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Plus de deux semaines après son sauvetage, l’Ever Given est encore à l’ancre dans les lacs Amers au milieu du canal de Suez. Le navire est en cours d’inspection et, surtout, au début d’un contentieux qui s’annonce déjà extrêmement complexe. Pour mémoire, le porte-conteneurs a été déclaré en avarie commune, ce qui signifie que les frais liés à son accident et à son sauvetage vont être répartis entre l’armateur et les chargeurs. Et on peut déjà s’attendre à un inventaire à la Prévert, compte-tenu du nombre et de la diversité des propriétaires de cargaison sur ce bateau d’une capacité de 20.000 EVP. A cela s’ajoute désormais les velléités du canal de Suez lui-même qui annonce demander près d’un milliard de dollars de dédommagement à Evergreen. Les experts estiment que les frais liés à la non-perception des droits de passage pendant les six jours de l’immobilisation du canal s’élèvent au maximum à 100 millions de dollars. Pourraient s’y ajouter les frais de mobilisation des travailleurs du canal, des remorqueurs et autres dépenses notamment liées au sauvetage. Sans que l’on sache dans quelle mesure tout cela représente réellement un milliard de dollars.

Mais l’autorité du canal semble inflexible sur le fait qu’elle ne laissera pas partir le bateau sans garantie d’obtenir son dédommagement. De la même manière, dans différentes déclarations à la presse, Osaman Rabie, président de l’autorité du canal de Suez, a laissé entendre que l’accident pourrait être lié à une erreur du capitaine et que la responsabilité ne pourrait de toute façon pas être imputé au pilotage et à l’autorité du canal elle-même. Des syndicats de navigants sont déjà en train de faire bloc autour du capitaine indien qui risque bien d’être, en effet, pointé par les uns et les autres. Pour mémoire, en droit maritime, le commandant d’un navire concentre la plupart des responsabilités en cas d’accident. Une disposition un peu archaïque que la jurisprudence a tendance à aménager en cherchant de plus en plus la responsabilité des armateurs, opérateurs, voire même affréteurs. Mais, le commandant reste souvent une « cible » idéale en cas d’accident.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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