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Louis Dreyfus Armateurs a signé, la semaine dernière, son entrée sur le marché des navires de services à l'offshore grâce à un partenariat avec l'énergéticien danois DONG. Edouard Louis-Dreyfus, président du groupe, revient sur cette nouvelle diversification et sur la nouvelle organisation de l'entreprise.

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MER ET MARINE : Vous avez signé, la semaine dernière, un partenariat avec DONG pour l’armement d'un navire de service pour l’éolien offshore. Comment avez-vous réussi à entrer dans ce marché, sur lequel aucun bateau français n’avait jusqu’ici travaillé ?

EDOUARD LOUIS-DREYFUS : L’éolien offshore est un marché que nous observons attentivement depuis plusieurs années. Nous avions déjà postulé sur un contrat il y a deux ans et n’avions pas été retenu, sans doute parce que ce n’était pas le moment. Ce n’est pas tant les compétences qui faisaient défaut mais je crois que nous avions des lacunes dans la façon dont nous présentions notre projet.

Les leçons de cet échec ont été tirées, nous avons complètement repensé la manière dont nous répondions à ce type d'appel d’offres. Désormais, pour chaque projet, nous nous appuyons sur des équipes taillées sur mesure. Nous allons chercher, parmi nos collaborateurs, des spécialistes issus du département construction neuve, de la direction de la flotte, du juridique… Ces « équipes de projet » unissent leurs forces et leurs savoirs pour présenter l’offre la plus aboutie et la plus à l’écoute du client.

C’est précisément ce que nous avons fait avec DONG. Nous y sommes allés très humblement, avons écouté leurs besoins très attentivement et travaillé en totale transparence. Je crois que nous devons ce succès au fait que nous les avons considérés plus comme des partenaires que comme des clients. Parmi les 17 candidats à cet appel d’offres, nous étions les seuls à ne pas être des spécialistes. Et pourtant c’est nous qui avons été retenus, sans doute grâce au choix de cette approche.

Une référence prestigieuse comme DONG, voilà de quoi vous ouvrir des portes dans ce milieu des énergies marines ?

Nous sommes très fiers et très heureux pour nos navigants et le pavillon français. Et c’est évident que cela nous ouvre de nouvelles perspectives dans les EMR. On ne compte pas s’arrêter là et comptons bien en faire un marché clé pour notre entreprise.

Notre filiale Louis Dreyfus Travocéan est en lice pour le marché de câblage inter-éoliennes sur deux futurs champs français d’EDF-EN et nous espérons bien sûr pouvoir décrocher ce contrat. Avec le navire pour DONG, cela donnera un ensemble cohérent et légitime pour augmenter notre présence sur ce segment.

Et vers d’autres secteurs de diversification ?

Bien sûr ! Nous venons de créer un département baptisé Marine Industrielle. Nous pratiquons depuis plus de 20 ans cette marine à très haute valeur ajoutée où le marin français, très bien formé et très compétent, a toute sa place. Sur ces segments, comme le câble, le transport Airbus ou auparavant la sismique, la valeur ajoutée du savoir-faire français compense son coût plus élevé.

Alors oui, en nous appuyant sur ce nouveau département et fort de notre nouvelle approche des appels d’offres, nous allons continuer à nous positionner sur ces marchés qui requièrent des compétences pointues que nous avons la chance d’avoir.

Le vrac est votre activité historique, un marché compliqué en ce moment. Qu’en est-il pour votre flotte ?

Comme pour tous les armateurs au vrac, c’est toujours très difficile, notamment pour le marché des capesize. On tient bon, on essaie de réduire notre exposition, on guette la moindre opportunité. Il semblerait quand même que les fondamentaux soient en train d'évoluer dans le bon sens. Nous continuons à voir des soubresauts, mais, à chaque fois, on voit que le marché tombe moins bas. Néanmoins, on ne peut raisonnablement pas attendre une nette amélioration avant la fin 2017.

C’est aussi en raison de ces fluctuations que nous travaillons à « dérisquer » notre activité en continuant notre diversification. Nos autres activités, comme le câble avec Alcatel qui a vu une année 2016 très chargée en opérations, le transport d’Airbus, ou encore notre branche portuaire et logistique qui progresse très bien en Indonésie et ailleurs, nous apportent cette stabilité.

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Interview réalisée par Caroline Britz, © Mer et Marine, février 2017

 

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