Le Canal Seine-Nord Europe deviendra enfin une réalité dans moins d’une dizaine d’années. Grâce à un financement complexe de 5 milliards d’euros partagé entre l’Etat qui déboursera 1.1 milliard puis la région Hauts de France, les départements du Nord, de l’Oise, de la Somme, de l’Aisne et du Pas-de-Calais qui s’acquitteront du même montant et d’autre part l’Union Européenne qui financera les études à hauteur de 50% et les travaux à hauteur de 40%, ce canal devrait constituer un important bassin d’emploi.
C’est en décembre 2020 que le premier coup de pelle devrait être donné, bien que des travaux de terrassement aient déjà été effectués il y a quelques années lors de la construction de l’autoroute A29.
Les travaux devraient s’étendre sur sept ans pour réaliser ce tronçon de 107 kilomètres reliant Compiègne à Aubencheul au Bac et sera à même de recevoir des convois fluviaux de 185 mètres de long, équivalent à 200 camions.
Ce projet comprend aussi la construction de quatre plates-formes multimodales implantées à Noyon, Nesles, Péronne et Marquion, lesquelles desserviront des usines existantes mais également de nouvelles ainsi que de nombreux silos céréaliers. Actuellement, les céréales de la région transitent principalement vers Rouen par la route. Parallèle à l’autoroute A1 complètement saturée, ce canal sera aussi une « bouffée d’oxygène ».
Du côté des travaux qu’il faudra réaliser pour mener le projet à terme, il y aura la construction de sept écluses – dont une permettra la jonction avec l’actuel Canal du Nord près de Péronne - , plusieurs quais de chargement tout au long du tracé, 61 raccordements routiers ou ferroviaires, plus d’une cinquantaine de ponts enjambant le canal, un lieu d’attente et d’évitage pour les unités fluviales ainsi que des installations dédiées à la plaisance.
Pour le creusement du tronçon de ce canal Seine-Nord Europe, le développement des activités « bord à quai » et celles qui en découleront, le chiffre de 30000 emplois directs ou indirects est avancé. Une belle persceptive dans une région qui a assisté à la fin du siècle dernier à la fermeture, ou au départ vers des pays tiers de nombreuses industries, notamment liées au textile.
Texte et photos : Marc OTTINI

Un long bief de l’actuel Canal du Nord qui devrait être vidé et rebouché après la mise en service du nouveau tronçon.
Les deux tunnels sur le Canal du Nord dont le plus long, celui de la Panneterie, ne permettent pas le passage des bateaux d’une largeur supérieure à 5.70 mètres.
L’écluse de Quinery sera certainement détruite lorsque le Canal Seine Nord-Europe sera ouvert à la navigation.
Malgré plusieurs écluses et les deux tunnels, le Canal du Nord demeure un axe fluvial bien fréquenté.
Pont Lévêque, cité batelière située sur l’Oise entre Compiègne et Noyon restera certainement un centre de réparation.
L’écluse à guillotine de Campagne – dont les agents des Voies Navigables de France assurent la gestion et la surveillance du trafic des deux ouvrages souterrains – voit quotidiennement le passage d’une multitude de convois.