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L’ironie est cruelle. Dans l’après-midi d’hier, le ministre des Transports et de la Mer, Frédéric Cuvillier, a reçu le rapport sur la compétitivité des services et transports maritimes sur lequel planche le député Arnaud Leroy depuis plusieurs mois. Une des mesures préconise l’extension de la loi de 1992 (qui prévoit l’obligation de pavillonnement français pour une part du transport de pétrole brut vers le territoire national) au transport de produits raffinés. Une mesure réclamée à corps et à cris par les armateurs mais qui risque d’arriver trop tard pour Maersk Tankers France.

 

 

Plus que 6 navires en flotte

 

Sauf reprise, la filiale française du groupe danois pourrait fermer d’ici le mois de janvier. C’est ce qui a été annoncé hier lors du comité d’entreprise de la société. Pour mémoire, Maersk Tankers France est l’héritière de Broström France. Filiale de l’armement danois Maersk Tankers, lui-même faisant partie du groupe A.P. Moller Maersk, la compagnie arme actuellement une flotte de six navires sous pavillon français : cinq chimiquiers - le Maersk Clarissa (45.000 tonnes de port en lourd), les Maersk Etienne, Elliot, Ellen et Edward (37.000 tpl) - et un transport de pétrole brut, le Maersk Sandra (320.000 tpl), affrété à temps par Total. 

Les difficultés ne sont pas récentes chez Maersk Tankers France, qui a fait l'objet, au printemps, d'un plan de départs volontaires pour 58 salariés. En 2012, trois chimiquiers avaient déjà été dépavillonnés, un quatrième suivant cette année. Sur le marché très déprécié du transport de produits pétroliers, la concurrence internationale a provoqué l’effondrement des taux de fret et la crise du raffinage. Dans ces conditions, il est  difficile de résister pour la flotte française, au sein d’un groupe international. D’autant que les « raisons » de maintenir une immatriculation au Régistre International Français (RIF)  s’étiolent, avec la fin des GIE fiscaux de la série des « E », construits en 2004 et 2005. Et que la loi de 1992 ne s’applique donc pas encore aux produits raffinés.  Cela, alors même que la maison mère, à Copenhague, lutte pour sa propre survie. 

 

 

Le couperet du 1er décembre

 

 

« Maersk Tankers a pris plusieurs mesures drastiques afin de préserver sa compétitivité. La cessation des activités de Maersk Tankers France est désormais considérée comme une autre mesure nécessaire à prendre dans cet effort pour sauvegarder sa compétitivité », précise l’armement, qui emploie actuellement 120 salariés. « Dans la perspective de la cessation des activités de Maersk Tankers France, Maersk Tankers a engagé des discussions préliminaires avec un acquéreur potentiel. Si ce dernier confirme son intérêt avant le 1er décembre 2013, Maersk Tankers tiendra le comité d’entreprise et les délégués syndicaux informés. Une cession ne sera envisagée par Maersk Tankers que si elle permet de sauvegarder le plus grande nombre possible d’emplois des personnels navigants et sédentaires. Le projet n'aboutira pas sans la modification de la loi du 31 décembre 1992 et l’élargissement de son champ d’application aux produits pétroliers raffinés, ou une solution équivalente ». La procédure d’information et de consultation du comité d’entreprise et de négociation avec les délégués syndicaux sur la cessation de son activité sera menée parallèlement aux discussions avec le repreneur éventuel. 

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