Marfret doit réceptionner le 22 janvier prochain un nouveau porte-conteneurs de près de 190 mètres, actuellement en construction en Chine. Il naviguera sur une ligne historique de Marfret, exploitée en partenariat avec CMA CGM, au départ de l’Europe du Nord, vers la Guyane, en passant par Saint Martin, Trinidad, Belém, Fortaleza, Natal… Des ports qui impliquent des contraintes de tirant d’eau et de taille pour les navires. Marfret compte aujourd’hui six navires (ce sera le septième) et une centaine de navigants dont un tiers français.
« Nous assistons à des transferts de marchandises qui auparavant étaient transportées en vrac et maintenant sont conteneurisées, comme le bois, les fruits… La ligne doit donc faire face à des besoins qui ont augmenté et, en même temps, il y a toujours de contraintes nautiques sévères en matière de tirant d’eau (6.5 mètres) », détaille Raymond Vidil, président de Marfret.
Ce navire, qui a une étrave droite et une propulsion classique, sera baptisé Douce France. Il est en construction aux chantiers Yangzijiang Shipbuilding, sur le rivière de Shangai où il est le second, d’une série de trois, construits pour CMA CGM (deux navires) et Marfret (un) pour cette ligne. Il mesurera 189.9 mètres de long pour 30.4 mètres de large et pourra embarquer 2296 EVP. Un peu plus de dix ans après la mise en service des Marfret Guyane et Marfret Marajo, qui étaient plus petits (170 mètres de long, par 27.2 de large, pour 1700 EVP), le nouveau navire a encore été optimisé pour l’itinéraire.
Le nombre de prises frigo a aussi été revu à la hausse. Il y a quelques années, les Guyane et Marajo avaient fait un important arrêt technique pour augmenter leur capacité reefer, passant de 298 à 418, quand le Douce France en aura 600. « Déjà, on avait constaté le besoin en prises qui avait considérablement augmenté », notamment pour les fruits tropicaux que l’Europe achète au Brésil, indique le président. « Ce navire concrétise l’évolution du reefer, qui en cinq ou six ans, a pris dans l’entreprise une part considérable. Sur nos destinations, qui vivaient autrefois principalement avec le fret export d’Europe, les activités de fret import se sont développées. La chaîne commerciale froid a été simplifiée avec la numérisation et le conteneur à atmosphère contrôlée est très performant. Nous avons donc considérablement investi dans une flotte de nouveaux types de conteneurs. Et, bien sûr, les navires doivent s’adapter pour délivrer plus d’électricité pour tous ces conteneurs ».
Les navires ont aussi été pensés pour répondre aux éventuels besoins d’acheminement d’Ariane 6. Si le projet de cargo à voiles de Zephyr & Borée et Jifmar a remporté le transport de la future fusée européenne, Marfret anticipe un besoin de redondance. « Nous avons intégré par la modification du gréement la possibilité de transporter la totalité des éléments d’Ariane 6, y compris l’élément le plus important, qui est un colis de 37 mètres de long et 100 tonnes », indique Raymond Vidil. Il souligne que « la ligne offre beaucoup de souplesse, elle est là toutes les semaines et avec trois navires sur six, il y aura un départ tous les 14 jours qui pourra, le cas échéant, porter contribution à ce projet ». Déjà « il y a beaucoup d’éléments de la base de Kourou qui nécessitent des transports réguliers ».
Par ailleurs, Marfret reste engagé dans la massification modale sur l’axe Seine. L’armateur marseillais, dont Guillaume Vidil assure maintenant la direction générale, développe à Rouen un terminal multimodal. Il a racheté le terminal de Moulineaux, via sa filiale FFA (FluvioFeeder Armement). Les conteneurs sont transférés, avec son navire fluviomaritime Lydia, des terminaux havrais en utilisant la Seine et non par les bassins historiques et écluses. De Rouen, ils sont distribués vers la région parisienne et la France par le fer, la route et le fleuve. Au début du mois, Marfret a d’ailleurs lancé, via FFA, un nouveau service ferroviaire hebdomadaire entre le terminal à conteneurs TCMD de Rouen (géré par sa filiale Somap) et le terminal de Bonneuil sur Marne à l’est de Paris (géré par BTM - Bonneuil Terminal Multimodal, sur lequel opère T3M, spécialiste de transport combiné).