Victime d’une voie d’eau après avoir heurté un quai dans la nuit du 27 au 28 octobre, le ferry Napoléon Bonaparte, de la SNCM, n’a toujours pas été remis à flot. L’opération s’est, en effet, révélée bien plus complexe que ce qui était initialement imaginé. Le navire est toujours posté au quai 40, dans le bassin Pinède du port de Marseille. Si la partie avant flotte toujours, la poupe a coulé et repose au fond du port, donnant au Bonaparte une inclinaison impressionnante. L’eau monte jusqu’au poste de manœuvre arrière, après avoir envahi plusieurs ponts, comprenant notamment les compartiments machines et le garage.

« L’objectif est de renflouer le bateau sans l’abimer »
Après avoir envisagé de renflouer immédiatement son ferry, la SNCM, en accord avec ses assurances, a décidé de prendre son temps. « L’objectif est de renflouer le bateau sans l’abimer. C’est une opération complexe qui nécessite d’importants calculs et des moyens adaptés. Il ne s’agit pas d’assécher une cave inondée. Ici, l’évacuation de l’eau aura des incidences sur la stabilité du navire et sur sa structure. Il faut donc être très précis. C’est pourquoi nous préférons réaliser cette opération plus lentement, mais sûrement », explique-t-on au siège de la compagnie.
Alors que de nombreux experts sont au chevet du navire, dont des ingénieurs des chantiers de Saint-Nazaire, qui l’ont construit, la SNCM va signer un contrat de renflouement avec une entreprise spécialisée. Le temps que celle-ci étudie la situation, qu’un plan précis soit acté, que le matériel soit mis en place et que le pompage commence, le Napoléon Bonaparte ne sera pas relevé avant au moins une semaine. Le navire rejoindra ensuite l’une des cales sèches des bassins de Marseille, la forme 8 ou la forme 9, selon les disponibilités. Il faudra alors expertiser la coque et les différents locaux afin de déterminer l’étendue des dégâts et les réparations à entreprendre.



L’occasion de remplacer une propulsion très gourmande
Ce sera par exemple le cas pour les lignes d’arbres et les hélices, qui ont peut-être été touchées du fait que l’arrière du navire repose sur le fond. Une chose est en tous cas certaine : les moteurs et groupes électrogènes, qui se trouvent actuellement sous l’eau, devront être remplacés. Une opération lourde et coûteuse. Mais, dans son malheur, la SNCM va, finalement, peut-être avoir de la chance. La propulsion du Napoléon Bonaparte, très gourmande en carburant, était en effet le point faible de ce navire, que la SNCM cherche à vendre depuis près de deux ans, sans succès pour le moment. En toute logique, les réparations incluront la mise en place de nouveaux moteurs, à la consommation moindre, améliorant ainsi les coûts d’exploitation du ferry, ce qui facilitera sa cession future.
Pour mémoire, le Napoléon Bonaparte a été livré en 1996 par les Chantiers de l’Atlantique (aujourd’hui STX France). Long de 172 mètres pour une largeur de 30.4 mètres, ce navire présente une jauge de 43.000 GT. Capable d’atteindre la vitesse de 24 nœuds, il est armé par 200 membres d’équipage et peut accueillir jusqu’à 2460 passagers, ainsi que 700 voitures. Le navire a heurté le quai 40, provoquant l’envahissement de deux compartiments étanches, après avoir dérivé dans le port suite à une rupture de ses amarres en pleine tempête, alors qu’il était positionné le long de la digue du large. L’intervention rapide des professionnels du port, notamment les services de remorquage, de pilotage et de lamanage, ont permis de sauver le navire, qui aurait pu chavirer, en le maintenant contre le quai.
Pas de remise en service avant plusieurs mois
Arrêté depuis le 30 septembre pour la saison hivernale, le Napoléon Bonaparte ne reprendra évidemment pas du service pour les vacances de Noël, comme prévu initialement. Cette période n’étant pas la plus importante en termes d’affluence, la SNCM pourra jouer sur le reste de sa flotte pour assurer son service. Mais, compte tenu de l’ampleur des travaux à réaliser, il ne devrait pas, non plus, être opérationnel pour les vacances de février. Et l’indisponibilité de ce bateau deviendra beaucoup plus délicate s’il n n’est pas réparé d’ici le printemps et le début de la haute saison.
Le Napoléon Bonaparte après sa livraison (© STX FRANCE)