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La compagnie française a lancé une consultation auprès de différents chantiers, dont apparemment ceux de Saint-Nazaire, dans le cadre de son projet de renouvellement de sa flotte. Pour l'heure, aucune décision n'a été prise et ce ne sera sans doute pas le cas avant 2013. Car, pour lancer cet investissement de plusieurs centaines de millions d'euros, la SNCM et ses actionnaires (Transdev et l'Etat) attendent d'y voir plus clair sur l'avenir de la délégation de service public entre la Corse et le continent. De nombreuses incertitudes demeurent en effet. En novembre dernier, la Cour d'appel de Marseille a annulé l'actuelle DSP, confiée en 2007 au groupement SNCM / Compagnie Méridionale de Navigation et devant courir jusqu'en décembre 2013. Les juges ont enjoint la collectivité de corse et les délégataires à trouver une solution amiable d'ici septembre 2012. On s'orientait donc, ces dernières semaines, vers une convention provisoire en attendant qu'une nouvelle DSP soit attribuée à l'issue d'un nouvel appel d'offres. Mais, la semaine dernière, le rapporteur du Conseil d'Etat a préconisé à la haute juridiction de casser l'arrêt de la cour d'appel marseillaise pour laisser l'actuel DSP se terminer comme prévu fin 2013. Rien ne dit que le Conseil d'Etat suivra cet avis, mais la position du rapporteur a ajouté un peu plus d'incertitude à un dossier déjà extrêmement complexe. Le Méditerranée (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Remplacer les vieux navires pour la future DSP Dans tous les cas, il apparait aujourd'hui clair que la collectivité corse n'a plus les moyens financiers, dans le contexte budgétaire actuel, de poursuivre une DSP lui coûtant une centaine de millions d'euros pas an. Il semble donc inévitable que la voilure soit significativement réduite, probablement au seul transport de fret, alors que l'aide sociale au passager en vigueur sur les lignes au départ de Nice et Toulon est remise en cause. Certains souhaitent également que la délégation, qui ne couvre aujourd'hui que les services vers Marseille, soit étendue à Toulon. Les débats se poursuivent au sein des élus de l'île, alors que le projet définitif de nouveau service doit être présenté cet été à l'assemblée et voté au mois de septembre. Que le Conseil d'Etat annule ou non la décision de justice de novembre 2011, des négociations avec les délégataires auront lieu pour une adaptation du service probablement dès 2013. C'est dans ce contexte que la SNCM doit renouveler ses moyens navals. Car la flotte de l'armement marseillais est vieillissante et certains navires ne sont plus adaptés au marché actuel. C'est le cas des ferries Napoléon Bonaparte (1996) et Danielle Casanova (2002), dont la compagnie prévoit de se séparer. Quant à l'Ile de Beauté (1979), au Corse (1983) et au Méditerranée (1989), leur remplacement devient urgent. Il faudra ensuite prévoir la succession des cargos-mixtes Monte d'Oro (1991) et Paglia Orba (1994). En fait, il n'y a guère que les Jean Nicoli (1998) et Pascal Paoli (2002) qui peuvent encore tenir la route jusqu'à la fin de la décennie. Le Jean Nicoli (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE) Six nouveaux bateaux envisagés Initialement, la SNCM souhaitait commander 8 nouveaux navires mais l'évolution de son environnement fait que, pour le moment, l'objectif est ramené à 6 bateaux. Pour tenir compte de l'évolution du marché, il s'agira de navires mixtes, avec de fortes capacités de roulage pour les camions, le fret étant prioritaire. La capacité en passagers sera moindre que celle des ferries traditionnels, soit probablement autour de 1200 personnes. Pour affiner le cahier des charges et mener les discussions avec les chantiers, la SNCM s'est attaché les services de la société de design et d'ingénierie finlandaise Foreship. Bien que rien ne soit pour l'instant décidé, on peut imaginer que si le projet voit le jour, les navires seront probablement commandés par deux. La concurrence devrait en tous cas être très vive entre les chantiers, surtout que les constructions neuves ne sont pas nombreuses actuellement. En Europe, ne nombreux chantiers peuvent se positionner, à commercer par les Finlandais de STX ou encore le Croate Brodosplit, qui a réalisé le Piana, tout nouveau navire mixte de La Méridionale. Ce bateau a certes été livré avec plusieurs mois de retard mais son prix était extrêmement attractif. Saint-Nazaire, en manque de commandes, pourrait aussi se positionner. Mais pour l'emporter, STX France devra proposer des prix particulièrement séduisants. D'autant que la SNCM n'est pas tenue de faire construire en Europe. Elle peut aussi se tourner vers les chantiers sud-coréens, Daewoo venant par exemple de livrer le Tanit, nouveau ferry de la Compagnie Tunisienne de Navigation exploité entre La Goulette et Marseille.

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