La vente du célèbre armateur norvégien est en cours de finalisation. Fin octobre, le fonds d’investissement britannique TDR Capital, allié au président d’Hurtigruten Trygve Hegnar et à un autre homme d’affaires norvégien, Petter Stordalen, avait fait une offre surprise pour acheter Hurtigruten. Les trois partenaires, qui ont créé une société commune, Silk Bidco, afin de mener à bien cette opération, visent le rachat de la totalité du capital de la compagnie. Début décembre, celui-ci était détenu à un peu plus de 33% par Periscopus AS, qui appartient justement à Trygve Hegnar, alors que Petter Stordalen possèdait 5% d’Hurtigruten via Home Capital. Le reste de la société, cotée à la bourse d’Oslo, était assez éclaté, les seuls autres actionnaires à en posséder plus de 5% étant Heidenreich Enterprise (10.54%) et MP Pensjon (5.75%).
L’opération, qui représente un investissement de plus de 300 millions d’euros pour TDR Capital, doit se solder par une reprise d’Hurtigruten à hauteur de 90% par le fonds britannique, Trygve Hegnar et Petter Stordalen s’octroyant à parts égales les 10% restants.
Le rachat a reçu l’aval du conseil d’administration d’Hurtigruten (y compris de la part des représentants des salariés) et devrait être effectif dans les toutes prochaines semaines. Les dernières discussions et actes juridiques comme administratifs portent probablement sur la sortie de bourse de la compagnie et la délégation de service public pour l’exploitation de l’Express Côtier. Ce service, qui existe depuis 120 ans et a fait l’objet en 2012 d’un nouveau contrat de 7 ans avec le gouvernement norvégien, permet d’assurer toute l’année la desserte maritime entre Bergen au sud à Kirkenes au nord. Hurtigruten exploite sur cette ligne une dizaine de navires offrant des escales quotidiennes dans une douzaine de ports.

Le Vesteralen (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)
Vers un renouvellement de la flotte ?
On notera qu’à la faveur de la reprise de la compagnie, un plan de renouvellement de la flotte pourrait être lancé. En plus du doyen de l’Express Côtier, le Lofoten, un très beau navire traditionnel de 87.4 mètres, 2620 GT et 340 passagers, construit en 1964, le Vesteralen (108 mètres, 6260 GT, 510 passagers, 35 voitures), qui date de 1983, doit être remplacé. Les Kong Harald, Richard With et Nordlys (121.8 mètres, 11.200 GT, 619 à 622 passagers, 35 à 45 voitures) commencent eux aussi à vieillir, puisqu’ils ont été livrés en 1993 et 1994 par le constructeur allemand Volkswerft. Quant aux Polarlys, Nordkapp et Nordnorge, des unités très voisines sorties en 1996 et 1997 des chantiers norvégiens Kleven et Ulstein, il va également falloir préparer leur succession dans les prochaines années. En fait, seuls les Finnmarken (138.5 mètres, 15.690 GT, 1000 passagers et 47 voitures), ainsi que les Midnatsol et Trollfjord (135.7 mètres, 16.150 GT, 822 à 1000 passagers, 45 voitures), réalisés par Kleven et Fosen, sont des unités récentes, mises en service en 2002 et 2003.
Si le renouvellement de la flotte est acté, il n’est pas impossible que les futurs ferries bénéficient d’une propulsion au gaz naturel liquéfié, très en vogue en Norvège et qui se prête particulièrement bien aux lignes régulières.

Le navire d'exploration Fram (© HURTIGRUTEN)
Demande croissante pour les croisières polaires
En dehors de l’Express Côtier, Hurtigruten exploite aussi des navires proposant des croisières classiques et d’exploration vers les fjords et îles norvégiennes, l’Arctique et l’Antarctique. Ainsi, en 2015, le Nordstjernen (1956, 80.7 mètres, 290 passagers) sera affrété pour une saison estivale au Spitzberg. La compagnie norvégienne dispose aussi du Fram, livré par le constructeur italien Fincantieri en 2007. Ce navire de 114 mètres et 11.650 GT, pouvant accueillir 318 passagers, a été spécialement conçu pour les navigations vers l’Arctique et l’Antarctique. Face au succès rencontré par ces destinations et à une demande croissante, des réflexions sont en cours quant à l’opportunité de réaliser un nouveau navire d’exploration.