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Les armateurs français tirent la sonnette d'alarme à propos des conséquences économiques et sociales de la directive souffre, qui pourraient se traduire par la perte de centaines d'emplois. Il s'agit toujours du problème de l'application, au 1er janvier 2015, de la fameuse annexe VI de la convention MARPOL sur la pollution maritime. « Une véritable bombe à retardement en termes de survie économique », estime Armateurs de France, pour qui l'entrée en vigueur du texte aurait des conséquences catastrophiques pour la viabilité économique du transport maritime. C'est tout simplement « mission impossible », disent les armateurs, qui estiment que l'application de « MARPOL 6 » se traduirait par la fermeture de 40 à 60% des lignes courtes. Les compagnies de ferries seraient les premières touchées. Par la voix de son président, Jean-Marc Roué, Brittany Ferries estime, à elle seule, qu'elle devrait arrêter deux navires, ce qui entrainerait la suppression de 400 postes de navigants. Avec sa nouvelle annexe, malheureusement ratifiée par les Etats sans que ceux-ci aient probablement pris conscience de son impact socio-économique, MARPOL 6 va imposer aux navires présents dans la zone SECA (Manche, mer du Nord et Baltique) de réduire leurs émissions de soufre à 0.1%. Déjà, en juillet 2010, les émissions avaient été limitées à 1% (en fait, depuis 2006, les émissions de soufre ont été réduites de 80%). Mais le nouvel effort demandé est considéré comme trop radical et, surtout, trop brutal. En effet, d'ici le 1er janvier 2015, aucune solution technique ne semble pouvoir être trouvée et validée pour répondre à cette contrainte, sans obérer la viabilité économique du transport maritime. Car, faute d'une nouvelle technologie mâture, les navires vont devoir abandonner le fuel lourd pour passer au gasoil. Les surcoûts pèseront très lourd, « 50% minimum ! », selon Jean-Marc Roué, puisque le gasoil est beaucoup plus cher, plus rare et devra être importé. Et cela pourrait même provoquer une pénurie de gasoil en Europe ! Une règlementation environnementalement contre-productive Enfin, MARPOL 6, qui a pour but de réduire la pollution sur l'environnement, pourrait en fait aboutir à l'effet inverse. Car, à l'heure où d'importants efforts sont consentis pour développer les autoroutes de la mer afin de réduire la pollution routière, on s'achemine droit, avec la directive soufre, vers un retour sur les réseaux routiers des camions transitant par voie maritime. « Que dire alors du bilan écologique global d'une telle mesure ? Le pire n'est jamais certain, mais il est, en l'occurrence, de plus en plus probable, si rien n'est fait, de toute urgence, au niveau politique et gouvernemental », s'inquiète Armateurs de France. Face à ce qui est considéré comme une « aberration », les armateurs bataillent, au niveau européen, auprès de la Commission et du Parlement, tout en voulant mobiliser leurs homologues dans les différents pays de l'UE concernés. Cette semaine, ils ont également interpellé « haut et fort » les politiques français et plus particulièrement le gouvernement, « qui ont encore les moyens de rectifier le tir », insiste Jean-Marc Roué. À eux de prendre le leadership, de fédérer des alliés européens. La France, via son ministre des Transports, Thierry Mariani, avait fait savoir en novembre dernier qu'elle s'opposerait au texte soufre. Une prise de position qui doit, selon les armateurs, se traduire par des actes. Le dossier sera d'ailleurs sur la table à la fin du mois au niveau européen, puisqu'une commission parlementaire environnement se déroulera le 30 janvier, et sera suivie le lendemain par un vote sur la question du soufre. ____________________________________________________- Voir notre dossier sur les dangers de MARPOL 6

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