L’ancien ferry de la défunte compagnie SeaFrance va reprendre son activité pour le compte de DFDS et LD Lines dans le détroit du Pas-de-Calais. Les deux compagnies, qui devraient prochainement sceller leur alliance au sein d’une société commune, ont décidé d’affréter l’ex-SeaFrance Molière pour remplacer le Deal Seaways, plus connu sous le nom de Barfleur, qui devrait être restitué dans les prochains jours à Brittany Ferries. Ces derniers temps, des bruits de coursive avaient d’ailleurs couru quant au possible affrètement d’un autre navire de la compagnie bretonne pour le détroit, mais cette hypothèse n’a pas vu le jour. DFDS et LD Lines se sont finalement entendues avec le consortium bancaire propriétaire du Molière (c’était le seul des quatre navires de l’ex-SeaFrance à ne pas appartenir à l’ancienne filiale de la SNCF) pour louer ce bateau, inactif depuis novembre 2011 et qui se trouve à Tilbury. A l’issue d’un rapide arrêt technique pour le rendre de nouveau apte au service, le Molière devrait débuter très prochainement son activité, en remplacement du Deal Seaways/Barfleur. Comme celui-ci, le ferry devrait être peint aux couleurs de DFDS, tout en battant pavillon français et en étant armé par un équipage tricolore (celui du Deal Seaways). Compte tenu de sa mise en service durant la période hivernale, il est très possible que le bateau soit essentiellement exploité en tant que fréteur. Il conviendra également de voir s’il est positionné à Calais, ou bien à Dunkerque, DFDS et LD Lines exploitant des lignes entre Douvres ces deux ports français.
Le SeaFrance Molière (© SEAFRANCE)
Un navire appartenant aux banques
Construit en 2002 aux chantiers HDW de Kiel, en Allemagne, l’ex-Superfast X, après avoir débuté sa carrière entre Zeebrugge et Rosyth, avait été acquis par Veolia Transports à l'été 2006. Nouvel actionnaire de la SNCM, fraîchement privatisée, le groupe avait décidé d'acquérir ce ferry au moment où la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) s'était rapprochée de Corsica Ferries, en vue de remporter la délégation de service public pour la desserte maritime de l’île de Beauté. Pour remporter seule l'appel d'offres, la SNCM devait, en effet, impérativement augmenter les capacités de sa flotte. Mais l'achat du bateau, rebaptisé Jean Nicoli, n'avait finalement pas été utile, La Méridionale renouvelant finalement son accord avec son partenaire historique. Veolia avait donc mis le ferry en vente et, en décembre 2007, avait trouvé un accord avec SeaFrance, en quête d’un nouveau navire pour remplacer les vieux Renoir et Manet. Alors qu’un projet de construction neuve fut écarté au profit de cette solution qui en étonna plus d’un, l’achat du navire passa par un montage financier assez complexe, le ferry devenant propriété d’un groupe de banques au sein d’une société baptisée « Poquelin », en référence à Molière, nom retenu pour le dernier navire acquis pour le compte de SeaFrance. C’est la raison pour laquelle, suite à la liquidation judiciaire de la compagnie, le Molière ne fit pas partie, comme les trois autres navires de l’ex-SeaFrance (Rodin, Berlioz et Nord-Pas-de-Calais), des actifs mis en vente pour honorer les créances du défunt armement.
A l'époque de la SNCM (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
A l'époque de la SNCM (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
110 camions et jusqu’à 1200 passagers
Long de 203 mètres pour une largeur de 25 mètres, le navire de 28.000 tonneaux avait débuta son service dans le détroit en juillet 2008. Auparavant, il avait été refondu à Dunkerque, voyant notamment sa capacité portée à 1200 passagers, contre 730 précédemment. Capable de transporter également 110 camions ou 480 voitures, le navire, qui n’a pas été conçu pour la navigation dans le détroit, reçut un nouveau propulseur d’étrave début 2009. Finalement, le Molière, dont l’acquisition fut considérée par beaucoup au sein de SeaFrance comme une erreur, naviguera un peu plus de trois ans au sein de la compagnie française, avant d’être immobilisé à partir du 14 novembre 2011, comme les Berlioz, Rodin et « NPC », dans l’attente de la décision du tribunal de commerce de Paris, qui se solda en janvier 2012, comme on le sait, par la liquidation de SeaFrance. Presqu’onze mois après son désarmement, le Molière va donc reprendre son service dans le détroit, en concurrence avec ses trois anciens « collègues », désormais exploités par My Ferry Link, société coopérative qui a repris les actif de SeaFrance et exploite les autres bateaux, loués à Eurotunnel.
Le SeaFrance Molière (© SEAFRANCE)