Au cœur de l’hiver, le 9 février, le brise-glace nucléaire Arkitka a repris la mer depuis le port de Pevek (Sibérie orientale), où se trouve l’Akademik Lomonosov, la centrale nucléaire flottante russe mise en service en 2020. Le navire de Rosatomflot ouvre la voie à deux cargos, les Inzhener Trubin (un navire de 131.6 mètres), et le Polar King (132.7 mètres), avec qui il était arrivé le 1er janvier dans le port de Tchoukotka, jusqu’aux eaux libres en mer de Kara.
L’Arktika doit soutenir la production minière dans la région, en particulier dans la zone de « Baïmskoïe », selon Rosatom. Les navires ont apporté du matériel pour ce projet minier d’exploitation de cuivre et d’or mené par Kaz Minerals, à 3000 km de la première voie ferrée. La mine, qui nécessite un investissement de 8.5 milliards de dollars et devrait ouvrir en 2027, se trouve sur l’un des plus grands gisements de cuivre au monde. Elle devrait produire 300.000 tonnes de ce métal par an. Rosatom a signé un accord préliminaire pour fournir quatre petits réacteurs modulaires pour alimenter ce projet minier.

(© ROSATOM)

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Premier d’une série de cinq (Arktika, Sibir, Ural, Yakoutie, Chukotka) brise-glaces nucléaires livrables jusqu’en 2025, l'Arktika a vu sa construction aux chantiers de la Baltique commencer en 2013. Lancé en juin 2016, il devait entrer en flotte en 2017, mais il n’a réalisé ses essais en mer qu’en 2019 et un problème en machine avait nécessité des réparations, retardant encore la livraison. Finalement mis en service en 2020, il avait dû retourner aux chantiers de Saint-Pétersbourg, en raison d’un problème sur l’un de ses moteurs électriques. Rosatom a par ailleurs réceptionné le Sibir, deuxième navire de ce type, le 24 décembre dernier. Il avait été mis sur cale en 2015.
Ces navires armés par un équipage de 53 marins sont les plus puissants brise-glaces au monde avec 60 MW de propulsion. Ils peuvent franchir une épaisseur de glace de 2.9 mètres et naviguer à la vitesse de 22 nœuds en eaux libres. Ils ont trois lignes d’arbres, mesurent 173 mètres de long pour 34 mètres de large et affichent un déplacement de 33.540 tonnes. Ils ont la particularité d’avoir un concept de double tirant d’eau (10.5 mètres ou 8.65 mètres) pour accéder à l’embouchure de rivières polaires, comme celle de l’Ienisseï ou dans le golfe d’Ob. Les citernes de ballast à l'intérieur de la coque peuvent être facilement ajustées pour modifier le tirant d'eau. Ces brise-glaces seront principalement exploités dans l’ouest de l’Arctique russe où Moscou cherche à développer le transport maritime.
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