Pas de surprise à Marseille hier. La direction de la SNCM a annoncé aux salariés, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, que l’armement allait déposer le bilan. La date exacte n’est pas connue mais la procédure devrait intervenir incessamment sous peu.
Il s’agit de la suite logique du conseil de surveillance qui s’est tenu vendredi dernier à Paris. Les actionnaires principaux Veolia et Transdev (66% du capital) avaient confirmé leur choix de recourir à cette procédure collective qu’ils évoquaient déjà avant l’été, au moment de l’arrivée d’Olivier Diehl, le président du directoire. Pour accélérer le processus, les deux actionnaires ont envoyé chacun une lettre réclamant le remboursement de deux versements au capital qu’ils avaient effectué : 103 millions pour Transdev et 14 millions pour Veolia. La SNCM n’ayant actuellement que 35 millions de trésorerie, ces demandes provoquent donc la cessation de paiement. Première étape du dépôt de bilan et donc du redressement judiciaire.
Un nouvel investisseur?
Ce dernier va avoir pour effet d’apurer les dettes de la compagnie, et notamment les 440 millions d’euros d’aides publiques jugées par l'Europe comme indûment perçues et toujours en attente de remboursement. Les comptes vont être placés sous l’autorité d’un administrateur judiciaire et sous le contrôle du tribunal de commerce. L’administrateur va dresser un bilan de l’entreprise durant la période qui sera impartie par le tribunal. A l’issue, soit l’entreprise est restructurée, soit elle est reprise, soit elle est liquidée. Durant cette période, d’éventuels investisseurs – selon le patron de Transdev une demi-douzaines d’entreprises seraient intéressées – pourront présenter leur projet.
Reste cependant à savoir si cela sera suffisant. L’avenir de la SNCM est largement suspendu à la délégation de service public pour la desserte de la Corse depuis Marseille. Ce contrat de DSP courre jusqu’en 2023 et doit passer sous les fourches caudines des autorités de la concurrence de Bruxelles. Sans cette assurance, l’armement perdrait certainement beaucoup de ses atouts pour un nouvel actionnaire.
Du côté des syndicats, on déplore le choix du dépôt de bilan. « La direction engage un dépôt de bilan, alors même qu'elle reconnaît que le chemin est étroit entre le redressement judiciaire et la liquidation », s’insurge ainsi Pierre Maupoint de Vandeul, de la CFE CGC.
Le gouvernement indique pour sa part prendre acte de la décision et rester dans l'attente de la décision du tribunal de commerce. Il précise également poursuivre «ses discussions complexes avec la Commission européenne sur la transmissibilité de la délégation de service public à un repreneur».