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« Les marins veulent quitter le navire. Personne ne veut reprendre la mer, ils ont peur pour leur vie ». Geoffroy Lamade, inspecteur ITF rattaché à la CFDT, s’est rendu jeudi soir à bord du cargo Just Mariiam, remorqué mercredi à Lorient dans des conditions très difficiles. Il y a rencontré des marins épuisés : un commandant et un chef libanais, un second capitaine égyptien et cinq officiers et marins roumains.  Ils sont tous à bord depuis deux mois. Depuis que le navire, jusqu’ici basé en Norvège où il effectuait des liaisons de cabotage, a été racheté par un armateur libanais, dont la société est immatriculée au Honduras.

Le navire,construit il y a 42 ans, se rendait à Tripoli, avec à son bord de vieux véhicules, notamment des camions. Ce qu’il allait faire ensuite, on ne le sait pas. Mais son nouveau propriétaire est un armateur, qui possède d’autres navires travaillant en  Méditerranée. Il est sans doute probable qu’il ait l’intention de l’exploiter encore quelque temps, malgré son grand âge. Et son état... Le Just Mariiam, dont le nom a été barbouillé à la va-vite sur la coque, a quitté l’Islande début janvier. Sa dernière inspection de l’Etat du port a été effectuée début décembre en Norvège, où il a été détenu, juste après son changement de propriétaire et de pavillon. Il a finalement pu repartir mais son état actuel n’est, selon les personnes montées à bord, vraiment pas fameux. En tout cas, peu adapté à la navigation hivernale dans la zone du golfe de Gascogne.

 

 

Combien de temps va-t-il rester à quai?

 

 

Le Centre de sécurité des navires de Lorient est venu l’inspecter dès son arrivée à quai. Les inspecteurs vont rendre rapidement un rapport qui va prescrire les réparations à effectuer pour que le bateau puisse reprendre la mer. Mais localement, certains observateurs craignent déjà que la somme à débourser pour ces travaux incite l’armateur à laisser le navire à quai.

« Pour l'instant, notre priorité, c'est l'équipage. Il y a un mois de retard sur les salaires, un litige sur une fiche de paie du mois de décembre et tous les marins roumains qui veulent rentrer chez eux. Deux d’entre eux devraient quitter le bord rapidement, l’armateur nous assure que les trois autres pourront être relevés dès la semaine prochaine », explique Geoffroy Lamade. L’armateur semble vouloir maintenir un équipage à bord, ce qui exclut pour l’instant l’hypothèse d’un abandon de navire. Il aurait même assuré que le Just Mariiam allait reprendre la mer dans les jours à venir. 

La situation semble quand même précaire à bord, où les marins ont visiblement eu des conditions de vie très difficiles. Reste à voir si les relèves vont vraiment être effectuées et combien de temps l’armateur compte laisser des marins sur le vieux cargo. Des précédent récents, comme notamment le Zortürk à Saint-Nazaire, montrent que certains propriétaires de navires n’hésitent pas à laisser des hommes à bord le temps de trouver des financements pour les travaux. Ce qui peut parfois durer des années.

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