Les Philippines comptent parmi leurs ressortissants un total de 337.500 officiers et marins embarqués sur tous types de navires à travers le monde. Ce chiffre a fortement diminué puisqu'il y a un an, ils étaient près de 450.000 inscrits sur les registres des sociétés de management. Soit une diminution de 25%. Ces chiffres étant donnés par la POEA – Philippine Overseas Employment Administration.
Avec la recherche de réduction de coûts observée au niveau de l'armement mondial, cette main d’œuvre est compensée par du personnel dont les salaires sont parfois inférieurs d’un tiers: Ils viennent de l’Inde, du Bangladesh, d’Indonésie ou d’Ukraine. Mais cela pourrait à terme menacer l’économie du pays puisque jusqu’à présent, ce sont des milliards de dollars qui lui sont envoyés par des équipages du monde entier. Parallèlement, et malgré des efforts considérables entrepris ces derniers temps, les écoles maritimes philippines ont au fil du temps abaissé les niveaux de formation, de compétences et de brevets, ce qui a interpellé l’Agence Européenne de la Sécurité Maritime. Celle-ci pourrait bannir les officiers philippins à bord des navires battant un pavillon de l’Union Européenne si le respect de ses normes STCW n’était pas appliqué. De plus, les sociétés de management doivent verser depuis peu à l’Etat philippin des contributions obligatoires de sécurité sociale, de santé et d’aide au développement de logements. Ce qui a tendance à faire désormais préférer d'autres nationalités de marins, où de telles obligations n'existent pas.
Malgré cela, Manille a souhaité maintenir à la hausse les salaires des gens de mer, pendant que la monnaie locale subissait en quatre ans une dévaluation de 17% par rapport au dollar américain. Néanmoins, on remarque que les chiffres du chômage dans le pays sont passés de 8% à 5,1% en moins de dix ans, laissant penser que le besoin de main d’œuvre à terre et sur place ne cesse de croître.
Les sociétés de management – dont certaines peuvent gérer 50.000 Philippins –, les agences de recrutement et les armements ont alerté la POEA sur ce point de règlementation qu'elles estiment pénalisante et incohérente pour leurs ressortissants. L'évolution de cette réglementation est étroitement surveillée par l’Agence Européenne de la Sécurité Maritime (EMSA).
Texte et photo : Marc Ottini