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A ce rythme, les émissions de CO2 des transports à travers le monde pourraient continuer de grimper, malgré les politiques déjà entreprises. Dans les Perspectives des transports FIT 2021, une étude de 247 pages lancée pour le Sommet Annuel des Ministres des Transports qui se tient à distance du 17 au 28 mai, le Forum international des transports (FIT, une organisation intergouvernementale soeur de l’OCDE) estime que la demande en transports, tous modes confondus, va plus que doubler d’ici 2050, comparé à 2015. Le transport de passagers doit être multiplié par 2.3 et le transport de marchandises par 2.6. Conséquence, les émissions de CO2 des transports doivent augmenter de 16% en 2050. Et ce, même si les engagements déjà pris pour décarboner les transports étaient tous suivis de mesures concrètes. En effet, les réductions d’émissions attendues vont être dépassées par la demande en transports.

Dans cette édition, qui met l’accent sur l’impact de la pandémie sur les systèmes de transport, trois scénarios ont été établis : la « relance » (avec les efforts actuels extrapolés pour 2050), le « remodelage» (si les gouvernements lancent d’ambitieuses politiques de décarbonation allant au-delà de celles entreprises) et le « remodelage + » (au cas où les gouvernements profitent en plus des opportunités de décarbonation des transports créées par la pandémie, tel que le recours massif au télétravail). C’est dans le cas d’un scénario de relance classique que les émissions continueraient d’augmenter. Car, selon les auteurs, des politiques plus ambitieuses pourraient réduire les émissions de 70% par rapport à 2015, rendant ainsi possible de remplir les objectifs de l’Accord de Paris, de limiter le réchauffement climatique à 1.5°C.

Loin de porter uniquement sur le maritime, l’étude analyse tous les secteurs des transports. Elle souligne que les transports urbains de personnes, représentant 40% des émissions mondiales des transports, ont le plus grand potentiel de décarbonation. Les auteurs estiment qu’avec des politiques très ambitieuses, ces émissions pourraient baisser de 79%. « Il existe de nombreux moyens de décarboner la mobilité urbaine et de permettre une réduction rapide des émissions. L'écologisation des transports urbains est motivée par des mesures qui déplacent les déplacements des voitures privées vers d'autres modes, stimulent l'adoption de véhicules à faibles émissions et orientent la demande de carburant vers des sources d'énergie à faible émission de carbone telles que l'électricité produite à partir de sources renouvelables. La densification des villes par des politiques d'aménagement du territoire et un télétravail accru réduisent également la demande », écrivent le auteurs.

A contrario, la marge est plus mince pour les transports de marchandises (dont plus de 70% se fait par voie maritime, comptant pour un cinquième des émissions) et de passagers sur de grandes distances. Ils offrent moins de possibilités d’alternatives et « les carburants alternatifs à faible émission de carbone ne sont toujours pas disponibles à grande échelle ». Quant à l’électrification, elle « reste limitée par la densité énergétique relativement plus faible des batteries par rapport aux combustibles fossiles ». Enfin, « d'autres carburants alternatifs tels que l'hydrogène, l'ammoniac et les carburants synthétiques sont encore à un stade précoce de maturité technologique. Par conséquent, l'amélioration de l'efficacité énergétique est essentielle pour réduire les émissions du fret et des voyages de passagers sur de longues distances ». Au mieux, les auteurs, estiment donc les émissions du transport de passagers non urbain soient réduits de 57% d'ici 2050 et les émissions de fret de 72% par rapport aux niveaux de 2015. « Sans une forte orientation de l'action politique, les émissions dans les deux secteurs continueront d'augmenter au cours des prochaines décennies, consommant rapidement le budget carbone restant », écrit le FIT. Il observe au passage qu’un manque d’action politique « freine la décarbonation du fret », l’attention était traditionnellement plus portée sur le transport de personnes que de marchandises, dans la lutte contre le réchauffement climatique. Sans compter que le transport de marchandises est souvent le fait d’entreprises privées, là où le transport de passagers est d’avantage un service public.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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