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6 milliards de dollars. C'est le somme colossale qu’a coûté la piraterie en 2012 dans la seule zone de la Corne de l’Afrique. Elle est pourtant en net recul, -12.6% depuis 2011. Pour la troisième année consécutive, une équipe d’universitaires américains, regroupés au sein de l’association Oceans Beyond Piracy, a réussi, grâce à des outils économiques et scientifiques objectifs, à quantifier le coût du phénomène, que ce soit sur les budgets publics ou privés. Le résultat est une analyse fine et détaillée de chaque poste budgétaire créé par la piraterie.

Depuis l’émergence du phénomène, en 2005, la « pire » année en termes financiers fut 2010, où la piraterie aurait coûté près de 12 milliards de dollars à l’ensemble des acteurs concernés. Depuis, les attaques ont largement baissé ( -70% d’attaques et  -50% de navires pris détournés entre 2011 et 2012). Ce, notamment en raison de la présence continue de bâtiments de guerre des trois grandes forces (l’opération Atalante avec l'EU-NAVFOR, l’opération Ocean Shield de l'OTAN et la Combined Task Force 151 internationale), de l’adoption par les équipages des navires de commerce des « bonnes pratiques » (augmentation de la vitesse lors du transit dans la zone à haut risque, équipements de sécurité embarqués) et surtout, récemment, la très forte augmentation de la présence d’équipes de protection à bord des navires.

 

 

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© OCEANS BEYOND PIRACY

Evolution mensuelle des attaques pirates entre 2011 et 2012 (OCEANS BEYOND PIRACY)

 

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© OCEANS BEYOND PIRACY

Evolution entre 2008 et 2012 (OCEANS BEYOND PIRACY)

 

 

Forte augmentation du budget « protection embarquée »

 

 

En 2011, note le rapport d'Oceans Beyond Piracy, environ 30% des navires effectuaient le transit avec des gardes armés à bord. En 2012, cette proportion dépassait les 50%, notamment en raison de la légalisation sur l’embarquement de gardes privés par de nombreux Etats du pavillon. C’est ce poste budgétaire qui a « explosé » dans le coût global de la piraterie en 2012, puisqu’il est passé de 530.6 millions de dollars en 2011 à près de 1.5 milliard de dollars l’an dernier.  Selon les chiffres d’OBP, les prestations des organismes privés de protection s’échelonnent entre 770 et 2570 dollars/ jour. La moyenne du coût journalier d’un transit avec une équipe de trois gardes s’élève à 34.500 dollars, avec quatre gardes, on atteint la moyenne de 46.000 dollars par jour. Une augmentation de budget très largement compensée, non seulement par la baisse des tentatives d’attaques mais également par une baisse des primes d’assurances, estimée à -13.3% (représentant 550.7 millions de dollars), entre 2011 et 2012.

 

 

Des rançons d’une valeur moyenne de 4 millions de dollars

 

 

Le montant des rançons versées l’an passé ne représente qu’1% du coût total de la piraterie. En 2012, 8 rançons ont été payées pour un montant global de 31.75 millions de dollars, la moyenne des rançons versées l'année dernière s’élève donc  à 3.97 millions de dollars. Un montant qu’il faut doubler pour prendre en compte tous les frais liés au paiement nécessaire à la libération du navire et de son équipage, notamment les intermédiaires.  Le montant des rançons est spectaculairement en recul de 80.1% entre 2011 et 2012. Le bilan humain est néanmoins toujours trop lourd puisque 6 marins ont été tués en 2012, quand 383 étaient retenus en otage.

 

 

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© OCEANS BEYOND PIRACY

Evolution du montant des rançons (OCEANS BEYOND PIRACY)

 

 

Un milliard de dollars pour les opérations militaires

 

 

Du côté des opérations militaires, le budget est là aussi en baisse. -14% en 2012 pour un budget global de 1.09 milliard de dollars. Les trois forces (Atalante, Ocean Shield et CTF 151) ont engagé moins de moyens (de 5 à 10 unités mobilisées en 2011 pour Atalante contre 4 à 7 en 2012, 4 unités en 2011 pour Ocean Shield contre 2 en 2012). Mais, parallèlement, les « indépendants » (Chine, Inde, Russie et Corée du Sud) ont renforcé leur présence.

L’an passé, le coût total du déploiement aéronaval dans la zone s’est élèvé à un peu plus de 335 millions de dollars, celui de quatre drones (les Reaper, Robotic Helicopter et Global Hawk américains et l’Hermes 450 sud-coréen) à 21,3 millions de dollars. En ce qui concerne les équipes militaires embarquées, leur coût avoisine les 20 millions de dollars.

 

 

Beaucoup moins de combustible consommé en 2012 par les navires en transit

 

 

Un autre important poste budgétaire est celui du combustible supplémentaire consommé par les navires pour naviguer à forte vitesse dans les zones de danger, suivant les préconisations des bonnes pratiques. La facture s’élève à 1.53 milliard de dollars en 2012, mais est en très fort recul puisqu’elle s’élevait à 2.7 milliards en 2011. Il semblerait que les navires, peut-être plus sécurisés par la présence de gardes armés à bord, poussent moins les machines lors du transit.

Le coût du changement de route, parfois opté par certains armements pour éviter les secteurs où sévissent les pirates, est de 290 millions de dollars, en recul de 10%. Le coût salarial a en revanche fortement augmenté, puisque les règles IBF de doublement du salaire des marins pour chaque jour passé en zone à haut risque, sont désormais appliquées à 70% des navires, contre 30% en 2011. Ce poste budgétaire est donc passé de 195 millions à 472 millions de dollars.

Enfin, le coût des poursuites et des emprisonnements des pirates présumés est en baisse de 9.2% et représentait 14.9 millions de dollars en 2012.

 

 

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