Arrivé à proximité des côtes françaises, le roulier Modern Express, qui dérive depuis six jours dans le golfe de Gascogne, fera ce lundi l’objet d’une ultime tentative de remorquage. « Il nous reste un créneau favorable pour tenter de passer une remorque. Les équipes sur place feront encore une fois tout leur possible pour réussir cette opération », a expliqué hier le préfet maritime de l’Atlantique. Mais le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira a été très clair : « si la remorque n'est pas passée dans la journée, le Modern express s'échouera sur la côte sableuse du département des Landes entre lundi soir et mardi soir ».
L’accident grave évité de peu vendredi
Depuis mercredi, un dispositif de sauvetage considérable a été déployé sur zone. Il y a là trois unité de la Marine nationale, le remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage Abeille Bourbon, le bâtiment d’assistance, de soutien et de dépollution Argonaute et la frégate Primauguet, ainsi que les Centaurus et Ria de Vigo, deux remorqueurs affrétés par l’armateur du Modern Express, qui a confié les opérations à la société néerlandaise SMIT Salvage. Profitant d’une légère accalmie, celle-ci a tenté vendredi dernier de passer une remorque avec le Centaurus. A cet effet, une équipe a été hélitreuillée sur le roulier pour passer le câble. Mais la forte gîte du navire, cumulée aux mouvements du bateau, a rendu l’opération particulièrement difficile, pénible et même dangereuse. L’un des sauveteurs s’est ainsi légèrement blessé et l’on serait passé près d’un grave accident.

L'équipe de SMIT sur le navire vendredi dernier (© : MARINE NATIONALE)
Une armada de sauvetage pour le moment impuissante
Dans ces conditions, vu qu’il est hors de question de mettre en danger la vie des personnels, il a été décidé de rapatrier l’équipe, SMIT l’ayant renforcée samedi, tout en continuant de travailler sur toutes les options possibles. Mais, a reconnu hier l’amiral de Oliveira, jusqu'ici « la mer est la plus forte », la météo n’ayant pas permis de nouvelle tentative. Ainsi, le vent soufflait hier à plus de 80 km/h et on enregistrait des creux pouvant dépasser 6 mètres. Impuissante, l’armada déployée autour du Modern Express n’a donc pu que suivre l’inexorable progression du bateau vers la côte française.


L'équipe de sauvetage étudie toutes les options (© : MARINE NATIONALE)
La coque tient le coup jusqu’ici
Il y a, cela étant, quelques « bonnes nouvelles ». D’abord, malgré sa très forte gîte (consécutive à un désarrimage de sa cargaison de 3600 tonnes de bois et des engins de travaux publics) et une mer très dure, le Modern Express tient le coup et dérive non pas vers les côtes rocheuses du nord de l’Espagne, qui provoqueraient sa dislocation en cas d’échouement, mais en direction des grandes plages de sable des Landes, où l’on peut espérer une issue plus favorable. La gîte est stable et aucun signe de pollution n’a été détecté jusqu’ici. Cependant, il y a quand même des craintes quant à la possibilité de voir apparaitre une voie d’eau, notamment via la porte arrière, ou de voir le navire de 164 mètres de long déséquilibré par un facteur imprévu, comme un nouveau mouvement de cargaison ou une vague plus forte que les autres.

(© : MARINE NATIONALE)
Les plans POLMAR prêts à être activés en cas d’échouage
Au cas où la nouvelle tentative de remorquage prévue ce lundi échouerait, la préfecture maritime travaille avec la préfecture des Landes pour pouvoir le cas échéant activer les plans POLMAR Mer et POLMAR Terre. Si le navire venait à s’échouer, il le ferait vraisemblablement de manière incontrôlée et se retrouverait alors dans une position plus ou moins confortable. Avec bien entendu des risques de voir sa coque endommagée et d’éventuelles fissures ou brèches laisser s’échapper des hydrocarbures. De ce point de vue, il n’y a à bord que du carburant de propulsion : 180 tonnes de gasoil et surtout 300 tonnes de fuel, plus lourd et donc plus nocif pour l’environnement. « Nous accompagnerons bien sûr le navire jusqu'au point d'échouage, en tentant jusqu'au dernier moment de stopper cette dérive. Tout sera fait ensuite pour maîtriser les conséquences de l'échouage », a déclaré hier l’amiral de Oliveira, évoquant dans le pire des cas « une pollution limitée », la préfecture maritime assurant que si tel était le cas les fuites seraient « traitées immédiatement par les moyens spécialisés ».