de compenser les difficultés du transmanche. « Sauvegarder la compagnie » Face à cette situation, la compagnie met ses troupes en ordre de bataille pour « pour retrouver de la compétitivité, sauvegarder la compagnie, et ce dans un cadre défini qui est celui de l'emploi et du pavillon français ». Deux fronts sont abordés. Un volet social qui va se traduire par la « réduction des coûts salariaux par des mesures telles que l'annualisation et l'aménagement du temps de travail et la suppression de certains avantages ». Concrètement, la compagnie, qui a déjà eu recours à des mesures de chômage partiel pour faire face au phénomène de saisonnalité, risque de diminuer son recours à l'emploi de saisonniers (environ 800 personnes pour 2500 employés permanents). L'autre volet est commercial puisqu'il s'agit de supprimer des traversées en avant et après saison sur les lignes transmanche « dans le but d'optimiser le remplissage des navires et les coûts d'exploitation ». Une pratique déjà expérimentée, notamment sur les lignes au départ de Saint-Malo et de Cherbourg, où les rotations sont renforcées durant la saison. Le Barfleur, qui était exploitée pour la saison 2011 entre Cherbourg et Poole, n'a pas été réarmé pour la saison 2012 et a été affrété au consortium LDLines/DFDS pour être exploité sur le Pas-de-Calais, où il navigue désormais sous le nom de Deal Seaways. Les détails de ces mesures ne sont pas encore connus. Et si les syndicats ne cachent pas leurs inquiétudes, ils attendent les prochaines semaines durant lesquelles des réunions sont prévues.

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