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Une semaine après le naufrage du Grande America dans le golfe de Gascogne, des nappes d’hydrocarbures ainsi que des fuites de l’épave sont toujours observées. Outre les moyens nautiques déployés par la Marine nationale (BSAA Argonaute, VN Sapeur , BSAM Rhône), par l’Agence européenne de sécurité maritime (VN Partisan et Ria de Vigo), la préfecture maritime de l’Atlantique (TSM Kermor) et les autorités espagnoles (Alonso de Chaves et Maria de Maetzu), la dérive des nappes est également surveillée par satellite.

CLS, filiale du CNES et de l’Ifremer, travaille pour l’agence européenne de sécurité maritime dans  le domaine de la surveillance satellitaire des pollutions depuis plus de 10 ans. Dès le moment où l’incendie a fait rage sur le Grande America, les opérateurs de CLS se tenaient prêts à recueillir des images satellites de l’incident via VIGISAT, première station civile française de réception d’images satellites radar haute résolution. Dans la nuit du lundi 11 au mardi 12, une première image du satellite VIIRS, radiomètre imageur dans l’infrarouge, est traitée par VIGISAT. Elle met clairement en évidence l’incendie à bord.

 

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© CLS

Le satellite optique européen Sentinel-2 montre très visiblement le Grande America et le point central de l'incendie situé au premier tiers bâbord du navire. L'Abeille Bourbon est détectée à proximité

 

Dans la soirée du 13 mars, les opérateurs de CLS détectent pour la première fois sur des images satellites radar la pollution. Quelques heures plus tard, le Centre d’Expertises Pratiques de Lutte Antipollution de la Marine (CEPPOL), fait déployer par un avion de surveillance maritime Falcon 50 quatre bouées de localisation et de collecte de données ARGOS au cœur de la pollution.

 

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© CLS

Image du satellite Sentinel-1A acquise le mardi 19 mars par les opérateurs de CLS

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© CLS

A la verticale de l’épave, une irisation de surface parsemée d’amas de fioul lourd est visible. 

 

Depuis, ce sont des rapports quotidiens qui sont envoyés par CLS à l’AESM. Non seulement pour suivre l’évolution de la pollution mais aussi pour éviter toute pollution « d’opportunité » d’un autre navire. Sur zone, l’amélioration des conditions environnementales a permis la poursuite des opérations. Des barrages hauturiers ont été déployés, avec la technique du chalutage en boeuf pour confiner le polluant et le pomper ensuite à bord des navires anti-pollution. Le remorqueur Union Lynx, affrété par le groupe italien Grimaldi, armateur du Grande America, a remorqué un containeur de matière non dangereuse vers La Rochelle. Le navire Maxiplon (société Atlantique Scaphandre), également affrété par Grimandi, a procédé à la récupération puis au remorquage vers Port-Joinville (île d’Yeu) de l’un des deux canots de survie du Grande America. Les vols réalisés par les avions de la Marine nationale ont, par ailleurs, permis la relocalisation de cinq conteneurs et deux radeaux pneumatiques. Ces positions ont été transmises à l’armateur qui planifie, en lien avec la préfecture maritime de l’Atlantique, leur récupération.

Des prélèvements d’échantillon en mer ont été réalisés hier matin par l’Argonaute et ont été transférés pour analyses au Centre de documentation, de recherche et d’expérimentation contre les pollutions (CEDRE) et au Laboratoire d’Analyses, de Surveillance et d’expertise de la Marine (LASEM), par un hélicoptère Caïman de l'aéronautique navale. Selon les estimations et compte-tenu des conditions météos et océanographiques sur zone, de la distance à la côte et des résultats des modèles fournis par le comité de dérive, une arrivée sur le littoral français d’amas de fioul lourd semble, selon la préfecture maritime de l'Atlantique, très peu probable avant 10 jours.

 

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© MARINE NATIONALE

Le pont de l'Argonaute (MARINE NATIONALE)

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© MARINE NATIONALE

Le Ria de Vigo (MARINE NATIONALE)

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© MARINE NATIONALE

Les spécialistes du CEPPOL (MARINE NATIONALE)

 

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