La Fédération Française des Pilotes Maritimes a tenu l'une de ses réunions de façade la semaine dernière, à La Rochelle. L’occasion de faire le point sur l’actualité, notamment européenne, du pilotage avec Jean-Philippe Casanova, président de la FFPM.
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MER ET MARINE : Le règlement portuaire, qui organise l’exercice des services portuaires et leur transparence financière en Europe, est cours d’élaboration devant les institutions européennes. On sait les pilotes très mobilisés sur cette question depuis longtemps. Où en est-on ?
JEAN-PHILIPPE CASANOVA : Nous restons vigilants. Le Parlement européen a récemment adopté un texte qui a notre plein soutien et aux travaux duquel nous avons participé. Depuis les premières ébauches de cette réglementation, les pilotes, via l’EMPA, l’association européenne des pilotes maritimes, ont suivi de près ses évolutions. Le dialogue a toujours été très constructif.
Ce texte du Parlement, basé sur les conclusions de Knut Fleckenstein, rapporteur de la commission Transports, exclut le pilotage du champ de la concurrence. Une condition que nous jugeons indispensable pour pouvoir exercer sereinement notre mission, notamment dans sa dimension de sécurité maritime et portuaire. Et parallèlement, nous voulons être aux avant-postes de l’attractivité des ports.
Prochaine étape le trilogue ?
Oui, nous entrons dans la phase de négociations entre le Conseil, la Commission et le Parlement pour l’élaboration du texte. Nous connaissons, comme nous le disions, la position du Parlement Européen. Le Conseil, de son côté, a déjà pris une position de principe le 8 octobre 2014. Reste donc maintenant à suivre l’évolution et le résultat du trilogue.
Le règlement portuaire prévoit également un volet de transparence financière. Quel en sera l’impact pour le pilotage ?
Nous sommes cités dans le texte, mais, en pratique, cela n’aura pas d’impact sur la tenue de nos comptabilités puisque nous sommes déjà dans le cadre que le règlement va établir. Nos tarifs sont établis par la préfecture de Région, notre activité est contrôlée par les Affaires Maritimes et nos comptes examinés par la DIRRECTE. Le fait d’avoir un cadre transparent et commun pour l’ensemble des activités portuaires européennes est une avancée positive que nous saluons.
Les pilotes sont les premiers témoins de l’augmentation de la taille des navires dans les ports français. Comment l’accompagnent-ils ?
Nous travaillons beaucoup sur ce sujet, dans les stations et entre elles. Par exemple, en prévision de la sortie du paquebot Harmony of the Seas, les pilotes de Loire sont allés à Marseille, où plusieurs grands paquebots étaient déjà entrés. Ils ont accompagné les pilotes marseillais sur l’Allure of the Seas pour appréhender, sur le terrain, les manœuvres sur un gros paquebot. Nous souhaitons continuer ces échanges, au niveau national, car ils permettent d’enrichir les retours d’expérience qui sont indispensables.
D’autres initiatives sont mises en place. Par exemple à Marseille, nous travaillons avec un prévisionniste de Météo France qui nous permet de déterminer, au plus juste, le meilleur créneau d’entrée des gros navires. Ce genre d’initiative pourra se développer au niveau national. L’utilisation des outils de simulation et de l’instrumentation de précision de type PPU (Pilot Portable Unit – outil de géolocalisation fine emportée par les pilotes à bord des navires) se généralise. Notre métier implique, depuis toujours, de s’adapter. C’est ce que nous continuons à faire.
Les modalités du concours ont évolué en 2012 avec un grand dépoussiérage. Les conditions d’accès sont-elles encore amenées à être modifiées ?
Pas pour l’instant. Nous conservons la limite d’âge de 35 ans et les six ans de navigation comme critères d’accession. Nous n’avons pas du tout de problème d’attractivité, il y a toujours beaucoup de candidats dès qu’un poste est ouvert.
Saint-Pierre-et-Miquelon n’avait plus de pilote en titre. Où en est-on ?
Suite au départ à la retraite des deux pilotes de l’archipel, il n’y avait, en effet, plus de pilote sur place. La Fédération a organisé l’intérim, en envoyant des pilotes à la retraite pour effectuer les missions. Un concours est organisé fin avril et il devrait y avoir, dans la foulée, la nomination d’un pilote en titre.
Propos recueillis par Caroline Britz, © Mer et Marine, mars 2016