Après des résultats 2011 mitigés, et un résultat net dans le rouge de 30 millions de dollars, Michel Sirat , directeur financier de CMA CGM, a annoncé dans un entretien avec l'agence Reuters que le groupe est actuellement en discussion avec ses partenaires financiers pour restructurer sa dette. Et ce avant l'été. Face à un marché très nerveux qui ne cesse de dévaluer la note de la dette du groupe, il faut désormais donner des garanties. Les obligations émises actuellement par CMA CGM subissent une décôte de 40%. « L'un des objectifs de nos discussions avec nos banques c'est de retrouver une solidité financière qui rassure tout le monde, y compris les porteurs obligataires, car on a bien l'idée de revenir sur le marché obligataire » a déclaré Michel Sirat. Depuis l'an dernier, le capital de CMA CGM n'est plus exclusivement familial, puisque le groupe turc Yldirim y est entré à hauteur de 500 millions d'euros, via des obligations convertibles. Deux lignes obligataires de 945 millions d'euros avaient également été ouvertes pour apporter des liquidités à des comptes congestionnés par une dette importante. Les résultats 2011, outre un résultat net négatif et un excédent brut d'exploitation (Ebitda) divisé par trois, inquiètent les marchés puisqu'ils interviennent quelques mois après l'ouverture de capital et alors qu'un important programme de rationalisation, passant notamment par la vente d'actifs, est en marche. Le levier se situerait donc maintenant au niveau de la restructuration de la dette elle même. « Il y a clairement la perception aujourd'hui qu'on a une structure de dette bancaire qui a besoin d'être changée, les porteurs obligataires en sont pleinement conscients », constate Michel Sirat, qui souhaite effectuer, d'ici 2013, un nouvel appel à des investisseurs extérieurs. « La société a bien en tête que dans un business assez volatil, nous devons avoir des coussins qui nous protègent, ces coussins c'est bien sûr le cash qu'on peut tirer des ventes d'actifs, et un autre coussin cela peut être de l'equity (capital) », explique le directeur financier qui annonce explorer plusieurs pistes. D'abord avec le co-actionnaire actuel. « Dans nos accords avec Yildirim il y avait la possibilité de demander à Yildirim de souscrire une part supplémentaire d'obligations remboursables en actions et donc ça, c'est clairement sur la table ». Mais également ailleurs. « On a toujours un dialogue informel avec le fonds stratégique d'investissement, cela reste une alternative possible mais parmi d'autres ». Il a néanmoins précisé que la famille Saadé resterait l'actionnaire principal.

© CMA CGM - PATRICK LANDMANN