La tension dans le détroit d’Ormuz est montée d’un cran depuis l’arraisonnement, le 28 avril, du porte-conteneurs Maersk Tigris par la marine iranienne. Le navire, qui bat pavillon des îles Marshall, est toujours retenu avec ses 24 marins devant le port de Bandar Abbas. Ce qui ne manque pas d’agacer, et c’est peu de le dire, les autorités de Washington, qui exercent une sorte de protectorat juridique sur les îles Marshall, Etat du pavillon du navire. Ce dernier est armé par le groupe allemand Rickmers et affrété à temps par Maersk Line.
Car il est difficile de croire que cet arraisonnement, présenté par Téhéran comme relevant d’un contentieux commercial, n’ait pas de rapport avec le renforcement de la présence militaire américaine dans le golfe arabo-persique. Le 20 avril dernier, dans cette même région du détroit d’Ormuz, le groupe aéronaval emmené par le porte-avions USS Theodore Roosevelt avait marqué à la culotte des navires iraniens, soupçonnés de transporter du matériel militaire vers le Yémen et ses rebelles chiites. Ceux-ci avaient fini par faire demi-tour. Quelques jours plus tard, le Maersk Kensington, porte-conteneurs américain, avait été entouré par des navires militaires iraniens. Et donc, pour finir, c’est le Maersk Tigris qui a été arraisonné.

Le Maersk Tigris (DROITS RESERVES)
Un litige datant de 2005
Les autorités iraniennes présentent cet arraisonnement comme une conséquence d’une procédure, en date de 2005. Celle-ci opposait une société iranienne, Pars Talayieh Oil Product, à Maersk Line à propos d’un litige, estimé à 3.6 millions de dollars, portant sur dix conteneurs débarqués à Dubaï. Selon Maersk, « les conteneurs n’avaient jamais été récupérés par le destinataire ni personne d’autre. Après 90 jours et conformément à la loi émiratie, la cargaison avait été détruite ». Ce litige aurait donc été porté à la connaissance des juridictions iraniennes, qui auraient condamnés Maersk en appel. D’où la mesure de saisie du Maersk Tigris. « Cette action a été menée dans le cadre des règles et lois de la République islamique et conformément aux règles internationales », a expliqué la porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Sauf que le Maersk Tigris n’appartient pas à Maersk, défendeur dans le litige évoqué. Le navire appartient à Rickmers et Maersk Line n’en est que l’affréteur. Et qu’il est difficile de bien cerner le statut, en droit international, d’un arraisonnement dans une zone de détroit, qui relève, selon la convention de Montego Bay, de la haute mer.
Le destroyer USS Farragut (© : US NAVY)
Un destroyer américain dans le Détroit
En attendant, l'US Navy a renforcé ostensiblement ses mouvements dans la zone en « accompagnant » - le mot escorte n’est, volontairement, pas prononcé par les autorités militaires américaines - les navires de commerce américains croisant dans la zone. A cet effet, l'USS Farragut, un grand destroyer lance-missiles du type Arleigh Burke appartenant à l'escorte de l'USS Theodore Roosevelt, a reçu l'ordre de se positionner dans le détroit d'Ormuz.