Près de trois ans après le dramatique naufrage du Sewol, qui a fait plus de 300 victimes le 16 avril 2014, l’épave du ferry coréen a été remontée hier à la surface. Construit au Japon en 1994, le navire, qui a chaviré alors qu’il assurait une liaison entre Incheon, au nord-ouest, et l’île de Jeju, au sud-ouest du pays, reposait sur son flanc bâbord par une quarantaine de mètres de fond. Son relevage fut une opération techniquement très complexe, la zone du naufrage étant notamment soumise à de très forts courants, sans compter la fragilisation de la structure du navire après l’accident et un long séjour sous l’eau.
Une longue phase préparatoire, débutée l’an dernier, a nécessité la mise en place sous la coque de 33 grandes poutrelles de maintien, disposant chacune à leurs extrémités d’un câble relié à deux barges positionnées en surface. De puissants treuils, actionnant les 66 câbles, ont permis de remonter l’épave de 6800 tonnes, la phase de relevage ayant débuté mercredi. La Sewol sera ensuite chargé sur un navire semi-submersible puis amené jusqu’au port de Mokpo, situé à une centaine de kilomètres.
Il s’agira notamment de rechercher les corps de 9 disparus, sur un bilan final de 304 victimes. En Corée du sud, le naufrage du Sewol a été vécu comme un véritable drame national, en raison notamment de la mort de nombreux lycéens (352 des 476 personnes présentes à bord au moment du naufrage). L’affaire avait en outre pris une tournure très polémique avec la mise en lumière des défaillances de l’armateur du Sewol, Chonghaejin Marine, accusé de graves lacunes au niveau de la sécurité et de la formation des équipages. Mais c’est surtout le comportement de certains membres d’équipage, à commencer par le commandant du navire, qui a révolté l’opinion publique. Le Sewol avait en effet coulé 40 minutes après avoir subi un violet choc et, durant ce laps de temps, les passagers avaient reçu comme consigne de rester dans leurs cabines, alors que le capitaine évacuait lui-même le navire.
A l’issue d’un procès où il encourait la peine de mort, Lee Joo-Seok, reconnu coupable d'homicides par négligence aggravée, a été condamné en novembre 2014 à 36 ans de prison. Onze autres membres d'équipage ont eux aussi été condamnés à des peines de réclusion.