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Dix ans après le naufrage du pétrolier Prestige dans le golfe de Gascogne, le tribunal pénal de La Corogne a ouvert hier une audience qui devrait durer 8 mois. Pour mémoire, le Prestige, un navire battant pavillon libérien, subissait une avarie majeure le 13 novembre 2002,  alors qu’il se trouvait au large de la Galice, près du port de la Corogne. Il avait ensuite erré plusieurs jours dans le golfe de Gascogne, aucun des Etats riverains ne souhaitant l’accueillir. Le Prestige avait fini par couler le 19 novembre, en déversant 64.000 tonnes de fuel en mer. La marée noire avait touché les côtes espagnoles, portugaises et françaises. Cette pollution maritime -la plus grave subie par l'Espagne- détruisit une grande partie de la vie aquatique dans ce secteur comprenant des fonds marins parmi les plus riches au monde en poissons. La pêche a été interdite durant trois mois et l'industrie touristique a été durement affectée en raison des nombreuses plages souillées. Selon les estimations, le nettoyage et les pertes pour le secteur de la pêche se seraient élevés à 8 milliards d'euros sur 10 ans.

 
Un volet civil et un volet pénal
 
Quatre prévenus vont devoir répondre de l’infraction pénale de crime contre l’environnement. Il s’agit du commandant grec Apostolos Mangouras, âgé aujourd’hui de 78 ans, le second capitaine, le directeur général de la Marine marchande espagnole de l’époque. Un autre officier du navire, de nationalité philippine, sera jugé par contumace, la justice ignorant où il se trouve. Tous quatre encourent entre 4 et 12 ans de prison pour crime contre l'environnement. Le procès comportera également un volet civil, puisque le juge examinera la responsabilité du propriétaire du navire, Mare Shipping, ainsi que celle de son assureur P&I, The London Steamship Owners Mutual Insurance Association Limited. Contrairement à la procédure française de l’Erika, ni l’armateur, en tant que personne physique, ni l’affréteur suisse, filiale d’un groupe russe, ne seront entendus.
 
Des collectivités françaises parties civiles
 
Une vingtaine de collectivités françaises du littoral atlantique, victimes de la marée noire, se sont portées parties civiles au procès, qui en compte en tout 2127. L'Etat français réclame 67 millions d'euros de réparations. Constitué en 2003, le syndicat mixte de protection du littoral landais, qui regroupe le département des Landes, 17 communes et les chambres consulaires, réclame pour sa part 800.000 euros de dommages et intérêts. Cependant, la plupart d’entre eux ne placent pas grand espoir dans la recevabilité de leur constitution de partie civile par le juge espagnol.
 

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