On l’avait presque oublié. L’ancien méthanier français Edouard LD, sorti des chantiers de Dunkerque en 1977 et qui a achevé sa carrière au sein de la Marine marchande tricolore il y a 11 ans, a été vendu à la démolition. Il sera apparemment démoli au Bangladesh.
Long de 280.6 mètres pour une largeur de 41.6 mètres, l'Edouard LD pouvait transporter 129.323 m3 de GNL. Durant trente ans, il aura notamment fréquenté très régulièrement l'estuaire de la Loire, déchargeant ses cargaisons de gaz naturel liquéfié au terminal de Montoir. Lorsque sa fin de vie sous pavillon français se précise, la question de son devenir est suivie avec attention, car le vieux navire contient notamment de l’amiante. Il ne s’agit alors pas de rééditer l’affaire du Descartes (1971) vendu en 2007 par Gaz de France à une société asiatique, officiellement pour poursuivre son activité mais qui termine quelques mois plus tard sur les plages du Bangladesh. Ce qui suscite évidemment les critiques d’organisations de défense de l’environnement dénonçant une manière détournée de se débarrasser de vieilles coques bourrées d’amiante pour éviter un coûteux démantèlement en Europe.
Quand vient donc le tour de l’Edouard LD, dont la charte d’affrètement avec Gaz de France s’achève le 31 mars 2008 et la vente à l’armement grec Dynagas annoncée peu après, Robin des Bois s’inquiète : « Le navire est voué à la démolition. Construit il y a plus de 30 ans, il a atteint la limite d'âge », assure l’association, qui estime entre 800 et 1000 tonnes le poids de matériaux amiantés contenus à bord. Du côté des anciens propriétaires du méthanier, Louis Dreyfus Armateurs et GDF, on réfute toute tentative de contourner la législation. « Pour nous, la question de le vendre à la démolition ne s'est jamais posée. C'est un bateau parfaitement entretenu. De plus, il a subi un arrêt technique important avant sa vente afin de pouvoir être exploité normalement avec tous ses certificats. Il va être intégré à la flotte de Dynagas, qui exploite déjà trois méthaniers récents de 150.000 m3, mis en service depuis 2006 », assure la direction de LDA au printemps 2008. A la lumière de l’affaire Descartes, l’armement français prend d’ailleurs des dispositions pour éviter que son ex-bateau connaisse le même sort. Un accord est ainsi conclu avec Dynagas pour que le Descartes continue à être exploité pendant plusieurs années. Le repreneur grec assure à l’époque vouloir se servir de l’Edouard LD comme une unité de stockage flottant de GNL, de nombreux projets de ce type émergeant à la fin des années 2000.
C’est en juin 2008 que le dernier équipage français de l’Edouard LD laisse le navire aux équipes de Dynagas. Il est alors mouillé en baie de Singapour, où il a réalisé son arrêt technique chez Keppel.
La crise de 2008 a-t-elle changé les plans initiaux de son nouveau propriétaire ? Toujours est-il que le bateau ne sera pas remis en service. Renommé Transgas, puis Sunrise, immatriculé au Libéria puis en Indonésie, le vieux méthanier est finalement revendu à plusieurs reprises et ne retrouvera pas d’activité opérationnelle. Il restera désarmé pendant 10 ans en Asie avant, finalement, d’être vendu aux ferrailleurs bangladais.