Comme l'hiver dernier, l'épave du Tanio fuit à nouveau, provoquant le mazoutage d'oiseaux marins en Bretagne Nord. Pour mémoire, le Tanio a coulé le 7 mars 1980, faisant 8 disparus sur les 39 membres d’équipage. Le pétrolier s’était brisé en deux au large de l’île de Batz, déversant 10.000 tonnes des 28.600 tonnes qu’il transportait. Seule la partie avant avait été remorquée jusqu’au Havre, tandis que la partie arrière gît par 80 mètres de fond. Des 10.000 tonnes qu’elle contenait, seules 5100 tonnes avaient pu être récupérées.
En décembre 2019, des plongées effectuées par la Cellule plongée humaine et intervention sous la mer (CEPHISMER) de la Marine nationale avaient permis de réaliser que du pétrole s'échappait par une quinzaine d'orifices, pratiqués en 1980 pour pomper la cargaison et dont les vannes avaient sauté. En septembre dernier, des marins du CEPHISMER, embarqués à bord du bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain Garonne de la Marine nationale, sont intervenus sur la coque du pétrolier en mettant en oeuvre le robot sous-marin le Diomède. Ce dernier avait apposé sur les dix orifices identifiés des plaques obturatrices magnétiques élaborées par le service de logistique de la Marine (SLM) à Brest, afin de faire cesser ces fuites.
Mais cet autonmne, le syndicat mixte Vigipol, regroupant un grand nombre des collectivités locales littorales bretonnes et en charge de la surveillance des pollutions maritimes, est alerté sur la présence de nouveaux oiseaux mazoutés. Réalisant un comptage auprès de ses adhérents, Vigipol fait état de plus d'une centaine d'oiseaux mazoutés recueillis sur une zone d'échouage très large, allant de Groix à la baie de Saint-Brieuc.

Observation d'un orifice arraché avec le ROV Ulisse en janvier 2021 (© MARINE NATIONALE)
Face à cette situation, la préfecture maritime de l'Atlantique a, à nouveau, déployé le BSAM Garonne, avec une équipe du CEPHISMER et le ROV Ulisse. De nouvelles investigations ont été menées et ont permis de constater que 3 des 10 plaques, installées en septembre 2020 pour boucher des orifices de coque, ont depuis été arrachées par des engins de pêche et qu’un des orifices présente une nouvelle fuite intermittente d’hydrocarbures. De nouveaux modes d'action sont à l'étude et une action de sensibilisation et de concertation va être menée avec les pêcheurs fréquentant la zone.
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