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Hier, jeudi 5 novembre, nous avons appris, lors du Comité d’Etablissement Extraordinaire qui s’est tenu au siège de Louis Dreyfus Armateurs (LDA) à Suresnes, que CGG, partenaire de LDA depuis plus de 25 ans, a brutalement décidé, dans le cadre d’un plan de restructuration extrêmement important, de réduire sa flotte de navires d’acquisition sismique de 11 à 5 navires.

Dans ce but, CGG a choisi de couper court à cette synergie industrielle qui avait donné naissance à une société commune en 2013, GeofieLD, Société qui opère 6 navires sismiques sur lesquels travaillent 82 officiers de marine marchande français.

Le groupe CGG lui-même reconnait que les navires sous pavillon français, gérés par LDA avec des officiers français, sont nettement plus performants, plus disponibles et moins coûteux en exploitation que les navires de son autre partenaire, le norvégien Eidesvik.

Malgré cela, c’est ce partenaire norvégien qui serait conservé. Ce ne sont que des raisons strictement financières et de courte vue qui ont présidé à cette décision. La performance industrielle à venir de l’activité recherche sismique marine de CGG n’est donc, à aucun moment, prise en considération. Une véritable aberration, lorsque l’on sait que cette activité hautement capitalistique concentre une part considérable du risque financier dans ce secteur d’activité.

Mais le coup est d’autant plus rude que 11% du capital de CGG est détenu par l’Etat français, à travers la BPI France et IFP - Energie Nouvelle. L’Etat s’est donc porté caution, non seulement d’une option industrielle stratégiquement douteuse, d’un plan de restructuration qui en plus des 82 officiers français, touchera près 320 personnes en France entre CGG et LDA, mais aussi de la destruction de la filière sismique sous pavillon français pourtant mondialement reconnue et construite au prix de 25 ans d’un travail acharné.

Alors, l’Etat a-t-il fait tout ce qu’il pouvait pour éviter cette conclusion dramatique ?

La réponse est NON. Et nous, Syndicat Maritime Bretagne-Océans CFDT, exigeons que le dossier soit repris en hauts lieux, dans les délais les plus brefs, et que, collectivement, industriels, Etat et syndicats, nous étudions TOUTES les solutions pour éviter ce drame social et que cesse cette gabegie scandaleuse du potentiel industriel français.

Il n’est évidemment pas question de nier l’extrême difficulté de la situation financière de CGG, et la vulnérabilité d’une telle société vis à vis des marchés financiers.

Mais, alors que le Président de la République affirmait avant son élection que son ennemi était la finance, son gouvernement qui appelait encore de ses voeux une croissance bleue la semaine passée peut-il laisser un pan entier de la compétence maritime française disparaître sans se battre ? Un immobilisme qui serait d’autant plus choquant que CGG a bénéficié d’avantages fiscaux en France pour l’achat de ses navires.

Des solutions existent. Syndicats et politiques doivent d’urgence faire entendre raison au Gouvernement, pour que soient mises en place les dispositions qui permettront de sauver nos emplois et les entreprises qui, comme CGG, font face à des problématiques conjoncturelles et ont besoin d’outils efficaces pour maintenir leur compétitivité et être prêtes à rebondir pour assurer la croissance de demain.

On le sait, on peut protéger les salariés ET aider la compétitivité des entreprises. Au Canada par exemple, quand une entreprise subit une chute d’activité, au lieu de licencier 20% des salariés, elle garde tout le monde et elle baisse le temps de travail de 20% tout en réduisant les salaires de 20% pour rester compétitive. Mais les salariés reçoivent immédiatement un deuxième chèque qui vient de l’UNEDIC et de l’Etat, qui permet de maintenir l’essentiel de leur revenu. Un tel système permet de limiter les licenciements, grâce à une baisse ponctuelle du temps de travail, tout en maintenant la compétitivité des entreprises.

En 2009, l’Etat a su rentrer au capital des banques, le temps de faire le dos rond face à la crise. Les industriels doivent pouvoir profiter de ce type de soutien.

Et, plus encore, dans le cas de sociétés comme CGG dont l’Etat est déjà un actionnaire important.

Dans le contexte conjoncturel extrêmement difficile pour l’industrie pétrolière et parapétrolière, la défense de l’emploi va de pair avec la défense d’atouts industriels stratégiques pour l’avenir de la France.

C’est pourquoi nous, CFDT Maritime Bretagne - Océans, faisons appel au Gouvernement, au patriotisme économique et à la responsabilité de chacune des parties, pour que cette restructuration de CGG soit à nouveau étudiée. Nous devons empêcher la perte de ces six navires sous pavillon français et nous assurer que soient prises les actions indispensables et urgentes pour sauver nos emplois et donner à nos entreprises la capacité de sortir en tête de cette crise globale.

Communiqué de la CFDT Maritime Bretagne-Océan, 06/11/15

 

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