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En moins d’une semaine, les informations recueillies par la Douane ont permis de saisir en Méditerranée plus de 70 tonnes de cannabis, à comparer aux 86 tonnes interceptées sur toute l’année 2013, à terre et en mer, par l’administration française. Pour les deux opérations, les douaniers ont travaillé avec la Guardia di Finanza italienne.  Une coopération ayant conduit, le 23 juin, à l’arraisonnement au large de la Sicile du cargo  togolais Aderdeen, qui transportait 42.6 tonnes de cannabis. Une saisie record suivie, dès le 28 juin, d’une nouvelle prise, cette fois sur le cargo moldave Just Noran. En provenance du port marocain de Casablanca, le navire, qui faisait route vers la Turquie (Mersin), a été « cueilli » par la Guardia di Finanza dans le canal de Sicile. Cette fois, 28.2 tonnes de cannabis ont été découvertes à bord. Les 10 membres de l'équipage, pour la plupart de nationalité libyenne, ont été remis aux autorités judiciaires italiennes.

 

 

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© DROITS RESERVES

L'Aberdeen (© DR)

 

 

Un coup sévère porté aux réseaux de trafiquants

 

 

Ces deux opérations ont porté un coup sévère aux trafiquants puisque la valeur marchande cumulée des deux cargaisons, acheminées semble-t-il par le même réseau (qui aura sans doute du mal à s’en remettre), est estimée à plus de 140 millions d’euros. Les quantités sont par ailleurs très importantes, soit 70.8 tonnes en deux chargements, les stupéfiants provenant dans les deux cas du Maroc. Premier producteur de cannabis, le pays a, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, produit 760 tonnes en 2012. A titre de comparaison, le marché français représente entre 200 et 300 tonnes de cannabis par an.  

 

 

Un nouveau phénomène prenant une ampleur inédite

 

 

Au sein de la Douane, ce transport de grandes quantités de drogue par cargos est présenté comme un « nouveau phénomène ». Une tendance qui est apparue en septembre 2013, lorsque les autorités françaises ont intercepté en Méditerranée le Luna S, où se trouvaient 20 tonnes de cannabis. Mais, aujourd’hui, ce mode de transport atteint « des proportions jamais connues ». Les douaniers poursuivent leur enquête afin de connaître précisément le mode opératoire des trafiquants. Plusieurs hypothèses sont avancées. Il pourrait s’agir, face au renforcement des contrôles en Méditerranée occidentale, d’une tentative de mise en place d’une nouvelle route pour alimenter le marché européen via la Méditerranée orientale ou la mer Noire. La drogue serait débarquée dans des pays de l’Est pour, ensuite, être acheminée vers l’ouest par voie routière. Une autre possibilité est que ces navires, à l’image de ce qui se pratique pour le trafic de cocaïne, approvisionnent différents marchés en cours de route. Via de brefs arrêts au mouillage avec transfert depuis de petits bateaux venus de la côte, le chargement pourrait être fractionné pour rejoindre différents pays, comme l’Italie, la Grèce ou l’Albanie.

 

 

Succès de la coopération internationale

 

 

Concernant les saisies opérées les 23 et 28 juin, ce sont les investigations de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) qui sont à l’origine des interceptions. Comme les navires ne transitaient pas dans les eaux tricolores, après avoir acquis la certitude que le l’Aberdeen et le Just Noran servaient à un trafic de stupéfiants, les Français ont signalé ces deux cibles à leurs partenaires européens via le réseau douanier de renseignement maritime MARINFO, mais aussi via le centre opérationnel d’analyse du renseignement maritime pour les stupéfiants (MAOC-N). « Cette affaire illustre l’efficacité de la coopération entre les services européens afin de lutter contre les trafics de stupéfiants » se félicite la Douane. Etant à l’origine des saisies opérées fin fin, celle-ci va pouvoir comptabiliser ces deux prises dans ses chiffres 2014, qui à ce rythme pourraient atteindre de nouveaux sommets.

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