C’est « un couteau suisse et un cordon ombilical », disent les équipes de la compagnie Yeu Continent, exploitant du navire, et de la Région des Pays de la Loire, qui a l’a commandé au chantier breton Piriou début 2021. Livré fin mars, l’Insula Oya III a succédé au vénérable Insula Oya II, qui assurait depuis 1982 la ligne entre Fromentine, près du pont de Noirmoutier et Port Joinville, sur l’île d’Yeu. Un outil essentiel pour ce territoire puisqu’il s’agit du principal moyen permettant d’y acheminer du fret, tout en contribuant au transport de passagers vers et depuis le continent. « On transporte de tout ! Il y a des marchandises très diverses en conteneurs, par exemple pratiquement tous les produits frais à destination de l’île d’Yeu sont acheminés par l’Insula Oya, mais on a aussi beaucoup de produits pour la construction, des parpaings, des menuiseries, des portes, des fenêtres, ainsi que des véhicules de tourisme et des camions », explique à Mer et Marine Baudoin Pappens, directeur général de Yeu Continent, un service dépendant de la Régie départementale des passages d’eau de la Vendée, qui affrète le navire auprès de la Région. Pour ce projet, celle-ci s’est appuyé sur le bureau d’architecture Mauric qui a joué le rôle d’assistant à maîtrise d’ouvrage.

L'Insula Oya III à Port Joinville.

L'Insula Oya III à Port Joinville.

L'Insula Oya III à Port Joinville.

L'Insula Oya III à Port Joinville.

L'Insula Oya III à Port Joinville.

L'Insula Oya III à Port Joinville.
Des capacités plus importantes
A bord de l’Insula Oya III, le patron de la compagnie se montre ravi de cette nouvelle unité : « On est très content. C’est un bateau moderne qui remplace une vieille dame âgée de plus de 40 ans. Cela va changer beaucoup de choses. D’abord, les capacités sont plus importantes, en particulier pour les marchandises et véhicules. On peut notamment embarquer 374 palettes, contre 290 auparavant, et charger des camions jusqu’à 19 tonnes alors qu’avec l’Insula Oya II nous étions limités entre 11 et 13 tonnes. Le dimensionnement du bateau répond à une demande, puisqu’une étude menée en 2014 a montré une hausse du trafic de fret, mais aussi à une plus grande capacité d’adaptation pour le transport de marchandises très variées. Et puis avec ce nouveau navire, nous augmentons aussi notre capacité d’accueil en passagers. Nous pouvons en accueillir jusqu’à 391, contre 250 auparavant, avec un confort nettement amélioré ». La capacité de transport de fret passe à 150 tonnes, au lieu de 80, alors que le garage et les ponts extérieurs peuvent accueillir jusqu’à 15 véhicules, contre 10 sur l’Insula Oya II.

L'Insula Oya II lors de l'une de ses dernières traversées.
Des conditions d’accès aux ports qui limitent le gabarit
Long de 55.1 mètres pour une largeur de 13 mètres et un tirant d’eau de 2.3 mètres, l’Insula Oya III, doté d’une coque en acier et de superstructures en aluminium, a été dessiné par le bureau d’architecture nantais SDI. Il affiche une jauge de 1124 tonneaux, pour un déplacement de 945 tonnes et un port en lourd de 260 tonnes. Un gabarit supérieur à celui de son aîné, long de 50 mètres pour une largeur de 12 mètres, tout en réussissant à réduire le tirant d’eau (de 2.6 mètres sur l’Insula Oya II) afin de faciliter le franchissement du chenal de Fromentine, qui n’est pas navigable quand la mer est basse. « Nous avons un bateau plus grand qui a été optimisé au maximum. On ne pouvait pas faire plus grand car nous sommes limités par les infrastructures portuaires de Port Joinville et le chenal d’accès à Fromentine », dit Baudoin Pappens.

Baudoin Pappens, directeur général de Yeu Continent.
« Nous travaillons avec la marée, c’est un challenge quotidien »
Il y a en effet la longueur des quais à l’île d’Yeu et la problématique de la marée côté continent car, lorsque la mer est basse, il n’y a que quelques dizaines de centimètres d’eau dans le chenal. Impossible donc de passer. « Nous travaillons par conséquent avec la marée et c’est un challenge quotidien pour